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12H05 - mardi 28 décembre 2021

Hommage à Desmond Tutu

 

Desmond Tutu est décédé le 26 décembre 2021, à l’âge de 90 ans. Archevêque du Cap de 1986 à 1996, le grand homme proche de Nelson Mandala, a passé son entière existence à prôner la liberté et l’égalité entre tous et toutes. Son travail lui a valu le Prix Nobel de la Paix en 1984, alors que sa pensée se fait connaître dans le monde. Il est l’auteur de la théologie « Ubuntu », basée sur les notions de fraternité et d’humanité, et partagée par Nelson Mandela. 

Dans son livre « Ubuntu, ce que je suis », Emmanuel de Reynal dédie son introduction à la philosophie du célèbre acteur de la réconciliation sud-africaine. Voici le texte.

 

C’est pour rompre avec l’Apartheid et promouvoir la réconciliation nationale en Afrique du Sud que Desmond Tutu et Nelson Mandela ont employé le terme de « Ubuntu ». Un terme Bantou qui réunit les concepts d’humanité et de fraternité, et qui fait de l’altérité la source première de la richesse humaine. Sans l’autre on n’est rien… 

L’archevêque précisait : « Quelqu’un d’Ubuntu est ouvert et disponible pour les autres » car il a conscience « d’appartenir à quelque chose de plus grand ». 

Ubuntu dépeint un idéal de société conciliée, opposée à la ségrégation. C’est pourquoi ce terme était au cœur de la Commission Vérité et Réconciliation présidée par le prix Nobel de la paix, Desmond Tutu. Son but était de transcender l’esprit naturel de victimisation et de restaurer un rapport de sincérité et de confiance entre les citoyens.

Concrètement, les sud-africains ont été invités à s’exprimer dans des forums afin qu’ils puissent retrouver leur dignité. Ils se sont exprimés sur les exactions commises au nom du gouvernement mais également celles commises au nom des mouvements de libération nationale. Leurs auteurs ont donc été appelés à se repentir devant leurs victimes. Et en échange de leur confession publique, ils ont pu obtenir une amnistie pleine et entière. Cette démarche audacieuse et salutaire a été rendue possible grâce au message Ubuntu, mais aussi parce que les protagonistes étaient vivants. Ce sont bien les victimes réelles qui ont parlé à leurs vrais bourreaux, et inversement.

Sous la prodigieuse impulsion de Nelson Mandela, de Frederik de Klerk et de Desmond Tutu, les Africains du Sud ont su « se dépasser » pour se réconcilier ; ils sont parvenus à s’affranchir de leurs étiquettes respectives, à redevenir des personnes fortes de leurs liens et à retrouver le chemin de la confiance.

Le 10 décembre 2013, le président Américain Barack Obama rendait ainsi hommage à Nelson Mandela pour ses funérailles : 

« Enfin, Mandela a compris les liens qui unissent les esprits des hommes. Il y a un mot en Afrique du Sud – Ubuntu – qui décrit sa plus grande contribution : il a reconnu le fait que nous sommes tous liés les uns aux autres d’une façon que l’œil ne peut pas voir ; il y a une unité pour l’humanité ; c’est en partageant avec les autres et en nous occupant de ceux qui nous entourent que nous nous réalisons. Jamais nous ne pourrons savoir quelle part de cette idée était innée en lui, et quelle part s’est peu à peu façonnée dans l’ombre et la solitude de sa cellule. Mais nous nous rappelons ses gestes, les grands et les petits, lorsqu’il a accueilli ses geôliers comme des invités d’honneur lors de son investiture, lorsqu’il a pris place sur le terrain en uniforme de Springbok, lorsqu’il a transformé le déchirement de cœur de sa famille en un appel à affronter le SIDA – voilà qui a révélé combien profondes étaient son empathie et sa compréhension. Il n’a pas seulement incarné l’Ubuntu ; il a enseigné à des millions de personnes comment trouver cette vérité en elles-mêmes. Il fallait un homme comme Madiba pour ne pas libérer seulement le prisonnier, mais aussi le geôlier ; pour montrer que vous devez faire confiance aux autres pour qu’ils aient confiance en vous ; pour enseigner que la réconciliation ne consiste pas à occulter un passé cruel, mais à l’affronter avec un esprit d’accueil, de générosité et de vérité. Il a changé les lois, mais également les cœurs. »

Ubuntu nous enseigne que nous sommes tous interdépendants, et que nous devons nous conduire avec le sens de la responsabilité universelle. Que nous devons ce que nous sommes aux autres, à ceux qui sont en lien avec nous maintenant, mais aussi à ceux du passé qui, vie après vie, construisent l’humanité d’aujourd’hui. 

Dès lors, qui suis-je ? Si ce n’est chaque maillon de cette longue chaîne du temps ? Qui suis-je ? Si ce n’est aussi toutes celles et ceux qui m’ont précédé sur la grande trame de l’histoire ? Tous ces ancêtres qui m’ont transmis leur part d’humanité ?

Ce que je suis, je le dois à mes lointains aïeux. A Graak, à Rigo, à Saül et à tous les autres… 

La suite dans « Ubuntu, ce que je suis », de Emmanuel de Reynal. Publié aux Éditions L’Harmattan.

 

Emmanuel de Reynal

Emmanuel de Reynal est un acteur engagé dans la vie économique et sociale de la Martinique. Publicitaire reconnu, membre de l’association Tous Créoles, ancien président de Contact-Entreprises, il est l’auteur de deux ouvrages :

– « UBUNTU, ce que je suis » publié aux éditions L’Harmattan en 2020

– « RECTA LINEA » publié aux éditions du Panthéon en 2021.

 

 

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