International
07H55 - jeudi 20 janvier 2022

Au Parlement Européen : comme un meeting de campagne pour le Président Macron !

 

C’était le risque : cet exercice de discours inaugural de sa Présidence de l’Union Européenne était certes l’occasion d’affirmer son plan d’action européen, mais aussi de se confronter à des parlementaires Français, actuellement en campagne présidentielle française, et bien sûr contre lui, le réputé favori de cette prochaine échéance.

Après l’accueil d’introduction par la nouvelle Présidente du Parlement, la Maltaise Roberta Metsola, et l’hommage rendu à son prédécesseur, récemment décédé, David Sassoli,  Emmanuel Macron a prononcé, pendant près de 30 minutes, un discours tout à l’honneur des «  valeurs fondatrices » de l’Europe.

L’inventaire prévisible lui permettait d’aborder et d’insister sur ce qui fait la force de l’Union Européenne, cette union qui fait la force justement, cette union qui permet de compter sur la puissance retrouvée continentale, où la France, elle-même, se hisse à une sorte de leadership non avoué.

Il est vrai que dans les clivages droite – gauche, on ne retrouve pas forcément d’analyses si  différentes, et pas davantage chez les candidats à l’élection française, excepté les extrémistes de droite.

Le Président Français allait « rôder » dans ce discours son dispositif argumentaire, tournant fatalement autour de l’Europe pour donner de la force à sa candidature. Cette Union  Européenne est bien l’outil essentiel de coordination des pays sur les grands objectifs classiques : le respect de la Démocratie et de l’Etat de droit (le chef de l’Etat a beaucoup insisté sur ce point), le progrès économique coordonné lui aussi, la Défense européenne pour la sécurité, luttant contre les désordres politiques, le terrorisme, les migrations irrégulières… Et là , on ne peut s’empêcher de penser à l’Afrique et à la souveraineté des peuples, parfois mise à mal.

C’est à ce moment là précisément que l’Afrique a été citée comme étant un axe essentiel et donc en bonne place de la politique Européenne en ce début 2022, avec la perspective du Sommet de Bruxelles entre Union Européenne et Union Africaine (les 17 et 18 Février) qui permettra de travailler, ensemble Européens, à la refondation du partenariat avec l’Afrique, et aussi aux chances de ce New deal économique et financier, pour viser les trois maîtres mots pour le progrès : Education – Santé – Climat ! Le Président en profitait pour annoncer au passage, l’attribution prochaine pour l’Afrique de 700 millions de doses vaccins.

Enfin, les deux autres grands thèmes, jugés insuffisamment favorisés par les parlementaires Français, qui allaient exprimer, par la suite, leur critiques virulentes  : le défi du numérique et surtout le grand défi climatique où la coopération avec Pologne et Hongrie rendrait difficile le travail d’unité en faveur du Climat… comme le relevait sévèrement Yannick Jadot.

Alors c’est vrai qu’à côté de ces ambitions dynamiques en faveur de l’action Européenne, sur tous ces défis et ces objectifs, on ne peut s’empêcher d’entendre les « coincés » de l’Europe essayer de comprendre leur ressenti sur ce que pensent beaucoup d’anti Européens : la méfiance nationaliste de la perte d’autonomie des pays , cet outrancier « carcan » administratif qui freine la dynamique économique , et enfin cette politique assouplie, ou pas assez ferme, sur l’immigration.

Certes, il reste encore aux pro Européens à convaincre, et au Président Macron à argumenter encore, en trouvant des axes de projets répondant aux inquiétudes des acharnés de l’écologie, ou des inquiets pour la souveraineté, ou pour trop de concessions face à Pékin, Washington voire Ankara (« éviter d’être le paillasson de Erdogan » comme le disait avec virulence Jordan Bardella).

Emmanuel Macron concluait habilement son propos en essayant d’imaginer, de faire imaginer ou de croire à ce « rêve tangible qui donnera force et moyens à notre ambition Européenne ».

Cela devra dépasser la campagne électorale française.

 

Alain Dupouy

Alain Dupouy