La Citoyenne
19H47 - mardi 13 août 2013

La congélation des ovocytes, la nouvelle tendance ?

 

Alors que les techniques de congélation des ovocytes se sont améliorées ces dernières années, les cliniques remarquent que les raisons médicales d’une telle pratique se superposent à de nouvelles raisons, sociales.

La cryoconservation est déjà autorisée pour raison médicale, en particulier lorsqu’un traitement contre le cancer a augmenté les chances de stérilité de la femme. Par congélation, les ovocytes sont conservés dans des banques, en attendant que la femme décide d’en faire usage.

 

Image procurée par Kylie Baldwin, chercheuse sur les questions de santé maternelle.

Procédé de cryopréservation des ovocytes.
Image procurée par Kylie Baldwin, chercheuse sur les questions de santé maternelle.

 

Cependant, les sociétés sont divisées sur la question d’autoriser ce procédé pour des raisons sociales. Les recherches médicales sont aujourd’hui formelles : à partir de 35 ans, la baisse de la fertilité des femmes est importante, et quasiment nulle à 45 ans. D’un autre côté, l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) fait état d’un âge moyen des mères à l’accouchement de 30 ans en 2010 en France, et l’âge moyen des mères au premier enfant ne cesse d’augmenter dans toute l’Europe. Puisque l’autoconservation d’ovocytes est, avec le don d’ovocytes, la seule méthode efficace de traiter l’infertilité après 40 ans, sa pratique est en forte hausse, bien que les chiffres exacts soient difficiles à établir.

 

Etre mère à tout prix ?

La justification sociale d’une méthode médicale renvoie les femmes aux questions de maternité, et principalement du « bon moment » d’être mère. Une chercheuse anglaise, Kylie Baldwin, de l’Université de Montfort à Leicester, s’est penchée sur la manière dont l’autoconservation ovocytaire sociétale est traitée dans les médias.

 

Par le vocabulaire utilisé, les médias mettent l’accent, selon Baldwin, sur le « choix » des femmes d’avoir un enfant à l’âge qu’elles souhaitent, grâce à cette méthode médicale. Cependant, parmi les femmes ayant eu recours à la congélation de leurs ovocytes que Baldwin a pu interviewer, la plupart racontent que ce « choix » n’en est pas vraiment un, puisque l’occasion de la maternité ne se serait en fait pas présentée – pour des raisons sociales telles que les études, le travail, l’absence de conjoint adéquat. « Il faut faire voler en éclat l’illusion que les femmes exercent un contrôle total sur leurs capacités reproductives, car la conservation sociétale des ovocytes n’est pas un choix qui indique le désir des femmes pour une maternité plus âgée », affirme Baldwin.

 

Ses conclusions partielles montrent une certaine surresponsabilisation des femmes dans ce processus. Baldwin explique qu’en insistant sur l’importance du « bon moment » d’avoir un enfant, les médias diabolisent celles qui ont des enfants au « mauvais moment » – les adolescentes, les célibataires, les femmes plus âgées. De même, ils « mettent en garde » les femmes : elles doivent être conscientes de la baisse de leur fertilité à partir d’un certain âge et agir en conséquence, en l’occurrence en congelant leurs ovocytes. Avec sous-jacente l’idée que la femme doit être mère, si elle veut être une « vraie » femme dans la société.

Journaliste à Opinion Internationale et coordinatrice de la rubrique La Citoyenne.

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