International
19H00 - mardi 17 septembre 2019

SI VIS PACEM PARA BELLUM, la chronique de Dominique Trinquand

 

SI VIS PACEM PARA BELLUM

si tu veux la paix prépare la guerre

Les universités d’été de la Défense se sont achevées vendredi à Bourges dans le département du Cher. Réunissant élus, militaires, industriels, politiques et journalistes, elles étaient organisées par l’armée de l’air sur la base aérienne d’Avor. Cette année le thème en était : les mutations de la guerre. Elles ont été en particulier l’occasion de mettre en relief trois caractéristiques majeures de nos armées d’aujourd’hui : la technicité, la dimension humaine et l’importance des valeurs.

La technicité s’est déployée dans tous toutes ses composantes, les avions, la numérisation omniprésente, la recherche et l’innovation toujours plus actives. Les armées sont ici en phase avec leur temps pour préparer les guerres de demain. Elles s’attachent à être à la pointe du progrès. L’espace et le cyber sont de nouveaux domaines de la conflictualité. Comme l’a illustré Florence Parly, ministre des armées dans son discours, « le kaki devient vert » pour souligner le nouveau défi écologique que relèvent les forces militaires. Pour ne présenter aucune faille, la France doit s’armer afin de protéger ses citoyens non plus seulement dans l’espace physique mais aussi dans l’espace immatériel. Celui-ci constitue aujourd’hui un espace de développement mais également de vulnérabilité pour nos sociétés françaises mais bien sûr aussi européennes. A ce stade, il convient de se rappeler que cette technicité ne doit toutefois pas être un but mais un moyen pour permettre à l’Homme de s’épanouir.

L’Homme est au cœur des armées. Dans les nouveaux postes de commandement, bourrés d’électronique et d’images virtuelles, à la fin, c’est le commandement « à la voix » qui surgit dans les instants ultimes quand le lien entre les Hommes est essentiel. C’est l’Homme qui reste au cœur des décisions au moment de donner la mort ou de la recevoir. Nos pilotes de drones sont déployés au milieu des opérations et non dans une sorte de jeu de vidéo. Les drones armés qui seront au Niger à la fin de l’année participeront de ce grand ensemble humain qui fait que la guerre reste un affrontement humain avec sa longue cohorte de misères et de gloire.

Pour ces Hommes, les valeurs qui les animent sont essentielles. SERVIR est probablement le plus beau verbe de leur lexique. Dans une société où l’individualisme prend le pas sur la communauté, des citoyens choisissent de servir la nation. De lui donner leur jeunesse, leur enthousiasme, parfois de donner leur vie mais aussi, acte terrible, de prendre la vie. Ces jeunes, car l’armée est jeune, viennent de tous les horizons et ont fait un choix de vie. L’armée recrute dans la société, celle qui plus que jamais doit être protégée. Ses soldats ne cessent d’être citoyens, mais leur singularité est de porter des valeurs qui semblent de plus en plus étrangères à leurs concitoyens. Puissent-ils par leur exemple et leur présence, irriguer notre pays pour que, puisant dans les racines de notre peuple, leur sève fasse reverdir notre vieux pays, notre vieux continent européen tellement gâté par la paix qu’il oublie que c’est à un effort permanent qu’il doit cette paix.

Rappelons-nous Thucydide : « La force de la cité ne réside ni dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens ». C’est ce caractère qui conduira à la victoire dans les nouveaux conflits de notre temps car il est la source de la résilience de nos sociétés.  Alors oui, développons les techniques qui permettront de lutter contre les nouvelles menaces, mais gardons au cœur l’Homme et ses valeurs. C’est ce qui assurera la victoire contre ce qui fait la permanence des conflits. Les armées offrent ici un exemple à méditer.

 

Général (2S) Dominique Trinquand

 

Général (2s) - Chroniqueur Opinion Internationale