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07H52 - vendredi 22 décembre 2023

Musique : les vieux rockers bougent encore. Bilan de l’année 2023.

 

Nouvel album des Rolling Stones, si tonique qu’il aurait pu être enregistré il y a 50 ans (et les papys de 80 balais sont repartis en tournée !), nouveaux albums de Yes, Deep Purple ou Peter Gabriel, et même « nouvelle » chanson des Beatles. Mais là, les guillemets s’imposent, car il s’agit d’un bricolage orchestré par les membres survivants du groupe, à partir d’une maquette approximative de John Lennon et de sons provenant d’anciennes chansons des Beatles. La prétendue intelligence artificielle aurait permis ce miracle, qui a balayé du sommet des classements des ventes et écoutes toutes les stars du moment). S’il ne s’agit que de séparer la voix de la musique (ici le piano de la maquette de Lennon), des logiciels ou services en ligne le permettent à prix modique. L’IA appliquée à la musique, c’est autre chose : créer ce qui n’existe pas à partir de données existantes. On appelle ça le « machine learning ». Si on y a eu recours pour la chanson Now and Then, ce serait un peu de la triche, tout de même. Et comme la recette… fait recette, on annonce déjà d’autres « « « nouvelles » » » » chansons des Beatles, et sans doute ultérieurement de bien d’autres artistes. L’IA fait chanter, danser, peindre, vivre les morts. Faut-il s’en réjouir ?

Mais revenons-en au rock qui n’est donc pas mort, contrairement à ce que l’on prédit depuis si longtemps. Chose intéressante : depuis quelques récentes années, les écoutes de hip-hop sur les plateformes numériques se tassent au bénéfice du rock. Il est vrai que progressivement, les vieillards de plus de 30 ans (dont le hip-hop et le rap ne sont pas forcément la tasse de thé) se mettent au streaming. À l’instar de la vidéo, ce mode d’écoute dématérialisé tend à se généraliser. Mais la tendance rock est bien réelle, et après deux décennies de suprématie, du moins chez les jeunes, la musique parlée sur fond de boite à rythmes commence à s’essouffler. Les producteurs ont senti le filon et encouragent même quelques artistes de pop aseptisée à sortir les guitares électriques, dont les ventes repartent d’ailleurs à la hausse après des années de vaches maigres. La guitare, surtout électrique, est encore un instrument de musique et non de musée. Et la guitare électrique, c’est le socle instrumental et sonore du rock, ce qui n’interdit pas de lui associer des sons synthétiques.

Si on peut éventuellement se réjouir que la fête batte son plein à l’EPAHD du rock’n’roll, il faut surtout espérer que cette cure de jouvence fasse des émules. Les modes vont et viennent, et nous sommes peut-être entrés dans un cycle rock. Si l’histoire se répète, on aura bientôt droit à la musique planante (les mœurs ont besoin d’être adoucies !), aux hippies et au jeans peau de pêche et patte d’éléphant (le velours côtelé est déjà de retour). Sauf qu’après, ce fut (et sera-ce ?) les punks et leur slogan NO FUTUR. L’histoire, fort heureusement, leur a donné tort !

Bonnes fêtes (en musique) de fin d’année 2023.

 

Michel Taube

Directeur de la publication