Edito
10H44 - lundi 11 janvier 2021

Twitter, Facebook, Google… : les nouveaux dictateurs ? L’édito de Michel Taube

 

« Les 75 millions de grands patriotes américains qui ont voté pour moi (…) ne seront méprisés ni traités injustement » ? Ce fut le dernier tweet de Donald Trump, avant que Twitter et son patron Jack Dorsey, que les trumpistes disent proche des « antifas », donc de l’extrême gauche (caviar, en l’occurrence), décident de clôturer définitivement le compte de celui qui est encore président des États-Unis. 

Que le cœur de Twitter, comme celui des entreprises de la « tech » américaine, batte à gauche (très très très caviar) ne fait plus débat. Sur les campus américains souffle un vent d’extrême gauche, avec toutes les dérives qu’il charrie. Même les grands médias traditionnels, comme CNN ou le New York Times, sont imprégnés de cette idéologie. Le grand quotidien newyorkais n’avait-il pas laissé entendre que l’islamiste abattu après avoir décapité Samuel Paty fut victime d’une bavure policière ? Et que dire de la manière dont ces médias considèrent notre laïcité ? 

Donald Trump fut une erreur de casting dont les Démocrates, méprisants et élitistes, sont les principaux responsables. Ses quelques réussites, tant intérieures qu’internationales, en matière économique ou au Moyen-Orient, les horripilent. L’affaire du Capitole leur donne une opportunité bien lâche de l’abattre. Jean Luc Mélenchon n’a-t-il pas appelé à l’insurrection, donc à renverser Emmanuel Macron, au plus fort du mouvement des Gilets jaunes ? A-t-il été censuré par Twitter ? Durant son mandat, les innombrables tweets de Trump, parfois à la limite du délirant, ont contribué au succès de ce réseau. Quelle hypocrisie donc !

Si la censure de Donald Trump peut, très éventuellement, relever de la saine modération, alors pourquoi ces réseaux, notamment Twitter, laissent-ils la haine islamiste se répandre, notamment en France ? Samuel Paty l’a payé de sa vie. Pourquoi Twitter ne ferme pas les comptes du président malaisien, qui appela au meurtre de Français, celui du président turc Erdogan, qui est sur la même ligne, ou celui du guide de la révolution iranienne, l’ayatollah Khamenei, leader d’un régime qui organise le terrorisme, veut détruire physiquement ses ennemis, notamment en cherchant à acquérir l’arme nucléaire, même s’il s’en défend ? Et la frange ultra du mouvement Black lives mater aux États-Unis, comme des indigénistes en France, ouvertement racistes vis-à-vis des Blancs : pourquoi Twitter et consort ne les censurent pas ?

Google, Twitter, Facebook… Ils ont acquis une position dominante qui, en théorie, devrait conduire le gouvernement américain à les démanteler. Mais il ne le fera pas, du moins tant que ces réseaux partagent leur idéologie. Leur céder le droit de décider qui peut s’exprimer et ce qu’il peut dire est un danger mortel pour les démocraties, les idées, la liberté. Car ces réseaux sont le contraire de l’incarnation de la morale, de la démocratie et du droit. Marc Zuckerberg, fondateur de Facebook, dut comparaitre devant une commission parlementaire américaine pour la violation permanente de la vie privée, et l’utilisation abusive des données collectées. Par le truchement de la société Cambridge Analytica, Facebook a contribué à l’élection de Donald Trump, ironie de l’Histoire, mais aussi au Brexit, drame européen majeur. Facebook, et dans une large mesure les autres géants américains du net, bafouent, au mieux en le contournant ou en s’en accommodant, le droit européen de la protection des données à caractère personnel. Ils nous décryptent, nous analysent, nous connaissent mieux que nous nous connaissons peut-être nous-mêmes. Par l’analyse de nos comportements en ligne, des sites sur lesquels nous nous connectons, des recherches que nous effectuons, des messages que nous émettons, des vidéos que nous regardons, ils savent comment nous vivons, quels sont nos problèmes, y compris de santé, nos goûts, nos idées, nos aspirations. Et ce, sans que nous en soyons parfaitement conscients, ce qui est une faute morale, politique et juridique. 

La nudité, même artistique, est censurée par des réseaux sociaux, notamment Google et sa plateforme vidéo YouTube, pour « non-conformité aux valeurs de la communauté », un mensonge aussi gros que les fake news de Trump. Les égorgements islamistes ne leur posent en revanche guère de problèmes.

Les excès de la nouvelle gauche moralisatrice américaine et des réseaux sociaux qui la soutiennent pourraient déclencher une réaction, un retour de flammes. En Europe, il faudrait démanteler les GAFAM, et fermer la porte à leurs équivalents chinois. Puisse cette affaire, l’affaire Twitter et non plus l’affaire Trump, convaincre les Européens de développer leurs propres alternatives. En attendant, notre droit doit s’appliquer sans faiblesse à l’égard des plateformes numériques. Les messages et publications contraires à notre droit (et non leur charte ou idéologie) doivent être retirés sur-le-champ par les réseaux sous peine de poursuites pénales et de fermeture pure et simple. Ces entreprises ont l’énorme toupet de se considérer comme responsables de rien, car elles ne seraient que des tuyaux et non des éditeurs, mais s’autorisent à censurer ceux qui ne pensent pas comme elles.

Nous vivrons très bien sans Twitter et Facebook, et même Google, ces nouveaux censeurs. Les empêcher de nuire ne pourra que nous inciter à développer des outils analogues et à bâtir une société plus démocratique et non anarchisante.

 

Michel Taube 

 

 

 

 

 

 

 

Directeur de la publication