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14H31 - vendredi 11 février 2022

One ocean summit : Persévérer pour préserver

 

À deux mois de la présidentielle intervient le cinquième One planet summit en autant d’années. Le sommet environnemental, initié par Emmanuel Macron depuis 2017, se tient à Brest jusqu’au 11 février et porte exceptionnellement le nom de One ocean summit. Si l’événement est accusé d’exister qu’en vertu d’un exercice de communication, la mobilisation revêtit toutefois l’ambitieux espoir d’impulser la COP15 sur la biodiversité, en avril prochain.

 

Depuis 2020, les sommets pour l’avenir de l’océan n’ont cessé de s’enchaîner. Mais son futur demeure pas moins enchaîné à la bêtise humaine. Des mobilisations viennent cependant tarir cette impression plutôt fataliste, à l’image du One ocean summit, 5e volet du One planet summit. Le titre du sommet, tout comme le choix de la ville hôte, ne laisse guère de doute sur la thématique principale de la mobilisation : le milieu marin.

Elle se tient actuellement à la pointe de la Bretagne, où une vingtaine de chefs d’Etats assistent à une série d’ateliers et forums du 9 au 11 février. Parmi eux, John Kerry, envoyé spécial de Joe Biden pour le climat, et le vice-président Wang Qishan. L’Américain et le Chinois sont très attendus à Brest, les deux pays qu’ils représentent étant les nations contribuant le plus à la pollution plastique mondiale dans les océans.

 

La thématique de l’océan retenue grâce aux scientifiques

L’orientation du sommet, décidée par Emmanuel Macron, tire ses origines du Congrès mondial de l’UICN de septembre dernier, à Marseille. Chercheurs, scientifiques et experts d’organisations internationales ont interpellé le chef d’Etat sur l’importance de l’année 2022 pour la protection des océans. Sensible au sujet, le président de la République a, en réaction, choisi de porter au plus haut niveau des Etats l’inquiétude de la communauté scientifique.

La France affirme par ce biais agir pour que la protection des océans et des terres soit une ambition collective. Les scientifiques estiment que 30 % des aires marines doivent être protégés d’ici 2030 afin que l’océan soit 100 % durable. C’est en tout cas l’objectif que fixe Paris dans le cadre du deuxième volet de la COP15 biodiversité, prévue fin avril à Kunming, en Chine.

 

Premier sommet d’une série d’événements autour de l’océan

Parmi les invités, des dirigeants donc, mais également des chefs d’entreprise, des représentants d’ONG, et même des personnalités du monde maritime. Ce mélange des genres alimente un peu plus l’idée que l’avenir des étendues cyan concerne tout le monde. Et la vague de mobilisation accompagnant le sommet démontre que le sujet sensibilise des acteurs de tout horizon.

« Nous n’avons [néanmoins] pas idée de ce qu’est l’océan », constate Françoise Gaill, directrice de recherche émérite au CNRS qui précise : « Ils occupent pourtant 70 % de la surface du globe ». Contribuer à un changement général d’état d’esprit passe de fait par une compréhension des eaux qui nous entourent. Ainsi, une réunion de l’ONU sur l’environnement se tiendra d’abord fin février. Elle abordera la question d’un accord international sur le plastique, abondant généralement dans les milieux marins. Puis des négociations auront lieu en mars à l’ONU. Ces dernières cibleront un traité pour la haute mer. Enfin, une conférence, de l’ONU encore, se tournera vers le futur des océans à Lisbonne, d’ici fin juin. Et c’est à la charge du One ocean summit d’ouvrir une période cruciale pour l’avenir du véritable or, couleur bleue.

 

Inculquer une prise de conscience

L’océan constituera l’ordre du jour d’au moins quatre grands rendez-vous cette année. Le contenu principal du One ocean summit, qui s’inscrit dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, n’ambitionne pas de tout changer d’un claquement de doigts, mais de susciter un effet boule de neige, poussant ainsi nos dirigeants à dépoussiérer les documents se consacrant aux océans de demain.

Pour ce faire, ces trois journées de forums et d’ateliers serviront au menu : aires marines protégées, culture, économie, éducation et sciences. Les quatre principales entreprises européennes du transport maritime expliqueront entre autres comment elles contribuent à générer une économie de plus en plus « bleue ». Une façon différente de définir une économie dite verte, se rapportant cette fois aux océans.

 

« Régénérer l’extraordinaire et fragile vie océanique »

Les thématiques de surexploitation des écosystèmes et de surpêche seront également au cœur du propos. Toujours dans le souhait d’envisager une transition écologique saine de tous les acteurs économiques. L’événement se clôture ce 11 février, à l’issue d’un échange politique crucial. Emmanuel Macron l’a promis, la séquence politique aboutira en effet sur les Engagements de Brest. Ils seront « une première étape au travers desquels nous nous obligeons durablement à régénérer cette extraordinaire et fragile vie océanique », assure le chef d’Etat dans un édito. L’engagement potentiel de la Chine sera primordial dans le succès du sommet. Il mesurera son écho ainsi que son ampleur.

Cérémonie d’ouverture du One ocean summit 2022. Crédit : Amélie Laurin

En effet, si la pollution plastique concerne tous les pays côtiers, il constitue un fléau dévastateur en Asie. Selon une étude allemande, environ 90 % des déchets plastique retrouvés dans les océans proviendraient en fait de seulement dix cours d’eau asiatiques et africains. En tête du classement : la Chine bien sûr, avec le fleuve Yang-Tsé, considéré comme la poubelle de l’océan.

 

Noé Kolanek