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12H18 - vendredi 1 avril 2022

Affaire McKinsey : pour un cabinet de conseil interne à l’Etat ! La chronique de Patrick Pilcer

 

Patrick Pilcer

Il y a plusieurs mois déjà, le choix du gouvernement d’Edouard Philippe de recourir au cabinet McKinsey pour établir un plan anti-Covid avait fait grand bruit. Nous nous en étions fortement émus dans une chronique à l’époque. Comme par hasard, ce dossier ressort ces derniers jours, à la veille des élections présidentielles. Les opposants au Président Macron n’en avait guère parlé à l’époque, et aujourd’hui, ils y vont tous de leur refrain contre les cabinets de conseil. Même les partisans des coupes drastiques dans la fonction publique s’offusquent du recours aux cabinets privés. Sans parler des jaloux pour qui l’autre gagne toujours trop.

Pourtant, tous, de la Mairie de Paris à la Région Ile de France, de LFI à Reconquête, utilisent des cabinets de conseil extérieurs, souvent les mêmes que ceux que l’Etat utilisent.

Il est surprenant, voire choquant, que McKinsey ne paie pas d’impôt en France, mais cela n’est pas dépendant d’une décision du gouvernement ou du président, et le fisc puis la justice feront leur travail. Qu’au nom de la fameuse Souveraineté Nationale, l’Etat ne privilégie pas des cabinets français interroge également.

Ce qui me choque, me surprend, par contre, est qu’aucun candidat ne propose une solution plus pérenne, une sortie par le haut.

Que l’administration utilise des prestataires extérieurs sur des tâches techniques non récurrentes est compréhensible, mais pourquoi l’Etat fait-il appel à des cabinets de conseil en stratégie alors que la France dispose, contrairement à d’autres pays, de Grands Corps, Corps des Mines, Corps des Ponts, Corps de l’Insee, Cour des Comptes, Inspection des Finances, etc… Ces corps disposent des meilleurs cerveaux de notre pays, cerveaux que les cabinets américains s’arrachent à prix d’or dès qu’ils le peuvent. Les ministres n’ont-ils pas confiance dans leurs hauts fonctionnaires ? ont-ils plus confiance dans d’anciens hauts fonctionnaires à présent dans des cabinets privés ? cherche-t-on à dégouter les jeunes hauts fonctionnaires du service de l’Etat ? étonnant !

Ou alors, il s’agit d’un problème d’organisation. Il ne serait pas impossible que, comme dans les grands groupes privés, le travail en silo crée des baronnies qui empêchent des missions communes de réflexion stratégique. Mais alors, plutôt que de ne plus utiliser les Corps, il faut faire comme dans les grands groupes privés les plus performants, et mettre en place un cabinet de conseil interne, une task force, qui utilise le vivier des talents de nos hauts fonctionnaires, un vivier exceptionnel qui plus est, et qui monte des missions de réflexion stratégique de haut niveau, de courte, moyenne ou longue durée, et à coût nul pour le contribuable.

On pourra ainsi sortir par le haut de cette situation ubuesque où l’Etat paie très cher à l’extérieur des talents dont il dispose en son sein. Et pas besoin de mandater McKinsey pour cela !

 

Patrick Pilcer

Conseil et Expert sur les Marchés Financiers

 

RDV mardi 3 mai pour le Live du Mardi avec Opinion Internationale

Je m’inscris Mardi 26 avril à 19h sur Zoom : bilan de l’élection présidentielle / Débat « Solutions pour la France « Faut-il créer un McKinsey public au sein de l’Etat ? » avec Patrick Pilcer, Philippe Latombe et des décideurs engagés au coeur de l’actualité.

 

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers