Santé / Covid
08H33 - lundi 15 avril 2019

Réduire la pollution intérieure : la chronique bien-être de Françoise Rosenpick pour bien commencer la semaine

 

La rubrique « A votre santé », animée par Raymond Taube, rédacteur en chef d’Opinion Internationale et directeur de l’IDP – Institut de Droit Pratique, vous propose désormais chaque semaine (hors vacances scolaires) des conseils bien-être pour une santé équilibrée. Une chronique de Françoise Rosenpick, docteur en pharmacie.

La pollution de l’air intérieur des logements est très insidieuse car peu perceptible. Contrairement à la pollution de l’air extérieur qui est mesurée plusieurs fois par jour et retransmise par les médias, très peu de particuliers ont à domicile un appareil vérifiant l’état de l’air ambiant. C’est fort dommage car cette pollution de l’air intérieur est souvent plus élevée et peut être plus nocive que celle de l’air extérieur et elle provient de multiples sources.

Une partie de ces polluants sont regroupés sous le nom de C.O.V. (Composés Organiques Volatils). Grâce à leur volatilité, ils se diffusent plus ou moins loin de leur lieu d’émission, entraînant ainsi des conséquences directes et indirectes sur les organismes vivants. On en trouve plus dans les logements neufs ou récemment rénovés. Ils peuvent être dégagés par de nombreux matériaux : colles, peintures, produits de nettoyage, parfums chimiques, feutres, mais aussi matériaux dits « naturels » comme le bois traité. La plupart sont cancérigènes.

Mais les C.O.V. ne proviennent pas uniquement des matériaux de construction. Des produits très courants comme les produits d’entretien peuvent aussi entraîner les mêmes effets.

Selon une étude co-pilotée par Mélanie Nicolas, du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) et Laura Chiappini, de l’Institut National de l’Environnement Industriel et des risques (INERIS), sur la totalité de la cinquantaine de produits d’entretien testés, une augmentation des concentrations dans l’air intérieur en C.O.V. a été observée systématiquement. Ce sont très fréquemment des aldéhydes. Le formaldéhyde, en particulier, a été retrouvé dans 91% des produits testés et certains produisent des aérosols organiques secondaires présentant des particules de petite taille ce qui pourraient à long terme entrainer des enjeux sanitaires préoccupants.

Et que dire des désodorisants… La Natural Resources Defense Council dans une étude effectuée en 2007 avait démontré que 12 des 14 marques de désodorisants analysés contenaient des phtalates et du terpène, une substance organique volatile qui réagit naturellement avec l’ozone naturel pour produire du formaldéhyde. Le magazine Que Choisir avait mené des tests sur 39 désodorisants d’intérieur différents, vendus au grand public. Leur conclusion était sans appel : « Éliminez les désodorisants d’intérieur » les fabricants de désodorisants d’intérieur n’offrent aucune garantie de non-nocivité, de plus, ils dégradent notablement la qualité de l’air intérieur. Ceci est valable aussi bien pour les sprays que pour les bougies ou l’encens. Concernant les sprays « naturels », les huiles essentielles contiennent souvent des substances potentiellement allergisantes. Or, leur présence n’est pas systématiquement affichée sur l’emballage. Par ailleurs, même s’ils fonctionnent sans combustion (c’est-à-dire sans émission de fumée), certains de ces produits, à vaporiser ou à poser, émettent des composés organiques volatils (COV) en quantités parfois très élevées. Outre les risques liés à l’inhalation, l’exposition s’opère aussi au niveau cutané, dans une moindre mesure, car les gouttelettes non volatilisées sont susceptibles de retomber sur la peau. En magasin, aucune information sur les étiquettes ne permet de distinguer les produits les plus vertueux. Au contraire, les mentions utilisées véhiculent une image de naturel, ce qui peut être perçu par le grand public comme un gage d’innocuité. De toutes façons, la nature n’est pas toujours inoffensive, il faudrait que tout le monde en garde conscience…

 

Que valent les « dépolluants » ?

On trouve dans le commerce de plus en plus de matériaux ou produits dits « dépolluants ». Que valent-ils ? Ils ciblent principalement le formaldéhyde, une substance chimique volatile certes largement répandue dans nos environnements intérieurs et connue pour ses effets toxiques et cancérigènes, mais qui ne représente pas la pollution intérieure à elle seule : d’autres composés organiques volatils ou semi-volatils notamment sont également présents en plus grande quantité et avec une très large diversité d’espèces chimiques. Il n’est pas légitime d’écrire que « les peintures dépolluantes éliminent la quasi-totalité de certains polluants de l’air ambiant » alors qu’elles ne captent et ne neutralisent par leurs sites actifs que le formaldéhyde.

Dans son expertise de septembre 2017, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) souligne qu’il existe peu de données sur l’efficacité et l’innocuité en conditions réelles d’utilisation des matériaux sensés épurer l’air intérieur. En effet, que veut dire « une gamme de peinture capable d’éliminer jusqu’à 84 % de formaldéhyde ». Dansquelles conditions, en présence de quelle concentration et au bout de combien de temps, ces résultats ont-ils été obtenus ? Comment peut-on annoncer que « le principe actif a une durée de vie d’environ 10 ans », sans tenir compte des émissions plus ou moins fortes de formaldéhyde au cours du temps, et prédire une « mise à l’abri de toute pollution pour une longue période ».

De même les appareils purificateurs d’air ne sont soumis à aucune norme officielle obligatoire permettant de comparer leur efficacité. Ceux qui fonctionnent par photo-catalyse pourraient même induire la formation de sous-produits de dégradation parfois plus néfastes pour la santé que les polluants qu’on cherche à éliminer.

 

Solutions pour protéger l’air intérieur

Alors, que faire ?

L’ANSES rappelle que pour réduire l’exposition aux polluants de l’air intérieur, il convient en priorité de limiter les émissions à la source (boycotter les désodorisants, utiliser des produits d’entretien naturel et non parfumés comme le savon noir), d’aérer et de ventiler régulièrement les espaces intérieurs des bâtiments.

Ajoutons d’autres conseils pratiques :

– Installez des appareils fiables et performants (chauffage, climatisation, ventilation, etc.) et veillez systématiquement à leur bon entretien.

– Attention aux mélanges de produits (de bricolage, d’entretien…) qui peuvent provoquer des émanations dangereuses. Par exemple, l’eau de Javel, mélangée à un acide (comme un détartrant), dégage du chlore, un gaz irritant. Les produits odorants (peinture, colles, parfums, cosmétiques, désodorisants) dégagent tous des COV, n’en abusez donc pas. Idem pour les bougies parfumées et l’encens, dont la combustion dégage du monoxyde de carbone, très toxique.

– Évacuez l’humidité : en cas d’infiltrations ou de remontées capillaires dans les murs, il est nécessaire d’améliorer l’étanchéité de votre maison, les moisissures étant nocives pour la santé.

– Pour l’aération, choisissez votre VMC avec l’aide d’un professionnel, car le bon choix dépend du contexte de chaque logement. Elle doit être nettoyée régulièrement pour ne pas s’encrasser et rester efficace. Si vous n’avez pas de VMC, cinq minutes d’aération le matin suffisent pour renouveler l’air ambiant (à condition de ne pas utiliser de produits dégageant des COV dans la journée).

– Attention ! Un logement nettoyé avec des produits toxiques n’est pas un logement sain !

Pour vous aider à purifier l’air de votre maison, il y a aussi une solution toute simple bien qu’insuffisante à elle seule, et ce sont les chercheurs de la NASA qui le disent. Pour eux, les plantes peuvent contribuer à purifier l’air intérieur.

Voici 10 plantes d’intérieur très douées en purification de l’air (attention tout de même en présence de personnes allergiques).

 

Aglaonema

Même en situation faiblement lumineuse, cette plante touffue est bien dépolluante. Elle augmente son pouvoir absorbant quand elle grossit. Elle est facile à cultiver.

Emplacement : entrée et pièce sombre, supporte le chauffage et la climatisation.

Absorbe : formaldéhyde, benzène, toluène  (peintures, colles, détachants) bois).

 

 

 

Anthurium (Flamant rose)

Décorative avec ses fleurs rouges vernies toute l’année, elle arrive en tête

du palmarès des dépolluantes mais sa culture est un peu délicate.

Emplacement : cuisine et salle de bain humide et chaude.

Absorbe : xylène et ammoniac (insecticides, dégraissants, javel).

 

 

Chamaedorea (Palmier bambou)

Ce palmier nain est une des plantes les plus efficaces pour humidifier

l’air et éliminer les polluants. Il demande peu de soins et vit très

longtemps dans le même pot.

Emplacement : living ou bureau lumineux mais sans soleil direct.

Absorbe : ammoniac, benzène, formaldéhyde, xylène (dégraissants, fumée de tabac, bois agglomérés, colles).

 

 

Chlorophytum (Plante araignée)

Robuste et populaire, c’est une des plantes les plus performantes pour l’oxygénation d’une pièce ainsi que pour l’absorption des émanations toxiques.

Emplacement : pièce lumineuse mais sans soleil direct.

Absorbe : monoxyde de carbone, xylène et formaldéhyde (peintures, agglomérés, fumées de tabac, produits ménagers).

 

 

Dracaena (Dragonnier )

Portée par un tronc robuste, la plante développe une touffe de feuilles longues plus ou moins larges qui contribuent à la dépollution de l’atmosphère.

Emplacement : entrée, couloir, bureau sans soleil direct.

Absorbe : trichloréthylène, xylène, benzène, monoxyde de carbone

(parois d’isolation, agglomérés, fumées de tabac).

 

 

Ficus benjamina (Figuier pleureur)

Son allure légère et son feuillage décoratif en font une des plantes d’intérieur les plus populaires. C’est un bon humidificateur d’atmosphère.

Emplacement: bureau lumineux, sans soleil direct.

Absorbe: formaldéhyde, xylène et ammoniac (mousses d’isolation, colle des moquettes, émanation des imprimantes et des photocopieurs).

 

 

 

Ficus elastica (Caoutchouc)

Très résistant, c’est la plante idéale pour les apprentis jardiniers. La largeur de ses feuilles produit beaucoup d’oxygène.

Emplacement : séjour lumineux, véranda, hall d’entrée, sans soleil direct.

Absorbe : ammoniac, formaldéhyde, toluène, xylène (laques, colles, agglomérés, insecticides).

 

 

 

Hedera (Lierre)

Vivifiante et résistante à la sécheresse, cette plante grimpante offre une surface foliaire importante qui peut couvrir des treillages et paravents.

Emplacement : cuisine, salon, atelier, bureau.

Absorbe : benzène, formaldéhyde, trichloréthylène et xylène (peintures, encres, matières plastiques, détergents).

 

 

 

Philodendron

De culture facile, cette liane peut devenir une géante. Son feuillage imposant oxygène bien l’atmosphère des intérieurs.

Emplacement : vaste séjour, loft ou grand atelier bien chauffé et lumineux.

Absorbe : formaldéhyde (bois agglomérés, parois d’isolation, colles moquettes, peintures, produits ménagers).

 

 

 

Scindapsus (Pothos)

Cultivée en suspension ou sur un tuteur, elle humidifie l’atmosphère trop sèche et absorbe les polluants des matériaux de décoration.

Emplacement : bureau ou atelier, parfait dans une pièce fraîchement repeinte.

Absorbe : formaldéhyde et monoxyde de carbone (peintures, produits ménagers, appareils de chauffage, fumée de tabac).

 

 

 

Spatiphyllum (Fleur de lune)

L’un des champions de la dépollution de l’air.

Emplacement : pièce claire, chaude en été, plus fraîche en hiver.

Absorbe : formaldéhyde, trichloréthylène, xylène et ammoniac (fumées de tabac, produits ménagers, peintures, vernis).

 

 

 

Alors, sur ces bons conseils, je vous souhaite une bonne semaine…

 

Françoise Rosenpick

Docteur en pharmacie

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour aller plus loin :

Vous pouvez consulter le site http://www.prevention-maison.fr/pollution/#/home qui donne de bonnes indications.

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