Santé / Covid
08H00 - vendredi 1 mars 2019

Non aux fake news de santé : la chronique bien-être de Françoise Rosenpick

 

La rubrique « A votre santé », animée par Raymond Taube, rédacteur en chef d’Opinion Internationale et directeur de l’IDP – Institut de Droit Pratique, vous propose désormais chaque semaine des conseils bien-être pour une santé équilibrée.

Les « fake news» de santé sont presque toujours propagées à dessein, soit pour argumenter une théorie personnelle, soit par intérêt commercial, ou simplement « pour faire le buzz ».

Depuis le développement d’internet, elles peuvent très vite devenir virales, faire naître un climat général de suspicion et avoir des conséquences en termes de santé publique.

Il est important de toujours vérifier ce genre d’information et notamment bien que celui qui la propage n’en tire pas d’avantage commercial. Pour celui qui n’a pas de sérieuses compétences scientifiques, il est souvent très difficile de démêler le vrai du faux, et la rumeur a la vie dure : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ».

Voici tout de même quelques précautions utiles pour se prémunir contre les fake news de santé :

  • Vérifier les sources et privilégier celles qui sont officielles ou certifiées,
  • Trouver une ou plusieurs autres sources indépendantes de la première et qui vous paraissent sérieuses qui corroborent le propos initial ;
  • Ne pas relayer des informations de façon systématique sur les réseaux sociaux sans être suffisamment sûr de leur crédibilité ; dans le doute, mieux s’abstenir de les relayer ;
  • S’interroger sur l’origine de l’information : s’agit-il d’un fait ou de l’expression d’une opinion ? Parfois, plusieurs thèses s’affrontent et certains lobbys peuvent avoir intérêt à diffuser largement des informations favorisant leurs intérêts, parfois au mépris de la fiabilité….
  • Dans certains domaines, les études se succèdent, voire s’empilent, de façon parfois contradictoire. L’organisme humain est extrêmement complexe et nous n’en connaissons pas encore tous les mécanismes, il faut accepter le fait que la médecine n’est pas une science exacte et que la vie elle-même est un risque.

Ces précautions étant posées, passons en revue quelques fake news de santé.

 

Les vaccins sont dangereux pour la santé

Cette suspicion (occidentale) contre les vaccins est née principalement d’une étude publiée en 1997 par Andrew Wakefield et douze autres chercheurs qui mettait en évidence un lien entre l’autisme et le vaccin ROR. Même s’il a été démontré ensuite que cette étude avait été menée de manière plus que discutable, que Andrew wakefield avait en projet de commercialiser un test de dépistage et un nouveau vaccin « plus sûr », même après que les autres chercheurs se sont rétractés et que ce chercheur ait été radié de l’Ordre des médecins, la suspicion est restée…

Lorsqu’on vaccine de façon systématique tous les individus, il existe forcément des cas où le déclenchement de la maladie coïncide avec une vaccination. Ces cas sont utilisés pour appuyer la démonstration et ainsi alimenter la rumeur.

Il n’en demeure pas moins que, contrairement aux débuts de l’ère des vaccinations (rendons hommage à Louis Pasteur), on n’injecte plus de virus pour vacciner mais simplement des fragments (des empreintes génétiques) qui permettent à l’organisme de fabriquer des anticorps. Un vaccin ne peut donc pas déclencher une grippe. Par contre, il mobilise le système immunitaire et donc peut entraîner fièvre et courbatures.

La seule suspicion qu’on peut avoir sur les vaccins est qu’ils puissent être éventuellement déclencheurs de certaines maladies d’origine immunitaires. Mais elles se seraient probablement déclenchées même sans vaccination à la suite d’une infection (grippe ou autre). Statistiquement, cet impact serait de toutes façons bien moins important que le risque représenté par les maladies contre lesquelles on vaccine.

Allez donc expliquer aux parents des 19,5 millions de nourrissons dans le monde qui n’ont pas accès à la vaccination que ceux qui y ont accès la refusent !

 

Le sucre, c’est mauvais pour la santé

Cette affirmation est basée sur un constat inquiétant : nous sommes de plus en plus nombreux à être en surpoids et à souffrir de diabète.

Si on peut affirmer que le saccharose, ce petit cube blanc qu’on ajoute dans son café ou la poudre dont on saupoudre sa crêpe ou son yaourt, est superflu, pour autant notre organisme a besoin de glucose pour fonctionner. Ce glucose, notre organisme le fabrique à parti des glucides présent dans les aliments, principalement dans les fruits et légumes et dans les céréales.

Le vrai problème de notre alimentation, c’est d’une part la présence dans les aliments industriels de sucres cachés utilisé comme exhausteurs de goût (glucose, dextrose, amidon…) qui sont de véritables « shoot » pour la glycémie. Et c’est aussi l’habitude que nous avons prise de boire sucré, qu’il s’agisse de sodas ou de jus de fruits.

Le goût sucré est addictif, y compris lorsqu’il s’agit de « faux sucre » car nos sensations de faim et de satiété sont régulées en grande partie dans le cerveau et pas seulement par la glycémie. Plus notre organisme en consomme, plus il en redemande.

L’idéal est de limiter au maximum, voire de supprimer notre consommation de plats, desserts et boissons préparés industriellement et de diminuer progressivement les doses de sucre que l’on ajoute soi-même jusqu’à se contenter des sucres présents naturellement dans les aliments. Ne supprimons pas non plus, comme c’est trop souvent le cas dans nos habitudes alimentaires de personnes pressées et urbaines, les fruits et les féculents qui, en plus d’apporter des glucides, nous fournissent nombre de vitamines et minéraux.

 

Les antibiotiques, ça fatigue 

La prise d’antibiotique ne s’accompagne de fatigue que lorsqu’elle est justifiée !

En effet, ce ne sont pas les antibiotiques eux-mêmes qui fatiguent, mais l’infection qu’ils soignent et les bactéries qui en mourant libèrent des toxines.

Lorsqu’on prend des antibiotiques avant une intervention dentaire, on n’est pas particulièrement fatigué. Il s’agit dans ce cas d’une prise préventive, il n’y a pas d’infection déclarée et donc peu de bactéries.

Par contre, il est effectivement dangereux d’abuser des antibiotiques, qui sont de toutes façons totalement inutiles lorsqu’il ne s’agit pas d’infection bactérienne. En effet, ils sont totalement inefficaces contre les virus. Par contre les bactéries sont capables de s’adapter et de fabriquer des substances qui les rendent insensibles à un antibiotique avec lequel elles ont été en contact de façon trop fréquente. On a alors émergence de « super bactéries » et d’infections qui peuvent être impossibles à soigner.

Pour résumer, lorsqu’on a une pneumonie ou une infection dentaire, il est impératif de prendre des antibiotiques. A contrario, contre un rhume ou une gastro, c’est inutile et dangereux.

 

Françoise Rosenpick

Docteur en pharmacie

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