La Citoyenne
09H54 - jeudi 5 septembre 2013

Trente ans après la loi Roudy, où en est l’emploi féminin en France ?

 

En France, la place de la femme dans le milieu professionnel est un enjeu politique décisif du gouvernement Ayrault. Bien qu’une lente progression de l’emploi féminin se dessine malgré la situation économique critique du pays, la parité professionnelle reste très inégale.

La ministre actuelle des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, en compagnie d'Yvette Roudy à l'occasion du trentième anniversaire de la loi Roudy, en juillet 2013.

La ministre actuelle des droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, en compagnie d’Yvette Roudy à l’occasion du trentième anniversaire de la loi Roudy, en juillet 2013.

Yvette Roudy, pionnière de la lutte contre l’inégalité

« J’aimerais, cela est vrai, qu’il n’y ait pas de 8 mars. Cela signifierait qu’il n’y a plus de discrimination et donc plus de luttes, plus de revendications, parce que les comportements sont devenus égalitaires et que tous les citoyens peuvent exercer la plénitude de leurs droits (…) C’est encore un rêve. » Cette déclaration d’Yvette Roudy, ministre des droits des femmes de 1981 à 1986, donne le ton de sa volonté politique de combattre l’inégalité des sexes.

Sa lutte contre la discrimination professionnelle s’est concrétisée en 1983 grâce à la loi dite « Roudy ». Celle-ci a apporté d’importantes innovations, telles que la création d’un Conseil supérieur de l’égalité professionnelle et la mise en place, en entreprise, d’un Rapport de situation comparée (RSC) des conditions générales d’emploi et de formation des femmes et des hommes. L’action d’Yvette Roudy laisse un héritage considérable que Najat Vallaud-Belkacem, la ministre actuelle des droits des femmes, a salué à l’occasion du trentième anniversaire de la loi Roudy en juillet dernier. La part de la femme dans la population active a augmenté, passant de 41,6% en 1983 à 48% en 2010. Cette évolution s’explique notamment par de nouvelles mesures, dont la loi Génisson de 2001, qui se sont succédées pour renforcer la loi Roudy et se rapprocher de la parité professionnelle.

 

L’étrange effet « protecteur » de la crise sur l’emploi féminin

L’emploi féminin est donc en progression et l’est d’autant plus resté avec l’arrivée de la crise de 2008. En effet, les secteurs dans lesquels travaillent les femmes ont été beaucoup moins touchés par le chômage que ceux occupés par les hommes. Le taux d’emploi féminin est passé de 58,2% en 2007 à 58,5% en 2011, contre 72,5% en 2007 à 70,1% en 2011 pour celui des hommes. Cette réduction de l’écart des taux d’emploi ne représente qu’un succès à demi-teinte : l’évolution est quantitative et non qualitative puisqu’elle s’explique par la forte segmentation du marché.

 

Un combat loin d’être gagné…

Le rapprochement des taux de participation féminine et masculine dans l’emploi est remis en question par la segmentation du marché, qui reflète une forte discrimination professionnelle. Cette segmentation s’explique par le développement des contrats à temps partiel, dont la femme représente 80%. La discrimination concerne en particulier les salaires, où un écart de 27% existe entre ceux des hommes et des femmes. Cette inégalité salariale, dont la justification discriminatoire est contestée par le journaliste Cyrille Godonou, peut surprendre étant donné l’écart éducatif entre les hommes et les femmes – 51% des femmes étaient diplômées en 2008 contre seulement 37% des hommes. L’urgence est à la valorisation de leurs parcours scolaires en cassant notamment leurs « choix éducatifs » stéréotypés afin d’améliorer leur insertion professionnelle.

 

…mais sur la bonne voie ?

Féminiser l’emploi pour combattre l’inégalité, c’est là l’objectif, tant d’Yvette Roudy en 1983 que de Najat Vallaud-Belkacem aujourd’hui. Valoriser l’emploi des femmes s’avère être une priorité afin de lutter contre la discrimination professionnelle. Le 25 juillet dernier, la ministre des droits des femmes a interpellé les directions d’entreprises pour leur présenter sa volonté de féminiser la gouvernance d’entreprises, car « aucune femme n’occupe de fonction de PDG ni de Directeur général » parmi les entreprises du CAC 40.

 

Etudiante en journalisme à Londres

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