International
12H14 - mardi 2 mars 2021

1er mars 2021, quand la justice enterra l’Etat de droit en se payant la tête de Sarkozy…

 

Dans l’affaire Sarkozy et autres, les étudiants trouveront un vrai cas d’école.

Avec plusieurs enseignements.

  1. Le premier, c’est le rappel de la formule de Machiavel. « Caresser les hommes ou les occire, mais ne jamais les menacer (ou les ridiculiser) ».

Sarkozy, alors président, a commis deux crimes – pas ceux qu’on lui reproche- en oubliant que la magistrature est une matière durable, alors que les élus sont par définition, éphémères, réduits à leur mandat. Ce procès n’aurait jamais eu lieu s’il était encore président, c’est une lapalissade.

Le premier crime, c’est de s’être moqué des juges, en les traitant de « petits pois », tant ils – ou plutôt elles (sur 100 nouveaux juges, 87 % de femmes) – sont formaté(e)s par une école, située dans la province de la « Nouvelle » Aquitaine et toutes issues des classes moyennes provinciales ; ces classes qui travaillent, épargnent, ont constitué leur robe en forteresse inexpugnable et n’oublient rien.

Le second crime, c’est la ministre de la justice de Sarkozy, non issue des classes moyennes, une femme courageuse, Madame Rachida Dati, qui l’a commis. Elle a osé, encouragée par le président Sarkozy, prendre deux décisions qui ont insupporté les juges.

  1. Modifier la carte judiciaire. Le sujet restait en plan depuis… 1958. On a osé améliorer l’adéquation entre la répartition de la population et celle des tribunaux. En un mot, on a fermé les tribunaux de Troussouillis-les-Oies et Coude-sous-la Main pour renforcer ceux d’Evry, Nanterre, etc. Les juges, qui étaient des notables à Troussouillis et Coude, se sont retrouvés locataires à La Garenne-Colombes.
  2. Faire voter les peines plancher. Tout le monde le sait, une peine peut être virtuelle. Nombre de condamnés – notamment dans le domaine de la « petite » délinquance » (« petits » vols, « petits » deals de stupéfiants) échappent à la répression puisqu’ils recommencent et même, narguent les policiers à la sortie du tribunal. Ce n’est pas drôle : nombre de suicides de policiers s’expliquent par ce monde de l’inversion. Avec la réforme Sarkozy, la récidive envoyait à l’ombre.

En un mot, Sarkozy est détesté, voire haï par nombre de juges et en particulier, le syndicat de la magistrature. Le « mur des « cons » a fait rire, un peu comme un « dîner de cons ». Mais on peut citer plusieurs cas de magistrats (à commencer par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, qu’on disait proche de Sarkozy) ostracisés, déplacés, voire sanctionnés pour n’avoir pas suivi la doxa qui, aujourd’hui, règne sur la magistrature. La photo de Courroye – et d’autres- ornaient ce « mur des cons ». En Chine maoïste, les gardes rouges, utilisant la même méthode, avaient commencé par en rire, puis avaient craché sur les photos. Pour, à la fin, exécuter les suspects dans des conditions ignobles… 

Mais oublions maintenant la personnalité, voire la politique judiciaire de Nicolas Sarkozy, et cantonnons-nous aux faits et à leur catégorisation.

C’est très simple : la justice trouve normal qu’on ait violé deux secrets professionnels. Et c’est tout.

 

Le secret professionnel entre client (Nicolas Sarkozy) et avocat (Thierry Herzog). Comme souvent, on a privilégié l’anecdotique (Paul Bismuth, ça fait rire) et oublié que des Cités entières connaissent – en toute impunité, parce que ce n’est pas interdit ! – ce transfert de téléphones portables d’une main à une autre. N’avez-vous jamais prêté votre téléphone à un proche, en panne de batterie, ou qui avait égaré le sien ?

Oublions ces bêtises, ces mesquineries, pour en arriver au plus grave : adossés à un arrêt de la Cour de cassation que le Barreau français – et c’est à son honneur – n’a jamais avalisé, on trouve normal la violation du secret professionnel entre client et avocat. Celui-ci est total. On a juste oublié les petits détails. 

La robe des avocats est une robe de prêtre : ça plaît, ça ne plaît pas, mais c’est une réalité historique. Saint Yves, patron des avocats, était au Moyen Age prêtre et était avocat. On peut citer des prêtres exerçant aujourd’hui cette profession. La robe d’avocat, noire comme celle des prêtres, comporte 33 boutons, qui correspondent à l’âge du Christ, ce condamné. En un mot, cette robe n’est pas un simple « vêtement de travail ». Elle a un caractère sacré. Oui, on sait, le mot n’est plus à la mode…

Les juges ne voient pas, aveuglés par la volonté de percer « les secrets », « l’omerta », « faire régner la transparence », « en finir avec la corruption », etc. qu’ils détruisent l’édifice sur lequel ils règnent.

 

Le secret religieux du délibéré(Azibert). C’est peut-être la pire des choses qui vienne de se produire.

Et, souvenons-en bien dans quelques mois, quelques années : celle-ci est sans retour.

En France, les tribunaux sont, souvent, collégiaux. C’est à dire composés -le plus souvent- de trois juges.

Une fois que les justiciables, témoins, etc. se sont exprimés, que l’accusation a accusé et que la défense a défendu, les trois juges se retirent dans une pièce close, interdite d’accès, pour délibérer et prendre une décision.

La chambre des délibérés : les juges sont tenus, à vie, de ne pas révéler ce qui s’y passe. On nommait ce secret « religieux », il n’y a pas encore si longtemps. Le respect de ce secret fait partie du serment des magistrats.

Dans l’affaire Sarkozy, des juges d’instruction ont voulu savoir ce que les collègues d’Azibert, magistrat, avaient entendu de sa bouche pendant des délibérés.

Cette fois, c’est clair, on a détruit les principes sur lesquels reposait notre Etat, dit de droit.

Et c’est sans retour, puisqu’on a avalisé ces méthodes.

Le 1er mars 2021 est une date historique : il n’y a plus d’Etat de droit en France.

Faut-il le rappeler ? Un Etat de droit, c’est un monde où les secrets professionnels, l’intimité des citoyens, le secret des juges, sont sacrés. Les Constitutionnels, dès 1789-90, utilisaient ce mot : « sacré ».

Les juges d’aujourd’hui piétinent le sacré.

Juridiquement, la motivation est une totale aberration : le soi-disant pacte de corruption est du domaine des actes préparatoires. Mais la Cour d’appel tranchera…

Mais oublions le droit.

2022, présidentielles. Sarkozy inéligible… 

On l’a bien compris, les juges ne font pas de politique… Le journal extrémiste « Le Point » s’intéressant (avant le jugement du 1er mars) au PNF (parquet national financier) démontrait la dérive politique. Notre collègue est dans une erreur totale, n’est-ce pas ? 

 

Claude Marcel

 

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