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05H31 - samedi 6 mars 2021

Nos grands-mères méritent plus qu’une journée et un bouquet

 

N’avez-vous pas oublié la Journée des grands-mères demain 7 mars 2021 ?

Vous le savez, si vous avez eu la chance d’en avoir une, petits, une grand-mère, c’est l’indulgence et la complicité, c’est la consolation, un sourire assuré. C’est la tendresse gratuite. C’est un bisou sur un bobo, pour oublier tous ses maux. C’est une oreille où déverser ses doutes et ses chagrins. Ce sont des mains ridées, tachées par les années, si douces quand elles caressent. Des visites au musée et des sorties au parc, des heures à jouer à la bataille, ou à regarder en cachette des émissions de télé, contre l’avis des parents… Ce sont vos biscuits préférés qui vous attendent toujours dans son garde-manger. Les tartines de confiture les plus savoureuses au monde. Pas besoin de faire compliqué. Et sa purée ? Ah sa purée ! Avec ses sillons irrigués de la sauce de poulet. Vous en rêvez encore, de longues années après. Pas la peine de chercher. Vous ne retrouverez jamais leur goût d’enfance et d’amour mêlés. D’amour inconditionnel. Ni cette sensation de paix et de sécurité. Avec les vieux, les enfants sont presque à égalité. Bien sûr, nous gardons tous des souvenirs différents, pour certains ils sentent le tajine, pour d’autres le pot au feu ou le riz cantonais, mais vous m’avez comprise. …

Puis un jour, on n’a plus le temps. On est grands maintenant. Bien sûr, on ne l’oublie pas, notre grand-mère chérie – et pas seulement pour sa purée – mais on espace les visites. Parce qu’on est occupés, qu’on a plus important à faire, et plus intéressant, qu’un goûter ou des parties de cartes. Et plus urgent aussi. Désormais, notre grand-mère, on la voit pour les fêtes et aux grandes occasions. Au mariage du cousin, on passe s’asseoir à sa table. La larme à l’œil, on se souvient. Elle nous rappelle nos drôles de phrases, nos coquineries et nos exploits. Elle qui perd la mémoire n’oublie pas un détail de ce qui nous concerne. Elle nous suit à distance. Et ne nous reproche rien. Mieux – ou pire ? – elle est fière de nous. De nos accomplissements.

D’un baiser léger sur la joue, elle nous libère bientôt de notre mauvaise  conscience. « Va t’amuser avec les jeunes, profite, nous ordonne-t-elle. Tu ne vas pas traîner avec moi toute la soirée. » Nous rechignons pour la forme. Nous savons, elle le sait aussi, que nous lui obéirons. Et nous la laissons à sa table avec les restes dans les assiettes. Ainsi, les années passent et notre grand-mère, pas. Non. Elle est toujours là. Elle sera toujours là.

Puis, la Covid 19 déboule arrachant nos grands-mères éternelles à nos vies. Au gré de son envie. Et soudain, nous réalisons qu’un jour, dans pas si longtemps, notre grand-mère nous manquera. Et rien qu’à y penser, elle nous manque déjà. Qu’au fond, c’est elle, l’urgence. Parce que son temps est compté. Alors nous lui téléphonons, le plus souvent possible, pour prendre de ses nouvelles. Pour lui rappeler que nous l’aimons. Pour alléger quelques instants le poids de sa solitude – comme si elle datait d’aujourd’hui –, de notre culpabilité. Et quand nous raccrochons, nous jurons de ne plus jamais la négliger. Nous le pensons. Nous y croyons. Attention aux promesses d’ivrogne, au retour à la normale, et au naturel qui alors pourrait revenir au galop. Aussi, ne serait-il pas judicieux, pour bien nous prémunir contre d’éventuelles, et probables, rechutes, d’ancrer cet engagement dans la réalité, de le traduire en projets, en actions, en concret ? Oui mais quoi ? Et comment ?

Calant, moi-même, sur le sujet, j’ai demandé des idées à Maxence Petit, cofondateur et président de la société Colivio*, qui a fait du bien-être de nos grands-mères (et grands-pères) sa mission quotidienne.

Maxence Petit : L’essentiel est de se donner les moyens de ses envies. La vie attire la vie. Alors, il faut inventer des raisons de se rencontrer, des activités communes. Cuisiner par exemple…

  • Une bonne occasion de récupérer la recette de votre plat préféré, vous vous rappelez, la purée ? –

MP : … organiser une balade, une sortie au cinéma, faire des travaux dans la maison, s’impliquer concrètement dans la vie de nos aînés. Cela peut vouloir dire aussi en appeler à leur sagesse, en leur demandant conseil, faire un travail de mémoire. La transmission, c’est important. Autrement dit, les rencontres ne doivent pas se résumer à attendre que le temps passe en se regardant dans les yeux ou feuilletant des albums photo. Dans ces moments partagés, tout le monde trouve son compte. Et cela donne envie de se retrouver encore et plus souvent.

Pas mal pour commencer. Il ne nous reste qu’à adapter ces suggestions aux intérêts et capacités de chacun.

* Colivio établit des communautés à taille humaine pour les personnes âgées où elles peuvent se rencontrer et créer de vrais liens. Elles y sont accompagnées par des professionnels qui les soutiennent dans les limites de leurs besoins, et veillent à préserver leur autonomie le plus longtemps possible : https://www.colivio.fr

Catherine Fuhg

 

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