Santé / Covid
08H54 - mercredi 10 juillet 2019

Reste à charge zéro, « mieux vieillir » : combattre la perte d’audition en France. L’analyse de Jessica Nilsson

 

Selon le rapport de Laurence Hartmann et Jean de Kervasdoué sur l’Impact Economique du Déficit Auditif en France et dans les Pays Développés (2016), environ 10 % des Français ont des problèmes d’audition.

Au delà de la perte auditive en elle-même, les problèmes auditifs accentuent les difficultés de communication car le handicap n’étant pas visible, les interlocuteurs ne font pas d’effort particulier pour se faire comprendre, comme parler plus distinctement, et cela mène à un isolement de la personne malentendante si elle n’est pas appareillée.

La baisse d’audition peut être déclenchée par différents facteurs : génétique, surdité médicamenteuse, bruit… Lorsqu’elle est liée à l’âge, on parle de presbyacousie : elle survient vers 50-55 ans et engendre des difficultés de compréhension, surtout quand plusieurs personnes parlent ou quand il y a un bruit de fond (comme au restaurant ou en réunion). Pour les jeunes séniors actifs, elle se révèle être un réel handicap qui peut les mettre sur le banc de touche professionnellement.

L’audition est en fait à la fois un problème de santé publique et un enjeu économique pour la société. Les acteurs du « marché » de l’audioprothèse en France l’ont bien compris.

Afin de s’adapter à la vie et aux besoins des jeunes séniors, les fabricants innovent en permanence pour séduire un public large et proposent des appareils auditifs de plus en plus discrets, qui ne sont plus seulement là pour amplifier, mais capables aussi de scanner un environnement sonore et faire émerger la voix des interlocuteurs, tout en diminuant le bruit de fond parasite, pour améliorer l’écoute en milieu bruyant.

Ils suivent aussi la tendance des objets connectés et on peut désormais recevoir ses appels téléphoniques, le son de la télévision ou sa musique directement dans ses appareils auditifs.

 

La petite révolution du reste à charge 0 en audioprothèse

Pourtant, la proportion de personnes malentendantes que l’on pourrait aider à mieux entendre mais qui ne sont pas appareillées est encore trop forte. En plus d’un frein psychologique, il existe un frein financier que le gouvernement a entendu en appliquant depuis le 1er janvier 2019 la première phase du reste à charge 0 en audioprothèse.

Cette réforme arrive dans une période de prise de conscience : la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques) montre en 2018 que les Français vivent plus longtemps mais que l’espérance de vie en bonne santé reste stable. L’un des défis majeurs de ces prochaines années en France sera donc le « mieux vieillir ».

Des études comme celle du Pr Hélène Amieva (épidémiologiste à l’INSERM, Bordeaux), prouvent qu’il existe un lien entre la perte d’audition et ce que son équipe nomme « les 3D » : dépression, démence et dépendance. Il existe en effet un sur-risque de ces 3D en cas de déficit auditif chez des patients âgés de 65 ans et plus mais, chez des malentendants équipés d’un appareil auditif, ce risque accru n’est pas observé.

Alerter sur les risques de la perte d’audition et faciliter l’accès à des solutions est donc l’un des enjeux de ces prochaines années, d’autant plus qu’au-delà des conséquences sur le plan individuel, Laurence Hartmann et Jean de Kervasdoué estiment dans leur rapport que le coût du déficit auditif si aucun appareillage n’était effectué serait de 24 milliards d’€ pour la France. Actuellement, seulement 1 malentendant sur 3 est équipé, soit environ 2 millions de personnes.

Il faut donc continuer d’informer et d’alerter sur les conséquences de la presbyacousie, repérer les signes d’appels, penser au dépistage et plus largement alerter les jeunes générations sur les risques liés au bruit et aux sons forts.

 

Jessica Nilsson 

Audioprothésiste, Consulting scientifique

 

 

 

 

 

 

 

 

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