Actualité
18H26 - mardi 20 août 2019

Missile américain, Open Arms, Soudan, Italie : l’actualité du 20 août en 4 photos

 

Essai d’un missile américain : Moscou et Pékin crient à l’escalade militaire

Cette photo fournie par le ministère américain de la Défense montre le décollage d’un missile de croisière conventionnel américain depuis l’île de San Nicolas (Californie, ouest des Etats-Unis) pour un test, le 18 août 2019 – DoD/AFP/Archives / Scott HOWE

 

La Russie et la Chine ont condamné mardi le premier essai par les Etats-Unis d’un missile de portée intermédiaire depuis la Guerre froide, dénonçant le risque d’une « escalade des tensions militaires » et d’une relance de la course aux armements.

Ce test américain entérine la mort du traité de désarmement INF qui abolit l’usage – par la Russie et les Etats-Unis seuls – des missiles terrestres d’une portée de 500 à 5.500 kilomètres, officiellement suspendu par les deux puissances rivales il y a moins d’un mois. L’essai, réussi, a été effectué dimanche depuis l’île de San Nicolas, au large de la Californie (ouest), à 14H30 (21H30 GMT), selon le Pentagone, qui a précisé qu’il s’agit d’une « variante d’un missile de croisière d’attaque sol-sol Tomahawk ». Des images publiées par l’armée américaine montrent le missile tiré à proximité du rivage, depuis un système de lancement vertical Mark-41.

Cet essai a été vivement critiqué par Moscou, pour qui il « montre une nouvelle fois que les Américains travaillaient en vue de la destruction du traité INF ». « Ils s’y préparaient depuis le début car il est impossible de mettre en oeuvre un essai pareil en seulement quelques semaines, quelques mois », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Cela signifie que ce n’est pas la Russie mais les Etats-Unis qui ont par leurs actions mené à la mort du traité INF », a-t-il estimé.

La Chine a de son côté déploré, par la voix du porte-parole de sa diplomatie Geng Shuang, « une escalade des confrontations militaires » qui « aura de graves conséquences négatives pour la sécurité régionale et internationale ». Il a accusé Washington de chercher « la supériorité militaire unilatérale ».

Après six mois d’un dialogue de sourds, la Russie et les Etats-Unis avaient pris acte début août de la fin du traité sur les armes nucléaires de portée intermédiaire (INF), dont la signature à la fin de la Guerre froide en 1987 avait mis un terme à la crise des euromissiles, déclenchée par le déploiement en Europe des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires.

 


 

Madrid envoie un navire militaire récupérer les migrants de l’Open Arms

Le bateau de l’ONG Open Arms au large de l’île italienne de Lampedusa, le 17 août 2019 – AFP/Archives / Alessandro SERRANO

 

Madrid a annoncé l’envoi mardi d’un navire militaire à Lampedusa pour récupérer les migrants à bord du bateau de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, dont plusieurs se sont jetés à l’eau dans un geste désespéré pour rallier à la nage l’île italienne.

Stationnés depuis jeudi à quelques centaines de mètres des côtes de l’île italienne, ces migrants secourus par l’ONG au large de la Libye se sont vus refuser l’accès de l’île par les autorités italiennes, même si six pays européens (France, Allemagne, Luxembourg, Portugal, Roumanie et Espagne) se sont engagés à les accueillir.

Le navire espagnol, l’Audaz, partira à 17H00 (15H00 GMT) de la base de Rota dans le sud du pays et « naviguera pendant trois jours jusqu’à Lampedusa où il prendra en charge les personnes recueillies par l’Open Arms » afin de les amener jusqu’au port de Palma de Majorque aux Baléares, a indiqué le gouvernement espagnol dans un communiqué. Cette solution « permettra de résoudre cette semaine l’urgence humanitaire vécue à bord de l’Open Arms », a ajouté le gouvernement.

Dans un geste désespéré, quinze migrants, certains sans gilets de sauvetage, se sont jetés à la mer mardi pour tenter de rejoindre Lampedusa à la nage. Selon une porte-parole de l’ONG, ils ont été « secourus » par les garde-côtes italiens et amenés sur l’île. « La situation est hors de contrôle », a indiqué sur Twitter l’ONG dont le bateau abrite désormais un peu moins de 100 migrants alors que plusieurs dizaines de mineurs ou de malades ont déjà dû être évacués. Certains de ces migrants sont à bord de l’Open Arms depuis 19 jours, égalant ainsi le record des migrants secourus par le SeaWatch3 fin décembre avant leur débarquement à Malte le 9 janvier dernier.

Face au refus de Rome de les laisser débarquer, Madrid avait fini par proposer dimanche au bateau de rejoindre Algésiras, dans l’extrême sud de l’Espagne, puis les Baléares, plus proches mais toujours distantes d’un millier de kilomètres de Lampedusa.

Proactiva Open Arms avait balayé ces deux propositions en raison des jours de mer nécessaires pour rallier ces différents ports avant que Madrid ne propose finalement de venir prendre en charge directement les migrants à Lampedusa.

Dans un entretien publié mardi par El Pais, le fondateur d’Open Arms, Oscar Camps, avait lui demandé à ce que les migrants puissent débarquer à Lampedusa avant d’être transférés en avion.

 


 

Au Soudan, la transition vers un pouvoir civil prend du retard

Le meneur de la contestation Ahmed al-Rabie (C), et le général Mohammed Hamdan Daglo (D), numéro deux du Conseil militaire soudanais, signent un accord de transition, à Khartoum, le 17 août 2019 – AFP / Ebrahim HAMID

 

La transition du Soudan vers un pouvoir civil peine à se mettre en place, les militaires et les leaders de la contestation n’ayant toujours pas annoncé mardi la composition du Conseil souverain prévue initialement deux jours plus tôt.

Cet organe, qui comptera une majorité de civils, doit superviser la transition d’un peu plus de trois ans devant permettre au Soudan de tourner la page de trois décennies de règne du général Omar el-Béchir, l’ex-président destitué le 11 avril à l’issue de mois de manifestations dans tout le pays.

Lundi, M. Béchir est apparu devant un tribunal où il doit répondre d’accusations de corruption, un événement inimaginable pour les deux tiers des 40 millions de Soudanais qui n’avaient connu que lui au pouvoir depuis leur naissance. Si le procès reflète les profonds changements politiques en cours, le transfert du pouvoir au Conseil souverain par les généraux tenant les rênes du pays depuis le départ de M. Béchir a pris du retard.

Promise pour dimanche en vertu d’un accord historique de transition entre les généraux et la contestation, l’annonce de la composition du Conseil a été retardée à mardi. Ce report a été demandé par les Forces pour la liberté et le changement (FLC), issues de la principale organisation du mouvement de protestation, ont indiqué les militaires au pouvoir. Ces dernières seraient revenues sur leur liste de noms.

Le Conseil souverain comptera six civils et cinq militaires. Il sera dirigé par un général durant les 21 premiers mois puis par un civil les 18 mois restants.

Selon les termes initiaux de l’accord de transition, le Conseil devait indiquer mardi s’il valide comme Premier ministre le candidat présenté par la contestation, l’économiste et ancien collaborateur de l’ONU Abdallah Hamdok. Ce dernier devra ensuite former un gouvernement dont la composition doit être annoncée le 28 août et qui s’attellera à la tâche, ardue, de redresser une économie exsangue et de pacifier un pays marqué par plusieurs conflits internes, notamment au Darfour (ouest).

Un Parlement de transition sera également constitué.

 


 

Italie : fin du premier gouvernement populiste entre Ligue et Mouvement 5 Etoiles

Le Premier ministre italien Giuseppe Conte le 20 août 2019 au Sénat à Rome, avec le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini (à gauche) – AFP / Andreas SOLARO

 

Le Premier ministre Giuseppe Conte a mis fin au premier gouvernement populiste italien mardi en annonçant sa démission, après avoir accusé l’homme fort de l’exécutif, le leader d’extrême droie Matteo Salvini, d’avoir été « irresponsable » en déclenchant une crise politique. « J’interromps ici cette expérience de gouvernement. J’entends conclure ce passage institutionnel de façon cohérente. J’irai voir le président de la République pour lui présenter ma démission », a déclaré M. Conte, en soulignant qu’auparavant il écouterait le débat prévu pour durer près de quatre heures au Sénat.

Avant son annonce, le Premier ministre a lancé un virulent réquisitoire à l’adresse du chef de la Ligue Matteo Salvini, qu’il a fustigé pour n’avoir fait que « poursuivre ses propres intérêts et ceux de son parti », en faisant éclater la coalition formée 14 mois plus tôt avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S, anti-système). « Faire voter les citoyens est l’essence de la démocratie mais leur demander de voter tous les ans est irresponsable », a lancé M. Conte, à propos des pressions de son vice-Premier ministre pour obtenir des élections immédiates, afin de capitaliser sur des sondages très favorables (36 à 38% des voix pour la Ligue, plus de 50% en cas d’alliance avec la droite traditionnelle).

Dans son discours à charge contre M. Salvini, M. Conte a accusé le ministre de l’Intérieur de faire « courir de graves risques au pays » et évoqué le danger d’une spirale économique négative pour la troisième économie de la zone euro. M. Conte a souligné « le besoin urgent que soient adoptées des mesures pour favoriser la croissance économique et les investissements », face à une conjoncture mondiale difficile et rappelé les importants rendez-vous européens qui attendent l’Italie, dont le choix de son commissaire européen.

Le chef du gouvernement a aussi dénoncé l’appel de M. Salvini à ce qu’on lui donne « les pleins pouvoirs », une expression rappelant l’expérience du dictateur fasciste Mussolini, et se disant également « préoccupé » de voir le leader des souverainistes appeler ses partisans à « descendre dans la rue » pour le soutenir.

Dans sa réplique, Matteo Salvini, invoquant « la protection du coeur immaculé de Marie », a assuré qu’il « referait exactement la même chose » et s’en est pris à ses ex-alliés du M5S. « Si ce gouvernement s’interrompt, c’est à cause de ces messieurs qui disent toujours non et bloquent tout », a-t-il dit, en accusant aussi les autres parlementaires d' »avoir peur du jugement du peuple » et de retourner au vote.

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