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07H15 - lundi 20 avril 2020

People Planet Prosperity : le business model des années 2020 ?

 

Si le PIB ou l’EBE continuent d’être les indices les plus utilisés pour mesurer la vitalité économique d’un pays ou d’une entreprise ainsi que le bien-être d’une société, il n’ont pourtant jamais été autant contestés dans leurs fondamentaux.

Les alternatives à ces indicateurs traditionnels de croissance et de rentabilité ont depuis les années 90 préparé le terrain à une mutation sémantique. Aux années 90 qui surfaient sur le Triple Bilan (« People, Planet, Profit ») en appréciant la performance d’entreprise aussi bien sous l’angle économique (Profit) que social (People) et environnemental (Planet), succèdent les années 2000 qui mettent l’accent sur la notion de « prospérité » en lieu et place de celle de « Profit ».

En témoigne, l’émergence de cette notion dans le triptyque « People, Planet, Prosperity » fondant le plan d’action de l’Agenda 2030 pour le développement durable des Nations Unies, dont les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés par les Etats en 2015 tiennent lieu de nouvelle boussole autant pour les acteurs publics que privés.

Selon les Nations Unies, la « prospérité » consiste à « développer une économie qui profite à tous et favorise le changement « . Elles parlent en ce sens de « prospérité partagée  » par tous. Il s’agit d’une mutation de la notion de « profit » qui se veut et se doit d’être plus partagé et mieux redistribué. Mais plus encore c’est d’une profonde mutation de l’économie dont il s’agit. Elle implique notamment le passage à une économie inclusive, le développement de l’innovation, le renforcement des investissements, la transformation des business models ainsi que la gestion durable des ressources naturelles.

Cette notion de « prospérité » est donc grandement disruptive en ce qu’elle appelle l’ensemble des acteurs publics et privés à contribuer à l’émergence d’un nouveau système plus englobant et inclusif. Ces derniers sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à œuvrer dans cette voie.

Le consensus de Dakar auquel sont parvenus plusieurs pays africains en décembre 2019 avec les principales institutions économiques internationales (OCDE, FMI et Banque mondiale) vise explicitement à renforcer des investissements qualitatifs sur le continent, dans la recherche d’impacts positifs pour les pays concernés mais aussi pour les investisseurs eux-mêmes.

Les exigences des investisseurs, ainsi que celles des agences de notation extra-financières, passent également d’une logique de données chiffrées (nombre de CDI, d’audits fournisseurs, etc.) à des informations qualitatives sur leur gestion des enjeux ESG et leur implication dans des projets à impacts positifs tout au long des chaines de valeur, notamment en lien avec les ODD.

Quant au Manifeste de Davos 2020 publié dans le cadre du Forum économique mondial, il prend acte de cette évolution du rôle de l’entreprise et énonce qu’elle a pour objectif d’impliquer toutes les parties prenantes dans la création d’une valeur commune et pérenne, reflétant ainsi le revirement de la doctrine de l’entreprise exprimé en aout dernier par la Business Roundtable. En écho à cette nouvelle approche, certains acteurs de la filière de la grande distribution tels que SUPER U prennent des initiatives pour soutenir les agriculteurs et éleveurs français du secteur du Bio. Ce glissement trouve aussi des traductions juridiques tangibles, le nouvel article 1833 du code civil issu de la loi PACTE conditionnant la prospérité d’une entreprise à la prise en compte de l’intérêt d’autres parties prenantes que les actionnaires.

Cette dynamique « People, Planet, Prosperity » sous-tend ainsi de nombreuses initiatives de la part de tous les acteurs publics comme privés, à but lucratif ou non. Dans ce contexte bouillonnant la réunion programmée en septembre 2020 à l’ONU, visant à apprécier les progrès réalisés dans les ODDs et définir de nouvelles actions pour la décennie à venir, constitue une occasion de mise en valeur des initiatives d’entreprises les plus matures.

Ce basculement sémantique privilégiant une « prospérité » partagée constitue en effet un levier de différenciation et de préférence dont les entreprises doivent se saisir, bien au-delà d’un simple affichage de promotion des ODD :

– en s’inscrivant dans une démarche de corporate activisme à impact positif, prenant garde de bien choisir ses combats afin d’y déployer les ressources appropriées ;

– en s’engageant dans la réalisation de projets à impacts dans le sillage des stratégies à impacts des PRI et de l’IFC, notamment dans le domaine des infrastructures où le développement des People First PPP offrent des réponses pertinentes, en particulier aux attentes de nombreux pays africains en quête d’investissements durables ;

– en déployant des dispositifs impliquant les populations locales directement concernées par la bonne réalisation des ODD, gages de forte implication, de qualité du suivi des opérations et de collecte des informations permettant une mise en valeur crédible des démarches ;

– en articulant une ingénierie normative et ingénierie sociétale au service de projets de territoires à impacts reposant sur la mise en place de cycles de prospérité partagée.

Autant d’éléments de réflexion pour nourrir la période d’après Covid, ou plus réalistiquement éclairer et guider dans les brumes de la période actuelle.

Pierre-Samuel Guedj
Président d’Affectio Mutandi
Président de la Commission RSE du CIAN – Conseil Français des Investisseurs en Afrique

À la confluence des parties prenantes, Affectio Mutandi est la première agence conseil en stratégies sociétale, normative et réputationnelle sur les enjeux ESG.
L’agence articule RSE, Communication corporate & de crise, Affaires publiques, Lecture juridique des enjeux ESG et Relations avec les ONG, pour bâtir des stratégies de responsabilité sociétale, des plans de vigilance raisonnable et des politiques Droits humains. 
Affectio Mutandi anime par ailleurs la Commission RSE du CIAN – Conseil Français des Investisseurs en Afrique.

 

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