Opinion Sport
14H12 - mercredi 9 mars 2016

Jimmy Adjovi-Boco : « Le foot est un moyen, l’éducation un objectif »

 

Après sa carrière de footballeur professionnel, Jimmy Adjovi-Boco a mis sa générosité et son temps au service des enfants.

Entretien avec le cocréateur de l’association Diambars, pour qui sport et éducation doivent être associés.

Les 4 membres fondateurs au siège de l'UNESCO à Paris - Crédit photo : DIAMBARS

Les 4 membres fondateurs au siège de l’UNESCO à Paris – Crédit photo : DIAMBARS

 

 

Comment est né le projet Diambars ?

De la rencontre avec Bernard Lama que je connais depuis presque trente ans. On a joué à Lens, on parlait de l’Afrique, du développement, de la nécessité d’avoir des structures et des formations de qualité. À l’époque, souvent, des jeunes étaient exploités après leurs transferts, on souhaitait donc disposer des mêmes compétences qu’en Europe. Nous ne souhaitions pas exporter un modèle mais développer quelque chose localement.

Qui a trouvé ce nom Diambars, qui signifie « guerriers » en wolof ?

C’est le fruit d’échanges avec Saer (Seck), Bernard (Lama), et Patrick (Vieira). Il faut le prendre au sens noble du terme : courage, honneur…

Quel est le rôle de Bernard Lama et de Patrick Vieira, deux champions du monde français, dans ce projet ?

Bernard et Patrick sont des (anciens joueurs) passionnés. Ils ont envie de transmettre. Beaucoup de jeunes aujourd’hui manquent de bons exemples. On a envie que les enfants apprennent à dire « bonjour, au revoir, merci ». Le foot, c’est l’éducation, la citoyenneté.

Votre slogan est : « Faire du foot passion un moteur de l’éducation ». Est-ce à dire que pour beaucoup d’enfants la passion a disparu ?

Pour arriver à des résultats, les gens doivent être passionnés. Il faut de l’envie, du plaisir, du partage. En foot, on parle moins de solidarité, plus de business. C’est dommage. Le foot est un moyen, l’éducation un objectif.

Votre but est de rendre au foot ce qu’il vous a donné : qu’avez-vous reçu de ce sport ?

Le plaisir de jouer, de construire et même d’échouer ensemble… afin de se relever et de repartir au combat. C’est ce qu’on devrait trouver dans la vie en général aussi.

Une équipe Diambars évolue en division 1 sénégalaise depuis cinq ans : votre modèle est-il l’académie Jean-Marc Guillou en Côte d’Ivoire ?

Dans certains aspects oui. Jean-Marc a une vision du beau jeu, de la technique, du plaisir qui est à souligner.

Diambars possède un institut au Sénégal depuis 2003 et en Afrique du Sud depuis 2010 : combien d’élèves recevez-vous et quel est le taux de réussite de vos promotions ?

Nous accueillons entre quinze et vingt jeunes par saison. Quinze joueurs issus de nos instituts sont aujourd’hui footballeurs professionnels ; parmi eux Kara MBodj qui joue à Anderlecht, et Idrissa Gueye qui évolue à Aston Villa. D’autres sont en Belgique, en Norvège, dans des équipes africaines. Mais réussir sa vie, ce n’est pas uniquement devenir joueur pro, avoir une grosse voiture et gagner plein d’argent, c’est aussi monter son entreprise et participer à la réussite du continent. Saer Seck est le numéro 1 de la pêche au Sénégal et n’a jamais été footballeur. Nous voulons revaloriser la réussite professionnelle car il n’y a pas que le foot dans la vie ! Nous souhaitons que la totalité des jeunes puissent ressortir avec une éducation. Et pour certains, ça fonctionne : nous en avons un qui ne savait ni lire ni écrire quand il est arrivé et il a eu son Bac avec mention il y a deux ans en France : il est aujourd’hui en BTS d’informatique à Arras.

L’Unesco reconnaît et soutient Diambars dans ses trois dimensions : sportive, éducative et éthique. Pouvez-vous évoquer plus en détails ce dernier point ?

L’éthique ? Notre projet a été mis en place sous forme associative sans objectif de profit personnel. Chaque joueur qui sort paie ensuite les frais de fonctionnement de ceux qui n’ont pas réussi ou sont en formation. Ils sont recrutés à treize ans : même si certains joueurs n’ont pas le niveau, on va au bout de leur formation. Il faut garder ces valeurs autour du sport. On ne serait pas crédibles si on n’avait pas de résultats, mais on en a, sur le scolaire, le sportif, le social. On parle de recrutement, d’éducation, l’Unesco a apprécié ce dernier programme associé au sport, c’est sur ce volet qu’ils nous ont accompagnés.

Le projet que vous avez initié avec Saer Seck fête ses vingt ans l’année prochaine : quels sont vos prochains objectifs en dehors de la création d’autres instituts ?

Partager cette réussite, ce concept sur d’autres territoires (africains, et ailleurs). Partager notre pédagogie. Il y a le foot terrain et le foot passion qui peut permettre à certains jeunes de devenir caméraman, journaliste…

 

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