Edito
07H30 - vendredi 1 mars 2019

Aubry, Bellamy, Bardella : ces illustres inconnus qui veulent nous parler d’Europe. L’édito de Michel Taube

 

Les grandes chaînes de télévision préparent des duels pour les prochaines élections européennes. Et qui invitent-elles sur leurs plateaux ? Les têtes de liste aux élections européennes ? Allons donc… C’est BFMTV que dégainera la première, le 20 mars selon Le Figaro, en conviant les chefs des partis politiques. Marine Le Pen représentera donc Jordan Bardella, jeune tête de liste du Rassemblement national.

Manon Aubry (LFI), spécialiste de l’évasion fiscale et ancienne porte-parole de l’ONG Oxfam en France, âgée de 29 ans, Jordan Bardella (RN), 23 ans aux origines italiennes ayant grandi dans une famille modeste de Seine-Saint-Denis, François-Xavier Bellamy (LR), un philosophe de 33 ans, sont jeunes. Inconnus il y a quelques mois, illustres certainement par leurs mérites et leurs parcours respectifs, ils bénéficient manifestement d’une mode qui semble s’inscrire dans la durée : l’exception Macron, plus jeune président de l’histoire de la République, deviendrait-elle une jurisprudence dans le landernau politique ?

Il reste que l’élection du Parlement Européen dont il est difficile de convaincre les Français de l’intérêt qu’elle constitue pour leur avenir a besoin de locomotives, de leaders, de personnes qui portent haut et fort une vision de l’Europe ! Rappelons qu’en 2014 le taux de participation n’avait été que de 43%. Cette année, l’Europe n’était guère présente dans les revendications des gilets jaunes (sinon, ce qui est gravissime, d’entendre parler de FREXIT dans bon nombre de cortèges). Il est fort à parier que si les états-majors ne mettent pas le paquet, le vote du 26 mai sanctionnera un signe de défiance supplémentaire des Français à l’égard de la politique et de l’Europe.

En 2014, le mode de scrutin par grandes régions avait contribué au désintérêt des Français. Cette année, le scrutin européen sera un scrutin national et, pour tout dire, une élection nationale plus qu’européenne.

Aubry, Bardella, Bellamy, ces jeunes novices sur les cîmes de la politique auront du mal à tenir tête à Yannick Jadot chez les Verts, Nicolas Dupont-Aignan de Debout la France, Benoît Hamon chez Génération.s et même à un Yann Brossat chez les communistes, maire adjoint de Paris, chargé du logement auprès d’Anne Hidalgo, plus tout à fait inconnu des Français.

LREM (En Marche) et le parti socialiste désigneront-ils une personnalité phare ou feront-ils le choix de la jeunesse ? Olivier Faure est donné tête de liste mais rien n’est encore décidé.

Quant à LREM, osons suggérer le nom d’un grand ténor pour motiver les Français à aller voter le 26 mai : un François Bayrou par exemple ? Européen convaincu, il pourrait défendre à Strasbourg et Bruxelles la vision européenne de Macron. Le président eu aura bien besoin car les députés européens français pèsent peu face aux représentations allemande ou italienne. Même les Britanniques y sont plus influents… Un comble !

 

Michel Taube

Directeur de la publication