Brice Lalonde, ancien ministre de l’Environnement et président d’Équilibre des Énergies, et Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), débattaient ce mardi 6 juin 2023 sur le thème : « Transition énergétique : quelle stratégie pour la filière automobile française ? ».
Entretien avec deux acteurs clé de cette révolution des mobilités à l’occasion du lancement de la rubrique « En roue libre » à la une d’Opinion Internationale.
Opinion Internationale : Mais que font ensemble un acteur clé de l’automobile, Monsieur Luc Chatel, et un amateur du vélo, Monsieur Brice Lalonde ? Ne devriez-vous pas vous opposer comme une certaine idéologie française tend d’opposer écologie et voiture ?
Brice Lalonde : Nous avons un combat commun ! Celui de transformer et décarboner l’industrie automobile, ainsi que d’autres enjeux tels que la souveraineté de la France, le coût abordable de l’énergie et la mobilité pour tous. Le vélo et l’automobile ont donc des combats communs.
Luc Chatel : C’est très simple, qui va décarboner la société ? Qui va relever les défis du changement climatique ? Les industriels. L’industrie automobile est la première à s’engager dans une transformation historique en se décarbonant complètement, et elle a déjà réalisé des progrès considérables. En vingt ans, nos émissions de CO2 ont été réduites de moitié et les émissions de particules ont été divisées par 10. L’industrie automobile a entamé une révolution avec le passage à l’électrique et elle se réorganise totalement et avec elle les emplois, les consommateurs et la société dans son ensemble. C’est de tout cela dont nous discutons avec Brice Lalonde.
Opinion Internationale : Cette révolution me fait penser à celle qu’a connu le secteur des ampoules dans les années 2000, où toute l’industrie a changé complètement son modèle et son produit final avec le remplacement des ampoules incandescentes par les LED. Vivons-nous actuellement quelque chose de similaire dans l’automobile ?
Brice Lalonde : En effet, et tous les acteurs de ce secteur stratégique sont engagés dans cette révolution extrêmement difficile. Notre rôle est de les aider, notamment sur les bornes de recharge, la production de batteries et la réduction du coût des véhicules électriques. La sobriété est aussi un axe à développer. C’est le travail que nous menons avec Luc Chatel, les constructeurs automobiles et toute la filière. L’aviation, la sidérurgie et d’autres secteurs commencent également à s’engager mais l’industrie automobile montre la voie, elle est la pionnière.
Opinion Internationale : Luc Chatel, rassurez les amateurs d’automobile et de belles voitures. L’automobile a-t-elle un avenir dans un monde avec une telle hausse de température et de tels enjeux énergétiques ?
Luc Chatel : Oui. Tout d’abord les Français ont besoin de l’automobile. 86 % des Français en ont besoin au quotidien. La question n’est pas de choisir entre l’automobile ou autre chose. La mobilité de demain se fera forcément avec l’automobile, mais une automobile différente, propre, pouvant être utilisée en covoiturage, connectée, dotée de technologies et d’applications. Nous avons beaucoup progressé dans ce domaine. Il faut donc inventer ce nouveau monde de la mobilité, et c’est l’enjeu de notre action avec Brice Lalonde.
Propos recueillis par Michel Taube et Alexandre Siruguet, chef de rubrique « En roue libre »
