Santé / Covid
07H00 - lundi 16 septembre 2019

Aïe ! Ouïe ! La douleur et ses traitements. La chronique bien-être de Françoise Rosenpick pour bien commencer la semaine

 

Les vacances sont terminées, la rentrée est faite. Nous sommes encore en pleine forme : bronzés, reposés, dopés par le soleil, les moments partagés amicaux ou familiaux, le grand air et les fruits et légumes que nous avons savourés tout l’été… Malgré tout, il faut remettre des chaussures, et reprendre le rythme « métro, boulot, dodo ». Il n’est pas exclu que déjà quelques petites douleurs apparaissent. Voici donc un point sur le sujet de la douleur et de ses traitements.

Face à l’expression d’une douleur, quelle que soit son intensité, la première mesure à prendre est la recherche de la cause. Il existe trois types de douleurs déterminés par leur origine : les douleurs par nociception, les douleurs neurogènes et les douleurs psychogènes.

Les douleurs par nociception sont les plus courantes, elles correspondent à des traumatismes (chocs, coupures, brûlures, entorses, fractures, etc.) des inflammations ou des infections. Il se crée un gonflement dans la zone lésée et la douleur qui en résulte est transmise par les fibres nerveuses jusqu’au cerveau. La douleur a dans ce cas une fonction d’alarme et nécessite impérativement de traiter la lésion qui en est la cause avant de soulager la douleur. La suppression de la douleur sans diagnostic de la cause peut être un facteur aggravant, particulièrement en cas d’infection car on supprime l’alarme mais l’infection se propage tranquillement.

Les douleurs neurogènes (ou neuropathiques) sont la conséquence d’une lésion du système nerveux (nerf, moelle épinière, cerveau). Il peut s’agir d’un traumatisme (blessure, amputation), d’un manque d’oxygène (accident vasculaire cérébral, compression prolongée d’un nerf), d’une infection (zona), d’une maladie métabolique (diabète, alcoolisme) ou d’un effet secondaire de certains médicaments. Ces douleurs sont souvent difficiles à soulager et peuvent persister pendant des années.

Il existe aussi des douleurs qui ne peuvent être rattachées à aucune lésion physique ou organique, on parle alors de douleurs psychogènes. Elles sont liées à des troubles psychiques comme le stress, l’anxiété, la dépression, ou certaines maladies mentales. Il s’agit très souvent de douleurs musculaires diffuses, mal de dos, mal de tête.

Il reste enfin des cas pour lesquels l’origine de la douleur reste inexpliquée, sans aucune lésion ni déséquilibre psychique. C’est le cas par exemple des colopathies fonctionnelles qui s’accompagnent de douleurs intestinales chroniques d’origine inconnue. C’est aussi le cas des migraines dont on connaît le mécanisme qui provoque la douleur (inflammation des vaisseaux sanguins du cerveau) mais dont on ignore la cause initiale en dehors d’une prédisposition héréditaire et d’un certain nombre de facteurs déclenchants.

Quelle est la conduite à tenir en cas d’apparition d’une douleur ?

  • Appeler le 15 ou le 112 si la douleur est très brutale, très intense et sans cause évidente ; si une douleur intense fait suite à un choc ou une chute et qu’elle persiste même sans blessure apparente ; si les sensations douloureuses intenses se situent dans l’abdomen ou le thorax, si elles irradient vers le bras, le cou ou la mâchoire ; si la douleur est dans la tête et s’accompagne de troubles de la conscience, de l’équilibre, de la parole, ou de la vision.
  • consulter un médecin sans attendre si la douleur s’accompagne de fièvre et/ou de symptômes digestifs importants, si l’on ressent une douleur inhabituelle alors qu’on prend par ailleurs un traitement, si l’on doit augmenter les doses d’antalgiques pour calmer une douleur familière, si une douleur même supportable s’installe pendant plusieurs semaines, pour les douleurs dentaires.
  • s’automédiquer est possible si la douleur est ponctuelle et due à une cause bénigne et clairement identifiée.

 

Quels sont les traitements contre la douleur ?

 

Les médicaments antalgiques sont divisés en trois classes en fonction de leur puissance.

  • Les antalgiques de niveau I sont destinés à soulager les douleurs légères à modérées. Ils peuvent être utilisés en automédication. Ce sont le paracétamol, l’aspirine et les anti-inflammatoires comme l’ibuprofène. Même s’ils sont en vente « libre » ils ne sont pas dépourvus d’effets secondaires. Le paracétamol peut être très toxique pour le foie si on dépasse la dose maximum. La posologie maximum chez l’adulte est de 1g toutes les 8 heures (soit 3g par jour). Attention aux médicaments renfermant du paracétamol en association (médicament contre le rhume par exemple). L’aspirine et l’ibuprofène sont très efficaces contre les douleurs modérées d’origine inflammatoire mais ils peuvent avoir des effets indésirables graves (hémorragies, ulcère gastrique, allergie, insuffisance rénale) et ont la particularité de diminuer les réactions immunitaires de défense de l’organisme et donc de faire « flamber » les affections bactériennes ou virales. Il ne faut donc jamais en prendre de façon isolée s’il y a un risque d’origine infectieux.
  • Les antalgiques de niveau II sont la codéine, la dihydrocodéine et la tramadol. Ils ne sont disponibles que sur prescription à l’exception de certaines associations faiblement dosées qui ne présentent pas de réel bénéfice thérapeutique au regard des effets secondaires qu’ils peuvent entrainer.
  • Les antalgiques de niveau III sont la morphine et des substances apparentées. Ils sont réservés aux douleurs sévères non soulagées par les autres antalgiques et sont soumis à des règles de prescription très strictes.

 

Il existe aussi des traitements non médicamenteux de la douleur :

  • La phytothérapie nous propose des solutions pour des douleurs chroniques modérées : l’harpagophytum contre les douleurs rhumatismales, la mauve et la réglisse contre les douleurs intestinales, la grande camomille contre les migraines, etc.
  • L’homéopathie apporte aussi une aide à nombre de patients, l’arnica en est l’exemple le plus connu, utilisé après un traumatisme ou en post-opératoire. Un bon homéopathe saura proposer un traitement personnalisé.
  • La cryothérapie à l’aide de poches de glace ou de packs de froid permet de limiter ou de diminuer le gonflement (œdème) après un traumatisme des muscles ou des articulations ou encore après une extraction dentaire. Par rétrécissement des vaisseaux sanguins, le froid entraîne un ralentissement de la conduction nerveuse et une réduction de l’activité cellulaire cela contribue à la réduction de l’inflammation, donc du gonflement et à la diminution de la douleur.
  • L’acupuncture a un effet clairement démontré sur la douleur et s’avère efficace dans bien des cas, même si les avis divergent quant à l’explication de son mode d’action. Lorsqu’elle est pratiquée par un professionnel bien formé, elle ne provoque pas d’effet indésirable.
  • Les thérapies par le toucher regroupent les massages et les manipulations (kinésithérapie, ostéopathie, rééducation posturale). Les massages peuvent soulager les douleurs aiguës ou chroniques lorsqu’ils sont effectués par des professionnels formés et compétents, après un bilan médical. Les techniques de manipulation soulagent efficacement les douleurs dorsales ou articulaires, et elles sont aussi utilisées pour limiter l’impact des douleurs chroniques sur la mobilité et la tonicité musculaire (rhumatismes par exemple).
  • Les méthodes de relaxation vont limiter les conséquences néfastes de la douleur sur l’organisme en tant qu’agent de stress et permettre de mieux la supporter. Elles peuvent même venir à bout des douleurs psychogènes. La sophrologie, la méditation et l’hypnose sont les plus utilisées dans la prise en charge globale de la douleur.

 

Il ne faut jamais laisser une douleur s’installer. D’abord parce qu’elle est toujours un signal d’alarme dont on doit identifier la cause, ensuite parce qu’elle a un impact non négligeable sur la qualité de vie du patient et sur son état psychique avec des répercutions familiales et professionnelles. Il est effectivement difficile de sourire lorsqu’on serre les dents…

Le programme national de lutte contre la douleur mené depuis plusieurs années par les pouvoirs publics a conduit à la mise en place de centres antidouleur hospitaliers sur l’ensemble du territoire. La prise en charge y est pluridisciplinaire pour fournir au patient une approche globale du traitement des douleurs.

Pour conclure, comme l’écrivait Germaine de Staël : « La douleur est un des éléments nécessaires de la faculté d’être heureux ». Et comme disait ma grand-mère : « Si tu as mal en te réveillant, c’est la preuve que tu es vivant »…

Alors, soulageons nos douleurs et soyons heureux !

 

Françoise Rosenpick

Docteur en pharmacie

 

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