International
14H46 - lundi 26 avril 2021

Déni de procès à Sarah Halimi : le Grand Affaissement. La chronique de Jean-David Benichou

 

La décision de la Cour de cassation affaisse les fondements de la République Française.

L’arrêt qui conclut à l’irresponsabilité pénale du meurtrier de Sarah Halimi, une mère de 3 enfants, citoyenne exemplaire, sexagénaire, assassinée dans la plus grande des violences, parce que juive, par un musulman noir, trentenaire, repris de justice multi-récidiviste, oisif, consommateur invétéré de cannabis depuis l’âge de 16 ans, au motif d’une bouffée délirante aiguë, altère les principes fondateurs de notre pays, à commencer par celui de l’Egalité.

Egalité ?

Cette promesse qui orne le fronton de nos institutions, c’est celle de l’égalité de tous les citoyens face à la loi. Pourquoi ce principe premier est il menacé en son fondement? Et bien car il suffit d’envisager un scénario inverse. Une mère de famille noire, musulmane, exemplaire, sauvagement assassinée par un catholique blanc trentenaire, souvent condamné, sans emploi, toxicomane depuis son adolescence et qui tue au cri de « Jésus est notre sauveur, j’ai tué le Malin ». Ce crime horrible, qui aurait fait descendre dans la rue des millions de français révoltés par la violence raciale, commise au nom d’une foi pervertie, un crime au relent colonial odieux, d’un blond sur une brune, d’un catholique sur une musulmane, ce tel crime, aurait-il laissé le choix aux magistrats suprêmes, de dire que en droit, et bien non, cet assassin n’est pas responsable pénalement car victime d’une bouffée délirante aiguë au moment de passer à l’acte?

Chacun se fera son opinion, mais il est plausible de croire qu’en pareil cas, face au risque d’embrasement de la nation, les juges n’auraient pas pris le parti d’analyser restrictivement en droit. Ils auraient, à juste titre, pris le parti d’interpréter le droit pour le rendre conforme à son objectif essentiel de maintien de la paix et de l’ordre civil et auraient dit, en toute logique, que la consommation délibérée de stupéfiants ne peut pas être une circonstance atténuante car elle provoque délibérément une altération du discernement, et que bien sur, cet homme doit être jugé pour son crime et condamné par un jury populaire.

Liberté ?

Il n’y a de liberté publique que parce qu’il y a une justice implacable qui s’impose à tous.

Le droit à la vie est indissociable de la condamnation de l’homicide. Tel n’a pas été le cas longtemps où la loi du plus fort prévalait et où les plus faibles étaient exterminés.

Le meurtre est même la seule raison pour laquelle la loi a longtemps conféré à la justice le droit à condamner à la peine de mort. Son abolition a été remplacée par une très longue période de privation de liberté, parfois jusqu’au décès du condamné.

Mais lorsque que l’auteur d’un crime antisémite établi échappe au jugement pour un motif dont le fondement se cache dans les méandres des non-dits du droit, quand les hauts magistrats se perdent dans l’exégèse de la Lettre au détriment de l’Esprit, alors nous assistons à l’affaissement de cet autre pilier républicain qui porte le nom de Liberté.

Car comment interdire lorsque l’on ne sanctionne plus ? Comment garantir les libertés publiques si l’on absout de leur responsabilité les criminels les plus abjects ? Et surtout, si la prise de stupéfiants est désormais une circonstance atténuante, à combien de révisions de procès devons-nous nous attendre ??

Fraternité ?

Notre pays traverse sa crise identitaire la plus grave. Les 55 000 cathédrales, églises et prieurés de France se vident, alors que les 3000 mosquées débordent et que les 300 synagogues se dépeuplent. A la place, nous transportons dans nos mains des temples digitaux qui nivellent la culture à coup de stories, détruisent l’esprit critique, abolissent la nuance et atrophient la curiosité. Quand la science devient un complot et un complot une vérité révélée, que la croyance l’emporte sur la connaissance, peut-on s’étonner que cette Fraternité explose, qu’un homme abatte sa voisine car il voit chez elle des symboles contraires à sa propre foi, qu’un décérébré décapite un professeur et qu’un meurtrier soit déclaré irresponsable car camé lors de son crime?

Quelle tragédie de voir la résurgence de l’obscurantisme au pays des lumières.

Le président E.Macron a réagi avec célérité. Prenant acte de l’arrêt et de ses conséquences insupportables, il a demandé au garde des sceaux de déposer sans délai un texte pour réformer le statut juridique de l’irresponsabilité pénale. Il faut rappeler à cet égard que dès le 8 Janvier 2020, la sénatrice Nathalie Goulet avait déjà déposé un projet de loi dans ce sens…

A défaut d’apporter à la famille de la défunte un procès réparateur, puisse ce changement législatif porter le nom de Sarah Halimi pour que jamais l’on oublie que l’objectif ultime de la loi est de protéger les faibles et les minorités en privant les forts et les majorités de toute impunité.

Car c’est la condition déterminante pour que la société vive en toute liberté, égalité et fraternité et que le socle de la République demeure solide.

 

Jean-David Benichou

Président Elnet France. www.elnetwork.eu

 

 

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