La Citoyenne
07H59 - jeudi 14 mars 2013

Le 8 mars, partout dans le monde, toutes les femmes étaient mobilisées !

 

Vendredi dernier, à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, des célébrations étaient organisées aux quatre coins de la planète. C’est autour du thème « Une promesse est une promesse : il est temps de passer à l’action pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » que les femmes (et hommes) se sont réunies lors de conférences, ateliers de sensibilisation, et manifestations.

 

 

Dans les grandes villes d’Inde, ce sont des milliers de femmes et quelques hommes qui ont envahi les rues pour demander au gouvernement des réformes pour les droits des femmes, en particulier la criminalisation du viol conjugal. De même au Sri Lanka, la manifestation de Colombo a réclamé plus de sévérité de la part des autorités concernant les violences domestiques. En Turquie, la capitale Ankara, a vu défiler des milliers de personnes appelant à la fin de la violence à l’encontre des femmes, avec des bannières en l’honneur des trois jeunes femmes kurdes tuées en janvier dernier. Les femmes égyptiennes, quant à elles, ont marché à travers le Caire pour revendiquer la moitié des sièges parlementaires. Aux Philippines, les femmes ont protesté contre la mondialisation impérialiste, et le cortège a connu des heurts avec la police à l’approche de l’ambassade américaine.

 

Ainsi, le vendredi 8 mars 2013 a été un véritable triomphe en matière de mobilisation pour les droits des femmes. Opinion Internationale vous propose un retour sur la célébration internationale onusienne, puis, un aperçu des actions à Paris et en Angleterre pour la Journée Internationale de la Femme.

 

 

ONU : Après « danser contre les violences contre les femmes », on peut « chanter »

 

Pour fêter la Journée Internationale de la Femme, ONU-Femmes a sorti une chanson fédératrice: ‘One Woman’.

 

Dédié à la lutte contre les violences contre les femmes, ce 8 mars a vu de nombreux événements avoir lieu à travers le monde, rassemblant hommes et femmes pour sensibiliser les populations à cette violence encore trop présente sur la planète. En effet, les chiffres de la violence contre les femmes sont alarmants. Selon l’ONU, jusqu’à 70% des femmes sont victimes de violence au cours de leur vie, une violence qui viendrait plus souvent qu’on ne le pense des partenaires ou ex-partenaires. « Le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour une femme âgée de 15 à 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis ».

 

Ainsi en France, l’on parle de 600 000 femmes victimes de violence domestique, dont 200 000 victimes de violence sexuelle. C’est ce qu’a affirmé l’ambassadeur de France à l’ONU, Gérard Araud, à l’occasion de la célébration de la Journée Internationale de la Femme au sein de l’instance internationale, où il se trouvait aux côtés du Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-Moon et de la Directrice Exécutive de ONU-Femmes, Michelle Bachelet.

 

Si tous deux ont souligné les efforts importants qu’il reste à faire pour mettre fin à la violence contre les femmes, ils ont également applaudi l’engagement de certains pays en faveur des droits des femmes. Ban Ki-Moon est notamment reconnu pour s’être, lors de son premier mandat en tant que Secrétaire Général de l’ONU, fortement engagé en faveur des femmes. Il a par ailleurs lancé la campagne « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » en 2008, afin de mobiliser les gouvernements vers cet objectif. Vendredi, il a salué le travail d’ONU-Femmes – organisme de l’ONU créé il y a deux ans – et a cité la chanson ‘One Woman’ lancée ce même jour: “If we work as one, we shall shine!”

 

Ce 8 mars fut véritablement l’occasion pour la Communauté internationale de réaffirmer sa volonté de voir la violence contre les femmes un fléau du passé. Comme l’a affirmé l’ancienne présidente du Chili: Il ne saurait y avoir de paix, de progrès, d’égalité sans la participation et la jouissance des droits pleins et entiers des femmes. Il ne saurait pas non plus y avoir d’égalité des sexes sans la prise de conscience que les droits procréatifs et les droits à la santé sexuelle et procréative des femmes sont essentiels à l’autonomisation des femmes et à l’égalité des sexes.”

 

Au demeurant, il semblerait qu’un certain changement ait lieu. Bien que le processus soit long, les mentalités évoluent, et le viol est désormais fortement condamné. Ainsi que l’explique Ann Stewart, professeure de droit spécialisée dans les questions de genre à l’université de Warwick en Angleterre, « on reconnaît désormais que le viol est un comportement inacceptable » et l’on reconnaît que cela n’arrive pas qu’avec des inconnus, mais bel et bien au sein d’arrangements sociaux, tel que le mariage. Or, il n’en était pas de même dans les années 1970, et le viol conjugal n’a été criminalisé en France qu’en 1992.

 

Pour que ce changement de société ait lieu, il y a un cruel besoin d’engagement de la part des décideurs politiques. Cet engagement est sollicité lors d’événements comme la Journée internationale de la Femme, mais aussi le V-Day et la Commission de la condition de la femme, laquelle a lieu en ce moment au siège de l’ONU à New York. Ces rassemblements permettent de réunir les gouvernements et organisations de droits des femmes du monde entier pour débattre de solutions locales et concrètes – et pour chanter One Woman!

 

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France : La manifestation du 8 mars à Paris, ou la pluralité des féminismes

 

Vendredi 8 mars, Paris a célébré la Journée Internationale de la Femme par son traditionnel défilé des organisations féministes. D’après le Collectif national pour les droits des femmes, 5000 personnes ont répondu à l’appel dans les rues de la capitale. Cette année, comme les deux années précédentes, le cortège était scindé en deux groupes (plus le Nouveau Parti Anticapitaliste en queue de défilé). Cette division spatiale est la manifestation d’une division du mouvement féministe français qui s’est cristallisée depuis quelques années sur la question de la prostitution et du voile islamique.

 

 

« Ni à prendre ni à vendre. Le corps des femmes n’est pas une marchandise ».

 

 

Cette année la question clivante est celle de la pénalisation des clients de la prostitution. En tête de défilé, les organisations qui ont signé l’appel du Collectif national pour les droits des femmes (par exemple le Mouvement du Nid, le Front de Gauche ou encore la Maison des femmes de Montreuil) appuient la décision du gouvernement de pénaliser les clients de la prostitution. La pénalisation des clients permettrait d’inverser la charge pénale, signifiant que ce ne sont pas les prostituées mais les clients qui sont en faute. Des slogans affirmaient : « Ni à prendre ni à vendre. Le corps des femmes n’est pas une marchandise », « Payer c’est imposer, prostituer c’est violer ». Il s’agit donc d’utiliser le droit pénal pour lutter contre la prostitution, vue comme une violence faite aux femmes et comme une expression de la domination des hommes sur les femmes, dont le corps doit être disponible.

 

 

« Droit des travailleuses du sexe = droit des femmes »

 

 

L’autre cortège constitué d’Act Up Paris, du Syndicat des travailleuses du sexe (STRASS) et de diverses organisations LGBTIQ radicales (lesbiennes-gay-bi-trans-intersexuées-queer), et regroupé derrière la bannière « 8 mars pour toutes », voulait faire entendre la voix des prostituées-travailleuses du sexe et d’autres minorités. Le collectif ‘8 mars’ s’est constitué il y a 2 ans en réaction à ce qu’elles voyaient comme l’exclusion de certaines femmes des mouvements féministes, en particulier des femmes voilées (après qu’une grande partie du mouvement féministe a appuyé la loi sur l’interdiction du voile dans les établissements publics et la loi d’interdiction de la burqa) et les femmes prostituées. Sur la question de la prostitution, les organisations qui composent le ‘8 mars pour toutes’ mettent en avant que la pénalisation des clients va dégrader fortement les conditions de travail des prostituées-travailleuses du sexe, qui seront obligées de se cacher de la police, et seront ainsi plus vulnérables aux violences et aux risques sanitaires – en particulier à la contamination au VIH. Act-Up Paris rappelle que les associations de santé communautaire s’opposent à la pénalisation des clients qui complique fortement leur activité de prévention et d’accompagnement des personnes atteintes du VIH. Le STRASS revendique le droit à la parole pour les travailleuses du sexes : « Droit des travailleuses du sexe = droit des femmes », « Liberté de parole pour les putes » lisait-on sur les pancartes. La pénalisation des clients renforcerait le harcèlement policier dont sont victimes les prostituées-travailleuses du sexe, notamment les migrantes.

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Angleterre : Les étudiants se mobilisent pour les droits des femmes

 

Si les événements en faveur des droits des femmes sont légions dans toute l’Angleterre, un bon nombre se concentre dans les universités, où les étudiants ont décidé de célébrer la Journée Internationale de la Femme en bonne et due forme.

 

Tous les jours de la semaine du 8 mars, des conférences organisées par des étudiants avaient lieu dans une des universités d’Angleterre. A l’Université de Warwick notamment, les ONG de droits de l’homme et droits des femmes ont été très actives. Grâce à elles, les étudiants ont pu rencontrer des intervenants extérieurs sur des sujets très divers, tels que les mutilations sexuelles féminines (en premier lieu l’excision), les conditions des réfugiés, ou le trafic d’êtres humains.

 

En outre, une journée entière a été dédiée au Women’s Forum, dont l’idée est née de la constatation que les femmes font face à de nombreux obstacles dans leur vie quotidienne, des obstacles dont on ne parle que trop peu académiquement. L’événement s’est focalisé en particulier sur les femmes dans le secteur de l’emploi, où les inégalités persistent. Les femmes percevraient encore un salaire inférieur aux hommes de 19,7% en Angleterre, selon les dernières données de novembre 2012.

 

Les étudiantes de l’université de Warwick se sont également mobilisées en mettant en scène Les Monologues du Vagin, pièce que son auteure, Eve Ensler, retravaille quelque peu tous les ans pour s’adapter au contexte. Ainsi, cette année, la pièce se terminait par un appel à se soulever pour les femmes, un appel à One Billion Rising. L’une des comédiennes raconte à Opinion Internationale : « J’ai tellement ri quand j’ai assisté à la représentation l’année dernière, que cette année je me devais d’en faire partie. Et bien que je ne sois pas d’accord avec absolument tout ce qui est dit dans la pièce, je pense qu’il est crucial aujourd’hui qu’on libère la parole sur ces sujets, que les femmes acceptent leur corps, leur clitoris, et leur vagin. »

 

Elsa Boulet et Cléo Fatoorehchi

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