Opinion Sport
12H30 - jeudi 18 août 2016

Luc Rabat : « Il faut rendre hommage à Aimé Jacquet »

 

Après avoir dirigé 242 matches en tant qu’entraîneur principal et adjoint des équipes de France de jeunes de 1987 à 2010, Luc Rabat est aujourd’hui retraité de la Direction technique nationale de football. Avec le recul, celui que ses ex-collègues louaient pour son sens de l’éducation et son humanisme n’oublie jamais de poser un regard lucide sur les jeunes et son sport.

 

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Luc Rabat – Crédit photo : Christiane Rabat

Vous qui avez entraîné les équipes de France des moins de 16 au moins de 20 ans, comment expliquez-vous le succès des moins de 19 ans cette année chez les filles et les garçons ?

Le niveau est différent de celui d’avant : les moins de 19 ans touchent au monde professionnel alors qu’avant ils évoluaient plutôt en national ou CFA (l’équivalent de la 3ème et de la 4ème division), dans les équipe réserves des clubs. Prenez l’exemple de Jimmy Briand, que j’ai entraîné : quand il avait moins de 16 et moins de 17 ans, il était du niveau de Cristiano Ronaldo  et de Wayne Rooney, mais ces deux là ont joué rapidement en pro alors que Jimmy a attendu d’avoir plus de 20 ans.

Avez-vous dirigé de grandes générations ?

En Andalousie, en mai 1988, j’ai coaché les moins de 17 ans qui comptaient dans leurs rangs Zidane, Dugarry, Pedros, Ouedec et Nouma, je suis d’ailleurs fier d’avoir vu 95% des joueurs de cette équipe devenir professionnels. J’ai aussi eu Emmanuel Petit sous mes ordres chez les moins de 16 ans. J’ai enfin le souvenir de la génération 2002 avec Mathieu Debuchy et Gaël Clichy, deux autres joueurs qui sont également devenus internationaux.

Vous avez exercé pendant presque vingt-cinq ans au sein de la DTN de la Fédération française de foot, mais certaines personnes n’ont retenu que l’épisode des quotas de joueurs. Que ressentez-vous plusieurs années après la polémique ?

De l’amertume car à 60 ans, voir un inspecteur du ministère de la Jeunesse et des Sports affirmer que la DTN est raciste, ça fait mal. D’autant plus que, depuis sa venue, nous n’avons jamais eu de retour de ce qu’on a pu dire et aucun dirigeant du foot français ne s’est intéressé à ce qu’on a évoqué lors de cette réunion ! Nous avions simplement signalé que, quand les joueurs arrivaient en moins de 18 ou 19 ans, ils nous quittaient pour une autre fédération sous la pression de leurs agents. Nous n’avons jamais parlé de quotas !

Vous pensez que, sans la présence de Laurent Blanc ce jour là, il n’y aurait jamais eu « d’affaire des quotas » ?

Nous étions en période d’élection à la Fédération française de foot et Madame Jouanno (alors ministre des Sports) postulait pour devenir sénatrice (finalement élue le 25 septembre 2011). Nous avons donc été manipulés pour des raisons politiques, et on a utilisé la présence de Laurent Blanc. Beaucoup de joueurs passés par les pôles espoirs jouent pour des fédérations étrangères, c’est bien pour eux, mais dommage pour nous, on s’est donc simplement demandés s’ils ne se sentaient pas bien en France ou si c’était plus monnayable pour eux de changer… Dès 2002 à Doha, les dirigeants de la Fifa avaient dit que tout joueur non sélectionné avec les A pouvait changer de fédération…

Des années après, on vous sent encore peiné par cette histoire…

Tout le foot en a été secoué, mais nous, on est là pour former des gens ! Et en tant que techniciens, nous sommes démunis face à ce type d’évènement.

Vous êtes resté quand même proche du milieu du ballon rond, notamment de l’équipe de France féminine qui a participé aux JO de Rio ?

Oui, d’autant plus que j’ai connu pas mal de joueuses tricolores au centre de Clairefontaine : Camille Abily, Sarah Bouhaddi, Louisa Necib et même Laure Boulleau, qui s’est malheureusement blessée avant la compétition.

Vous n’auriez pas aimé entraîner les filles ?

J’ai appris à jouer à Corinne Diacre (entraîneure de Clermont) et j’avais même proposé son nom quand j’étais à la DTN, pas le mien… Mais je suis très content pour le coach actuel Philippe Bergeroo qui fait du bon boulot.

Les Jeux Olympiques, c’est une belle vitrine pour le développement du sport féminin, comme la Coupe du Monde, que la France organisera en 2019…

Il faut rendre hommage à Aimé Jacquet, qui a prôné le développement du foot féminin avec Elisabeth Loisel. C’est un humaniste et un éducateur, qui éprouve du respect pour les gens et les joueurs. Il faut aussi saluer le travail du centre national féminin d’entraînement pour regrouper les meilleures joueuses.

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Michel Taube