La Citoyenne
09H50 - mercredi 3 avril 2013

Droit à l’avortement, où en sont les États-Unis ?

 

Le 15 mars dernier, l’état du Dakota du Nord a adopté l’une des lois les plus restrictives sur l’avortement de tous les États-Unis selon les observateurs. La loi rend illégal l’avortement après qu’un battement de cœur ait été détecté, soit environ au bout de six semaines de grossesse en utilisant des ultrasons trans-vaginaux. La loi prévoit une exception si la vie de la mère est en danger, mais pas en cas de viol ou d’inceste. Le Dakota du Nord n’est toutefois pas un cas isolé. En 2012, dix-neuf états ont promulgué quarante trois nouvelles lois restrictives sur le droit à l’avortement aux États-Unis. C’était la deuxième année la plus prolifique en matière de restrictions après 2011 et ses quatre-vingt douze nouvelles restrictions selon l’institut Guttmacher. 

 

Carte des Etats restrictifs sur le droit à l’avortement aux États-Unis, janvier 2013

 

Depuis le fameux arrêt rendu par la Cour Suprême des États-Unis « Roe vs Wade » en 1973, l’avortement est reconnu comme un droit constitutionnel. Cependant, on assiste ces dernières années à une explosion de nouvelles lois restrictives, plus ou moins directes, poussées au niveau local par le Parti Républicain et le Tea Party.

Le levier financier

Certains états n’offrent aucune possibilité de remboursement, d’autres remboursent les frais d’avortement mais sous conditions. Planned Parenthood, l’équivalent du planning familial estime le coût d’un avortement en clinique entre 300 et 950 $ pendant le premier trimestre de la grossesse. Dans un pays où les factures liées aux soins médicaux peuvent très vite atteindre des sommets, si la couverture fournie par l’état, à destination des plus pauvres, ne couvre pas l’avortement, l’aspect financier de la question peut s’avérer décisif.

Des restrictions plus psychologiques


De l’obligation de l’accord des parents pour les mineures, à l’imposition de consulter un conseiller, de nombreux états posent des restrictions plus indirectes mais toutes aussi efficaces. Certains états imposent une attente entre vingt-quatre et soixante-douze heures entre le rendez-vous avec un conseiller et la procédure, ce qui oblige souvent à se déplacer deux fois, ou rester sur place plusieurs jours. Aujourd’hui, 87 % des comtés ne disposent pas de centre d’avortement selon la National Abortion Federation, l’association professionnelle des pourvoyeurs d’avortement. Certains états imposent aussi des ultrasons intra-vaginaux afin que les femmes désirant avorter puissent voir l’image du fœtus et décider en « toute connaissance de cause ».

Restrictions plus « directes »


Beaucoup d’états autorisent l’avortement seulement en cas de viol, d’inceste ou si la vie de la mère est en danger, excluant de fait toute autre raison. Certains états très conservateurs interdisent l’avortement après un certain temps. Neuf Etats l’interdisent après vingt semaines de grossesse, vingt Etats l’interdisent après douze semaines. Certains états interdisent l’avortement médicamenteux purement et simplement.

Si l’arrêt Roe vs Wade était amené à être renversé, l’avortement serait automatiquement illégal dans non moins de 14 états. La carte présentée ci dessus, est au jour de janvier 2013, mais de nouvelles lois restrictives voient le jour régulièrement. Depuis le 28 février dernier, l’Arkansas dispose d’une nouvelle loi interdisant l’avortement après vingt semaines de grossesse. Si la prolifération des mesures restrictives ne semble pas ralentir, c’est la sévérité des nouvelles lois passées en mars dernier qui préoccupe les mouvements féministes à travers le pays.

Laetitia Béraud

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