La Citoyenne
07H30 - vendredi 17 mai 2013

Chavez, ce grand féministe ?

 

La mort du Président vénézuélien Hugo Chavez, le 5 mars 2013, a secoué ce pays d’Amérique latine, où des millions de personnes endeuillées ont défilé devant son cercueil. L’impact de Chavez sur la vie politique s’est ressenti tout au long de la campagne électorale pour son successeur. Le 14 avril, c’est finalement son ‘dauphin’ Nicolas Maduro, ancien vice-président, qui a arraché une courte victoire (réunissant 50,66% des votes) face à Henrique Capriles. Elu sur ses promesses de conserver l’héritage chaviste et de continuer les politiques sociales et économiques de son maître à penser, Maduro est très attendu sur ces questions, notamment par les femmes des classes populaires.

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Des politiques en faveur des femmes défavorisées

Dès son arrivée au pouvoir en 1998, Chavez s’est assuré le soutien des classes populaires par une série de mesures sociales. La construction d’hôpitaux et de maternités, le développement des magasins à prix subventionnés et des services de garde d’enfants, l’amélioration de la scolarisation, auraient contribué à réduire de moitié le taux de pauvreté en dix ans – passant de 48 à 25%, avec un taux d’alphabétisation dépassant les 90%.

Les grandes gagnantes de ces réformes ont été les classes populaires, dont les femmes ont enfin pu bénéficier de services médicaux et d’aides financières. En outre, Chavez a donné au Vénézuela une nouvelle constitution, afin d’asseoir la République bolivarienne, dans laquelle sont garantis les droits sexuels et reproductifs des femmes. Elles sont donc en mesure d’user de moyens de contraception et être pleinement maîtres de leur corps, bien que l’avortement n’ait pas été légalisé. Chavez a également créé l’Institut National de la Femme en 1999, pour exécuter les décisions du Ministère pour les Femmes et l’Egalité des Genres. L’égalité entre les sexes a également été inscrite dans la Constitution, laquelle a été rédigée de manière non sexiste : les articles concernent « elle » et « il », et non uniquement « il » en tant qu’Homme universel – comme il en est habituellement.

Un féminisme de façade

Malgré ces avancées constitutionnelles, il semblerait que Chavez ne se souciait pas tant des femmes en tant que groupe discriminé, mais bien plus des pauvres dans leur ensemble. Ainsi, ce n’est qu’en 2002 qu’il nomme des femmes dans son gouvernement, sans jamais atteindre la parité – plafonnant à un tiers des postes octroyés aux femmes.

Selon Benjamin Smith, professeur spécialisé en histoire de l’Amérique latine à l’université de Warwick en Angleterre, les femmes étaient également fortement présentes dans l’opposition. Cela laisse penser que la présence de femmes aux instances décisionnelles au Venezuela est un fait de société, et non le résultat des politiques de Chavez – qui n’a par ailleurs pas fait passer de loi imposant des quotas, ni en politique ni en entreprises.

M. Smith ne manque pas de souligner également le taux élevé de violences faites aux femmes, qui serait plus élevé encore qu’au Mexique, dans une région sinistrement connue pour avoir les taux d’homicides les plus élevés de la planète. Ainsi, au Venezuela, une femme est attaquée toutes les quinze minutes.

En plus de continuer les politiques chavistes en faveur des plus démunis et démunies, il semblerait que le nouveau Président du Venezuela, qui doit jusqu’à présent son capital de popularité à Chavez, ait à s’atteler aux autres nombreux autres problèmes auxquels sont confrontés les femmes s’il veut continuer à plaire aux foules.

Journaliste à Opinion Internationale et coordinatrice de la rubrique La Citoyenne.

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