La démocratie parisienne en action… Le Conseil de Paris se réunissait du 29 juin au 2 juillet. L’ordre du jour n’appelait guère de grands débats en apparence.
Le Conseil a enfin adopté l’emblématique projet de cette fameuse Tour Triangle grâce à un compromis trouvé entre une majorité de la majorité et l’UDI qui avait obtenu des réaménagements de la copie initiale. Les travaux pourront enfin démarrer dans le XVème arrondissement fin 2016 ou début 2017. Ce projet fut le symbole de ces faux-débats à la française où se mêlent postures idéologiques (« Paris est une ville horizontale », ont scandé les adversaires du projet) et calculs politiciens.
Dominante mesures environnementales
Alors, que retenir de ce Conseil de Paris ? En prenant un peu de hauteur (du perchoir de la tribune presse bien coupée des Conseillers par exemple), ce sont à nouveau les enjeux environnementaux qui ont servi de fil d’Ariane des débats et projets discutés par les élus, ceci à quelques mois du déroulement de la Conférence de Paris sur les changements climatiques (COP 21).
Ainsi, le « Plan 1000 immeubles » a été adopté. L’objectif : réduire la consommation d’énergie des bâtiments parisiens les plus gourmands en opérant une rénovation thermique. Pour les propriétaires, des aides à la rénovation sont prévues. Intérêt pour les locataires : réduire la facture énergétique. La Mairie estime pourvoir appliquer ce programme sur 300 immeubles d’ici 2020. Le projet intègre également une végétalisation. Autre projet présenté : le « permis de végétaliser. » Les habitants de Paris, les associations et les conseils de quartier demanderont cette « autorisation » (valable trois ans et renouvelée tacitement) et pourront à titre gratuit exploiter les espaces publics pour planter des fleurs, des arbres ou installer des bacs. Les plantations répondront à la créativité et à l’envie des citoyens. Elles auront également pour objectif une végétalisation de la ville.
De même, de nouvelles mesures doivent être mises en œuvre pour soutenir les véhicules électriques ainsi que le covoiturage. A cet effet, la Ville de Paris a lancé un appel à candidatures pour réserver 200 places de stationnement aux entreprises de covoiturage. En ce qui concerne les véhicules électriques, la Ville compte expérimenter l’auto-partage des véhicules électriques utilitaires pour les commerçants et les artisans. Cette mesure sera dans un premier temps expérimentée dans le quartier Montorgueil (2e). Ces mesures visent à réduire l’emprunte environnementale de la Ville mais aussi à compléter les services de transports en commun déjà existants.
Afin d’améliorer l’environnement parisien, deux autres dispositions sont prévues. Le « Plan alimentation durable » a pour objectif de proposer 50% de produits alimentaires durables (alimentation bio, de saison, labellisés) dans ses restaurants d’ici 2020. Sont concernés les crèches, les écoles et les restaurants administratifs. Une mesure pour laquelle l’opposition a voté oui et sur laquelle la présidente du groupe Les Républicains, Nathalie Kosciusko-Morizet, s’était déjà exprimée en juin.
Par ailleurs, l’Exécutif envisage un dispositif de solidarité internationale : « 1% déchet ». Ce projet vise à anticiper les prévisions de 2025, qui estiment que 70% de la population sera urbaine et produira 2 milliards de tonnes de déchets solides par an. La Ville prévoit de reverser 1% de ses fonds liés à la collecte des déchets à des opérations d’urgences. Le montant est estimé à 1 million d’euros d’ici 2020 et sera destiné, par exemple, à la gestion des camps de migrants.
Un Conseil Économique et Social version Paris
Retenons enfin un temps fort de ce Conseil de Paris : la création du Conseil des générations futures. Engagement de campagne des élus communistes, l’idée a été portée et réalisée par l’élu de la mairie du 10e arrondissement, Didier Le Reste. Ancien responsable de la CGT, l’élu explique : « Quand je militais, la question s’est posée d’avoir un organisme pour se préparer aux mutations sociales, sociétales et environnementales à venir », explique Didier Le Reste. Ce sera une structure de. Le conseil sera composé de 164 membres répartis en 7 collèges : acteurs économiques (patronat), organisations salariales, grands acteurs publics (AP-HP, RATP, SNCF, La Poste), citoyens (qui seront formés), mouvement associatif et solidaire, acteurs de la démocratie locale ( conseils de quartier, comité parisien de la jeunesse) et « personnalités qualifiées » (experts en différents domaines : tourisme, environnement, culture) qui seront nommés en septembre par Anne Hidalgo. L’élu souligne que le conseil sera « représentatif de la société et observera une parité homme / femme et de la diversité » y compris dans les tranches d’âge représentées.
« C’est un organisme consultatif et indépendant qui ne sera pas un contre-pouvoir mais une aide à la réflexion et à la prise de décision politique », insiste Didier Le Reste. Ce n’est pas le point de vue qu’ont exprimé les élus de l’opposition. Si Les Républicains se sont abstenus, le président du groupe UDI – Modem, Éric Azière, estime qu’il s’agit d’ « un nouveau doublon à instrumentaliser ». L’élu parisien va plus loin et a déclaré sur son compte Twitter « Ce n’est plus de la démocratie représentative ou participative, mais démultiplicative. »