Actualité
18H45 - jeudi 22 août 2019

Johnson et Macron, Lampedusa, Amazonie, Fedor, premier robot humanoïde russe, l’actualité du 22 août en 4 photos

 

Johnson et Macron veulent croire à un accord sur le Brexit

22 août 2019 – AFP / GEOFFROY VAN DER HASSELT

 

Boris Johnson et Emmanuel Macron ont affiché jeudi un ton plus conciliant sur le Brexit en affirmant leur volonté de trouver un accord pour une sortie ordonnée du Royaume-uni de l’Union européenne, et jugeant possible de s’entendre sur la frontière irlandaise.

« Je veux un accord », a déclaré le Premier ministre britannique à son arrivée dans la cour de l’Elysée pour la deuxième étape de sa première tournée à l’étranger depuis son arrivée au pouvoir fin juillet. « Je pense que nous pouvons avoir un accord et un bon accord » en vue d’un Brexit le 31 octobre, a-t-il insisté.

A ses côtés, Emmanuel Macron s’est montré plus prudent mais s’est déclaré « confiant » qu’une solution puisse être trouvée « dans les 30 prochains jours » entre Londres et les 27. Le président français s’est ainsi placé sur la même ligne que la chancelière allemande Angela Merkel qui, en recevant M. Johnson mercredi, avait jugé possible de trouver « dans les 30 prochains jours » un accord pour éviter un « Brexit dur », redouté par le monde des affaires des deux côtés de la Manche.

Les moyens de parvenir à un tel scénario devaient occuper l’essentiel du déjeuner entre MM. Macron et Johnson, qui se retrouveront samedi pour le sommet du G7 à Biarritz (Pyrénées Atlantiques).

Emmanuel Macron a rappelé qu’il était souvent dépeint, notamment par la presse britannique, « comme le plus dur de la bande » au sein de l’UE sur le dossier du Brexit. C’est, a-t-il expliqué, « parce que j’ai toujours dit très clairement: il y a un choix qui a été fait (par les Britanniques), donc ça ne sert à rien d’essayer de ne pas appliquer ce choix ». Mais, a-t-il insisté, « je suis comme la chancelière Merkel confiant sur le fait que l’intelligence collective et notre volonté de construire doivent nous permettre de trouver quelque chose d’intelligent dans les 30 jours s’il y a une bonne volonté de part et d’autre ».

 


 

Accueillir l’Ocean Viking à Lampedusa serait « difficile, selon le maire de l’île

Le maire de Lampedusa Salvatore Martello pose sur la terrasse de l’hôtel de ville, le 26 septembre 2018 sur l’île méditerranéenne – AFP/Archives / Alberto PIZZOLI

 

Après l’arrivée de l’Open Arms, la « porte de l’Europe » Lampedusa pourrait difficilement accueillir les 356 migrants de l’Ocean Viking, bateau de SOS Méditerranée et Médecins Sans Frontières, explique à l’AFP Salvatore Martello, maire social-démocrate de cette île de 6.000 âmes.

Q: Lampedusa pourrait-elle accueillir les passagers de l’Ocean Viking, bloqué entre Malte et la Sicile ?

R: Ce serait difficile car le centre d’accueil est saturé (plus de 200 migrants dont beaucoup arrivés par leurs propres moyens pour une capacité de 96 places, ndlr). Et le bateau est plus près des côtes siciliennes que de notre île, ce ne serait pas logique qu’il revienne par ici. Mais on ne pourra jamais dire « C’est fini on n’accueille plus personne ». A Lampedusa on gère cette situation en tant que marins, en tant que pêcheurs. Si quelqu’un ou un bateau a besoin d’être secouru, il peut accoster. S’il y a un problème juridique, une responsabilité pénale, on en jugera à terre. Mais si quelqu’un à Rome considère qu’on doit gérer seuls la question des migrants… Je suis allé sur l’Open Arms, on avait en mer un équipage et des passagers qui avaient besoin d’aide, et personne ne se décidait. On ne peut pas soumettre des gens à des caprices légaux. Beaucoup de gens en Italie sont convaincus que, à côté de ces cas très médiatiques, les naufrages se sont arrêtés. Ils se trompent !

Q: Comment l’île vit-elle l’arrivée des migrants?

R: Il y a des gens en Italie qui disent qu’on se fait de l’argent sur le dos des migrants. Ce sont des menteurs, des affabulateurs qu’on devrait juger. On n’a pas reçu un euro. Cette situation a pourtant des conséquences économiques, notamment sur l’image de notre île. Il y a aussi les bateaux abandonnés qui gênent la navigation et l’activité des pêcheurs. L’Etat italien devrait avoir le courage de reconnaître l’engagement des habitants de Lampedusa. Avant que quelqu’un ici ne s’énerve un peu trop. J’ai reçu des menaces (à cause de ses positions favorables à l’accueil, ndlr). Lors de mon premier mandat, à partir de 1993, des migrants débarquaient déjà sur l’île. Vingt-cinq ans après, on continue à qualifier cette situation d’urgence.

Q: Le discours anti-migrants du ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini est-il porteur à Lampedusa?

R: Parfois, la propagande est tellement forte que les gens ne voient plus la réalité de la situation sous leur nez. Si le ministre avait vu la situation ici de ses propres yeux, j’aurais pu comprendre. Mais l’île n’existe plus politiquement, elle est seulement exploitée dans des affrontements politiques à Rome. Certains tentent de démontrer à travers Lampedusa que le système d’accueil des migrants ne fonctionne pas.

 


 

Amazonie : la déforestation est la « cause principale » des incendies selon un chercheur

Image satellite transmise par la NOAA (agence Nationale de l’administration atmosphérique et océanique) montrant les fumées des feux en Amazonie, le 21 août 2019 – NOAA/AFP / HO

 

La hausse dramatique du nombre d’incendies en Amazonie brésilienne est avant tout causée par la progression de la déforestation, explique à l’AFP Paulo Moutinho, chercheur à l’Institut de recherche environnementale sur l’Amazonie (IPAM).

Le chercheur remet en cause l’argument du gouvernement du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui soutient que cette augmentation du nombre d’incendies est due à la sécheresse, habituelle en cette période de l’année.

Question: Le ministre brésilien de l’Environnement, Ricardo Salles, a affirmé que la hausse du nombre d’incendies en Amazonie était due au « temps sec, au vent et à la chaleur ». Qu’en est-il ?

Réponse: « La déforestation explique la majorité des incendies. Historiquement, ils sont liés à l’avancée de la déforestation, conjuguée à des périodes de saison sèche intense. Mais en 2019 nous n’avons pas une sécheresse aussi sévère que lors des années précédentes, or il y une hausse substantielle des incendies. Tout indique donc que la saison sèche n’est pas du tout le facteur prédominant. S’il y avait eu plus de sécheresse, cela aurait été bien pire. »

Q: Qu’est-ce qui provoque ces incendies ?

R: « Les incendies ont toujours eu une origine humaine, le feu est utilisé pour nettoyer des zones déjà déforestées, pour ouvrir des pistes ou pour préparer des terres à la culture. Le manque de prévention fait que ces incendies se propagent à des zones plus sèches qui n’étaient pas destinées à être brûlées. Très souvent, la pluie les éteint ou ils finissent pas rencontrer des barrières de végétation plus denses et plus humides et s’éteignent d’eux-mêmes. »

Q: Combien de temps faut-il pour récupérer ces zones ?

R: « En Amazonie, les flammes agissent au niveau du sol, mais cela suffit pour provoquer la mort d’arbres très grands, jusqu’à deux ans après l’incendie. Les arbres morts perdent leurs feuilles, cela entraîne une pénétration plus grande du soleil dans la forêt, la végétation devient alors plus inflammable. S’il n’y a pas de nouveaux incendies, plusieurs décennies seront nécessaires pour retrouver la même densité (de végétation). Dans certaines régions, les zones dévastées sont envahies par d’autres espèces typiques de zones plus sèches, comme celles du Cerrado (la savane brésilienne). »

Q: Quelles sont les conséquences de ces incendies ?

R: « Il y a d’abord une perte de la biodiversité et de la fonction de la forêt, celle de fournir des nuages à l’atmosphère pour produire la pluie. En outre, les fumées au-dessus des villes amazoniennes ont de graves conséquences sur la santé, provoque de sérieux problèmes respiratoires. Et cela se traduit en dommages économiques ».

Q: La politique du président Jair Bolsonaro encourage-t-elle les incendies ?

R: « Je n’ai pas de données pour répondre à cela (…) Je peux dire que le problème est très sérieux et que le gouvernement devrait lancer immédiatement une campagne de contrôle et de prévention de la déforestation. Cette progression doit cesser. L’occupation illégale de terres publiques signifie un vol pour tous les Brésiliens. Dans la majorité des cas, la déforestation permet de spéculer en revendant les terres plus tard ».

Q: A combien est estimée la déforestation de l’Amazonie aujourd’hui ?

R: « La zone du bassin amazonien (au Brésil et dans d’autres pays) qui a été déforestée est équivalente à la surface du territoire français. Cela représente environ 20%. Il en reste encore 80%. Nous avons encore le temps d’éviter un effondrement fonctionnel de la forêt, mais la solution doit être rapide. Il faut prendre en compte également le fait que la dégradation de la forêt ne vient pas seulement de la déforestation. Il y aussi les effets du changement climatique, des phénomènes toujours plus fréquents tels que +El Niño+, qui apportent beaucoup de sécheresse en Amazonie ».

 


 

Fedor, premier robot humanoïde russe dans l’espace, en route vers l’ISS

Le robot cosmonaute russe Skybot F-850, alias Fedor, le 26 juillet 2019 – Roscosmos space agency/AFP/Archives / –

 

La Russie a lancé jeudi pour la première fois dans l’espace un robot humanoïde, Fedor, pour un séjour dans la Station spatiale internationale (ISS) qui doit servir de tests avant des missions plus risquées et plus lointaines.

Le robot, qui porte le numéro d’identification Skybot F850, a décollé à bord d’une fusée Soyouz à 03H38 GMT depuis le cosmodrome russe de Baïkonour au Kazakhstan. Il doit arriver sur l’ISS samedi et y rester dix jours, jusqu’au 7 septembre. « C’est parti, c’est parti », a lancé le robot au moment du lancement, selon la séquence retransmise à la télévision, reprenant les mots prononcés par Youri Gagarine lors de son départ pour le premier vol d’un homme dans l’espace en 1961.

Une autre vidéo diffusée par l’agence spatiale Roskosmos l’a montré à bord de la capsule Soyouz tenant un petit drapeau russe dans la main. Le robot au corps anthropomorphe argenté mesure 1,80 m de haut et pèse 160 kg. Fedor correspond à l’acronyme de « Final Experimental Demonstration Object Research » et fait référence au prénom russe Fiodor. Fedor dispose de comptes sur les réseaux sociaux Instagram et Twitter, qui détaillent sa vie quotidienne, par exemple lorsqu’il apprend à ouvrir une bouteille d’eau. « Je m’en vais accomplir la mission qui m’a été confiée. Que cache encore l’espace? », peut-on lire sur l’un des messages.

Une fois arrivé à bord de l’ISS, le robot testera ses capacités en conditions de gravité très basse, sous la supervision du cosmonaute russe Alexandre Skvortsov. Parmi ses principaux savoir-faire figure notamment celui d’imiter les mouvements humains, ce qui veut dire qu’il pourrait aider les astronautes à réaliser leurs tâches. Ses opérations l’amèneront à manier un tournevis ou encore des clés, a précisé Alexandre Blochenko, directeur des programmes prometteurs chez l’Agence spatiale russe (Roskosmos), dans un entretien au journal Rossiïskaïa Gazeta.

Selon M. Blochenko, Fedor a été conçu pour travailler dans les conditions les plus difficiles, qui seraient dangereuses pour l’homme. A l’intérieur de la station, son corps sera « fixé » et il ne pourra pas encore se déplacer librement.

En avril 2017, une vidéo diffusée par les médias russes montrait un prototype de Fedor tirer sur des cibles avec un pistolet dans chaque main. Les autorités russes s’étaient alors défendu de vouloir « créer un Terminator », tout en affirmant que la « robotique de combat est la clé vers la création de machines intelligentes ».

Responsable du développement numérique