Edito
11H55 - jeudi 14 septembre 2023

Lampedusa, c’est l’Europe de demain. A moins que… L’édito de Michel Taube

 


6000 migrants arrivés sur les côtes de Lampedusa en Italie en une nuit.

C’est du jamais vu.

L’Italie est confrontée à une vague migratoire sans précédent que ni l’état d’urgence ni les engagements pris par la Présidente du conseil des ministres, Giorgia Meloni, n’arrivent à endiguer.  

L’Europe est désormais frappée par deux tsunamis qui se préparaient depuis des années et qui ont été largement annoncés…

Tout d’abord, les soubresauts politiques qui secouent le Sahel et l’Afrique  (coups d’Etat en Guinée, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, guerre au Soudan, gué guerre civile au Sénégal, duplicité des autorités algériennes, catastrophes naturelles dans des Etats anarchiques comme la Libye…) accélèrent brutalement les vagues de migration qui seront ingérables si des mesures draconiennes ne sont pas prises. La recrudescence des attentats terroristes djihadistes fait fuir des dizaines de milliers d’habitants du Mali, au Burkina Faso, bientôt au Niger, pays dont les nouveaux pouvoirs auront bien du mal à faire reculer la terreur islamiste.

Ensuite, phénomène aussi scandaleux qu’inquiétant, l’explosion démographique de l’Afrique nous retombe dessus. Par lâcheté des gouvernements comme des familles, l’habitude a été prise que dans chaque famille de 5 à 10 enfants (les maris polygames ont allègrement une vingtaine d’enfants ou bien plus), un enfant est désigné pour tenter l’aventure européenne.

Vérification faite auprès de plusieurs sans-papiers vivant en France, si un seul membre d’une grande fratrie arrive sur le sol européen, et même s’il est mal payé sur notre sol en faisant de petits boulots ou en travaillant au noir (pardon, on n’a plus le droit de parler ainsi), il suffira qu’il envoie 100 euros par mois pour nourrir dix personnes pendant 2 à 3 semaines selon le pays d’origine.

C’est pourquoi l’immense majorité des migrants sont des migrants purement économiques. Telle est la terrible réalité comptable de l’économie des migrations africaines en Europe.

Les catastrophes climatiques qui s’enchaînent, la pression démographique, les crises politiques annoncent des jours terribles pour le Maghreb et l’Europe en matière de gestion des flux migratoires.

Le Maghreb ? C’est nouveau mais la Tunisie (laissons de côté les dérapages verbaux de son président) est à présent confrontée à des violences urbaines qu’elle ne connaissait pas, provoquées par l’arrivée brutale depuis quelques mois de milliers de migrants sub-sahariens. Plongée déjà dans une grave crise économique avec pénurie et rationnement du pain, la Tunisie n’arrive déjà plus à contenir cette pression migratoire sub-saharienne.

Le Maghreb va être confronté à la même menace que l’Europe craint pour elle-même et subit déjà.

C’est pourquoi seules des mesures prises en commun par le Maghreb et l’Europe du sud de la Méditerranée permettront de contenir cette pression insupportable. Il faut au moins s’entendre avec la Tunisie et le Maroc qui jouent le jeu d’une coopération honnête et exigente.

Et les mesures à prendre doivent être draconiennes, militaires pour tout dire.

Aider financièrement la Tunisie et le Maroc (Rabat mène une forme de police des migrations courageuse, en lien avec les autorités espagnoles) à gérer les flux migratoires est indispensable. L’Union Européenne a d’ailleurs signé le mois dernier un accord de coopération avec la Tunisie en la matière.

Mais il faut frapper beaucoup plus fort pour contenir cette vague migratoire sans précédent.

Les armées des Etats européens des rives sud de la Méditerranée, et les armées tunisiennes, libyennes (le général Haftar à Benghazi a de la ressource et de bonnes idées pour son pays, avec l’appui de plusieurs de ses enfants qui aspirent à un destin national), marocaines, doivent déployer des navires qui se substitueront aux navires humanitaires pour interpeller les migrants, arrêter les passeurs et les trafiquants d’êtres humains.

SOS Méditerranée et les autres organisations humanitaires, avec des ONG complices en France et en Europe comme Utopia 56, jouent le rôle de ponts et de passerelles entre les deux continents et nous imposent un chantage émotionnel insupportable. Elles sont des complices objectifs des passeurs et des Etats originaires des migrants.

Même sur le plan humanitaire, des navires militaires seront bien mieux à même de sauver des vies et d’éviter que la Méditerranée ne se transforme en plus grand cimetière marin au monde.

Sans réponse d’envergure, Lampedusa sera notre quotidien, demain, au Maghreb et en Europe.

 

Michel Taube

Directeur de la publication