Tunisie
13H57 - mercredi 24 avril 2013

L’art tunisien pour donner une autre image du pays

 

Jusqu’au 26 mai, les artistes tunisiens donnent rendez-vous au public pour Tun Art Day, un événement inédit plein d’ambition. Rencontre avec son créateur, Mohamed Boudhina…

tunartday

Made in Tunisia ! Le titre du spectacle de Lotfi Abdelli est une belle promesse pour une culture tunisienne qui veut s’exporter au-delà de la Méditerranée. Et c’est en France que la société de production Jackpot a tout d’abord posé ses valises pour « promouvoir la scène artistique tunisienne. » Son fondateur, Mohamed Boudhina, a travaillé deux ans avant de créer Tun Art Day, un événement qui accueille, pour sa première édition, Lotfi Abdelli, Syrine Ben Moussa, Klem Ellil, Wajiha Jendoubi et bien d’autres artistes made in Tunisia. Un mélange équilibré de musique, de théâtre, de mime et de one-man shows. Le point commun de tous ces spectacles ? « La touche tunisienne », affirme Mohamed Boudhina, qui, s’il a placé des têtes d’affiches tunisiennes dans des théâtres parisiens, veut « donner la priorité à des artistes tunisiens de Paris. »

« Les artistes présents sont des partenaires qui ont mené avec nous le projet, ils se sont constitués en association pour qu’émerge le Tun Day Art », insiste le producteur qui s’appuie sur un plan financier solide, étalé sur dix ans : « Nous avons fait des prévisions sur les dix prochaines années, avec une période de trois ans pendant laquelle nous ne gagnerons pas d’argent. » Chaque année, une nouvelle ville deviendra partenaire du Tun Art Day : « L’an prochain, nous ajouterons Nice à la liste, puis Toulouse, Lyon, Bruxelles et Genève », projette Mohamed Boudhina, dont l’objectif est d’attirer les programmateurs de salles et de festivals pour promouvoir les artistes tunisiens et les faire voler de leurs propres ailes.

 

Fédérer les Tunisiens de France

« En France, il existe des plateformes pour les Marocains et les Algériens, mais pas pour les Tunisiens », explique le producteur, qui regrette qu’il n’y ait, en Europe en général et à Paris en particulier, « pas de rendez-vous pour les Tunisiens, qui restent dans leur coin. Notre objectif est donc de rassembler ces Tunisiens. » Mission réussie pour Jackpot, qui a fait salle comble le 17 mars, avec Bourguiba, dernière prison 2, qui coïncidait avec la commémoration de l’Indépendance, et avec le spectacle de Lotfi Abdelli au théâtre du Gymnase le 21 avril. Et l’équipe se félicite de la diversité du public présent : « Il y avait de nombreux Français, mais aussi une belle représentation de la société tunisienne. »

Loin des barbus, de l’oppression et des stéréotypes propagés par certains médias étrangers, les organisateurs de Tun Art Day veulent « donner une autre image de la Tunisie », affirme Mohamed Boudhina, qui insiste sur le fait que, « après chaque révolution, il y a des difficultés pour trouver un équilibre. » En attendant cet équilibre, continue l’organisateur, « chaque artiste tunisien va montrer qu’il est libre de s’exprimer et talentueux. » Avec un objectif en vue, celui de développer l’art tunisien sur la scène internationale et de créer, chaque année en ce début de printemps, un rendez-vous ensoleillé. Mais sans pour autant se précipiter… « La patience est le maître d’œuvre de la réussite », conclut Mohamed Boudhina.

Retrouver le programme de Tun Art Day sur http://www.tunartday.com.

Frédéric Geldhof