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05H41 - jeudi 28 mars 2024

26 mars 2024, ce jour où l’islamisme vainquit la laïcité française. La chronique d’Olivier Weber

 

Ce mardi 26 mars 2024 restera une date funeste pour tous les défenseurs de la laïcité. L’islamisme lui a réglé son compte : le proviseur du lycée Maurice Ravel dans le XXe arrondissement de Paris, accablé de menaces de mort, a rendu les armes, il a démissionné.

Le 28 février dernier il avait courageusement rappelé à l’ordre -et à la loi- trois jeunes filles de son établissement qui portaient le voile islamique dans l’enceinte du lycée. L’une des trois avait délibérément ignoré les injonctions du proviseur et avait volontairement provoqué un incident. Elle avait prétendu avoir été frappée par le chef d’établissement et avait déposé plainte au commissariat du XXe arrondissement. La plainte a été classée sans suite mais les réseaux sociaux se sont embrasés et le proviseur a été menacé de mort à travers de nombreux messages le visant personnellement.

Deux interpellations ont eu lieu. L’un des interpellés, un homme de 26 ans, sera jugé en correctionnelle le 23 avril à Paris. L’autre interpellé déjà jugé le 15 mars en comparution immédiate pour des faits de « provocation publique et directe non suivi d’effet à commettre un crime ou un délit à l’encontre du proviseur » a été relaxé. La mansuétude des juges à l’égard de certains excités du lynchage me laisse coi.

Dans ces conditions, le chef d’établissement a décidé de se retirer de ses fonctions et a expliqué par e-mail à ses équipes qu’il motivait sa décision par les risques qu’il encourait pour sa sécurité.

Certes, le premier ministre a annoncé hier soir sur TF1 que l’Etat portait plainte contre la jeune fille en dénonciation calomnieuse. Il a reçu le proviseur à Matignon.

 

Lâcheté institutionelle

Pourtant, le Rectorat de Paris a évoqué des « convenances personnelles » pour justifier la décision du fonctionnaire d’Etat. Il y a dans cette formule toute la lâcheté de la hiérarchie de l’Éducation nationale, toute sa passion pour la soumission à l’islamisme, pour parler en termes houellebecquiens. Rappelons que le rectorat est chargé de faire appliquer la politique éducative définie au niveau national dans son académie. Et bien sûr, au sommet de l’Etat, on fait de l’esbroufe et Emmanuel Macron comme Gabriel Attal y vont de leur couplet sur le mode « nous ne céderons rien au terrorisme islamiste ! » alors qu’on lui cède tout. Nicole Belloubet, la dernière ministre nommée à l’Éducation nationale, commente avec assurance et détermination « le pas de vague, c’est fini ! ». Cette même Nicole Belloubet, à l’époque où elle était Garde des Sceaux, avait commenté l’affaire Mila en déclarant « L’insulte à la religion, c’est une atteinte à la liberté de conscience, c’est grave ! ». Belloubet, la championne de la chasse au blasphème, aspirerait maintenant à devenir le rempart contre l’islamisme à l’école. Je serais tenté de lui dire, pour paraphraser un titre du marquis de Sade, « Nicole, encore un effort et vous serez républicaine ».

Mais toute cette affaire nous renvoie aux assassinats barbares de Samuel Paty par un islamiste tchétchène et de Dominique Bernard par un Ingouche, tous deux Caucasiens islamisés et de nationalité russe. Les mêmes mécanismes ont été déclenchés : les dénonciations calomnieuses, les menaces de mort, le silence de l’institution, l’impuissance de l’Etat…

 

Mickaëlle Paty, la sœur du professeur martyr s’est exprimée, il y a quelques temps, devant le Sénat et a déclaré « Si la mort de mon frère avait servi a quelque chose, Dominique Bernard serait encore en vie ». J’ajouterais : « Et le proviseur du lycée Maurice Ravel serait encore en poste ».

Mickaëlle Paty a déposé plainte contre l’Etat. Elle a bien raison. L’inaction de l’Etat entraîne petit à petit le sentiment que faire respecter la loi dans un établissement scolaire -pour peu qu’elle touche à des intérêts islamistes – relève à présent d’un courage digne du chevalier Bayard. La hiérarchie de l’Éducation nationale ne soutient pas ses personnels.

Mais le « pasdevaguisme » touche également les syndicats de l’Éducation nationale qui, à l’exception du SNALC (réputé, à tort ou à raison, d’être de sensibilité de droite) se sont montrés des plus discrets sur le sujet. Que l’on supprime un demi-poste dans une Académie et les syndicalistes, les syndiqués, les banderoles, les porte-voix et les sifflets défilent de Denfert-Rochereau à la rue de Grenelle en scandant les slogans les plus inventifs.

Mais la démission d’un proviseur sous la pression des lyncheurs islamistes, cela ne les intéresse pas, cela ne les concerne pas. SUD, la CGT, FO sont d’excellents alliés des Frères musulmans.

Et je crains que, plus généralement encore, l’ambiance dans les salles des profs des établissements scolaires de France, n’ait pas été particulièrement affectée par cette affaire. Le danger, c’est l’extrême droite, tout le reste n’est que tentatives de diversion de la part des crypto-fascistes ! Je note, petite pointe d’espoir, que cette idéologie est tout de même en sérieuse perte de vitesse dans les collèges et lycées. Les salles des profs ne sont plus des bastions LFI depuis longtemps.

Le Comité contre l’islamophobie en Europe (CCIE) a fait de cette loi un cheval de bataille et veut sa peau. Ce comité organise un peu partout des débats pour faire passer l’idée frériste que la loi de 2004 est islamophobe. La laïcité n’ayant pas été gravée dans la Constitution, on peut redouter que l’islamisme n’en vienne à bout à moyen ou long terme. Et ce 26 mars est sans conteste encourageant pour les Frères musulmans qui pratiquent l’entrisme avec détermination. Pour un peu, et si cela ne les mettait pas dans une inconfortable position vis-à-vis des instances célestes, ils pourraient boire le champagne en la circonstance ! D’autant plus que l’Etat se montre impuissant à imposer ses valeurs républicaines.

Dans « L’Ultime auberge », Imre Kertész écrit « L’Europe s’aplatit devant l’Islam, le supplie de lui faire grâce ». L’Éducation nationale fait de même au sein de ses propres écoles.

La loi qui interdit les signes religieux ostentatoires à l’école vient tout juste de fêter ses 20 ans ! Il y a des façons plus glorieuses de célébrer un anniversaire.

Heureusement, il reste des hussards noirs vaillants qui entendent bien ne rien céder à l’obscurantisme religieux. Soyons-leur reconnaissants ! L’avenir de la laïcité repose sur leurs épaules.

 

Olivier WEBER
Professeur de lettres dans l’enseignement professionnel