La Citoyenne
08H45 - lundi 25 mars 2013

Il était une fois…les femmes en littérature

 

Alors que le Salon du Livre de Paris s’est terminé le 25 mars, il est intéressant de se pencher sur la place des femmes en littérature. Pourquoi ne publient-elles toujours pas autant de livres que les hommes ? Cette inégalité reflète, encore une fois, un pouvoir que ces derniers se sont octroyés au fil du temps.

Il est vrai que les femmes ont désormais acquis une autre dimension – J. K. Rowling avec Harry Potter en est l’un des exemples les plus probants – dans le monde de la publication.  Leur rôle d’écrivain étant maintenant pleinement reconnu, elles n’ont plus besoin d’adopter un pseudonyme masculin pour être publiées. Cependant, le nombre de prix littéraires remis aux femmes est encore bien faible comparé aux hommes. En 2011, l’Observatoire des Inégalités avançait le chiffre de 104 femmes lauréates (16%) sur 648 prix littéraires décernés depuis le début du XXe siècle.

 

Les femmes avaient autrefois un rôle de conteuses, pas forcément très valorisant


Or, selon Vayu Naidu, spécialiste de l’art de la narration, les femmes ont toujours été à l’origine des histoires. « Les femmes considèrent leurs histoires comme de l’information ; traditionnellement, c’était au moment d’aller collecter l’eau du puits, en allant au marché, qu’elles discutaient de ce qui se passait dans leurs foyers. » En outre, si les femmes ne sont pas vues comme des conteuses à part entière, c’est notamment parce que les histoires font  partie intégrante de leur vie. « Parfois on peut penser que ce qu’une femme raconte est intéressant et enrichissant, mais l’instant d’après elle va parler de la quantité de sel que tu as mis dans le plat », explique Mme Naidu à Opinion Internationale. Or, dans une société qui valorise les individus en fonction de leurs actions professionnelles, il est difficile de reconnaître le rôle de la femme conteuse, un rôle confiné à la sphère privée, familiale.

A l’inverse, les hommes allaient raconter les histoires à d’autres audiences, investissant ainsi la scène publique de la narration. Les femmes, à l’inverse, étaient considérées trop faibles pour voyager tel un troubadour.

 

 

Les hommes n’ont fait que transcrire les conversations des femmes

 

 

Enfin, les hommes se sont également appropriés la mise par écrit de cet art oratoire. Mme Naidu raconte qu’au XVIIe siècle, lorsque Charles Perrault a compilé ses célèbres contes de fées, il a utilisé ceux entendus dans les salons que tenaient régulièrement les dames aristocrates. De même, les frères Grimm se sont servis des histoires contées par des femmes dans les villages allemands qu’ils ont parcourus pour compiler leurs livres. « Ce sont toujours les femmes qui ont transmis les histoires, mais ce sont les hommes qui les ont archivées » souligne Mme Naidu.

Pourquoi ? Car à jongler avec toutes les tâches domestiques, « les femmes n’ont jamais vraiment trouvé le temps d’écrire des histoires ». Sans oublier qu’elles se sont longtemps vues refuser une véritable éducation, sans possibilité donc d’obtenir les qualifications requises pour investir la sphère publique de la narration. Ces barrières s’affaissant depuis un siècle, les femmes ont aujourd’hui le pouvoir d’inverser la donne et de se réapproprier les contes, ce qui commence par un changement de mentalité chez les femmes elles-mêmes.

Cléo Fatoorehchi

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