Edito
11H59 - mercredi 30 décembre 2020

Covid : qu’attendent Jean Castex et Olivier Véran pour se faire vacciner en public au côté des plus vulnérables ? L’édito de Michel Taube

 

Olivier Véran sur le plateau de France 2 mardi 29 décembre 2020. (©Capture France 2)

5 millions de personnes étaient déjà vaccinées dans le monde hier. Et Mauricette en France ! Pardon 131 personnes hier ! Triste record !

Le nombre de Français vaccinés est si insignifiant qu’il n’apparaît pas dans les statistiques internationales. Il est inférieur à 0,0001 % ! Ce taux était de 0,06 % dans le monde, 0,05 % en Allemagne, 0,64 % au Etats-Unis, 1,18 % au Royaume Uni, 3,23 % au Bahreïn et 5,68 % en Israël, où vient de débuter un troisième confinement, et où la réticence de la population à se faire vacciner fut contournée par la mise en place d’un passeport vaccinal, également envisagé en France. Mais au premier cri d’orfraie des pseudo grands défenseurs des libertés, Olivier Véran a rétropédalé. 

Hier, notre salut devait venir du vaccin et permettre le retour à la vie normale (ce qui est vrai) et aujourd’hui, des élus réclament un nouveau confinement, en guise de stratégie de prévention. Hier, nous devions aussi terrasser l’islamisme et le séparatisme. Aujourd’hui, on se contentera de renforcer les principes républicains. Le courage politique ne sera décidemment pas la marque de la présidence Macron.

A moins que les lenteurs vaccinales de la France cachent mal une nouvelle faille logistique et une pénurie de vaccins comme nous les avons connus avec les masques ? Un nouveau scandale sanitaire en vue.

Finalement, n’avons-nous pas les dirigeants que nous méritons ? C’est souvent ce que l’on dit des démocraties, et c’est particulièrement navrant pour la France. Mais si nous attendions le vaccin comme d’autres le Messie, pour être finalement 60 % à le refuser, c’est soit que nous sommes un peuple de schizophrènes, soit que les qualités et vertus de nos responsables publics sont inversement proportionnelles à leur propension à l’autocongratulation. A moins que ce soit les deux…

Nous avions, en 2017, souhaité qu’on ne s’acharne pas sur le nouvel élu jupitérien avant qu’il ait eu une chance de faire ses preuves. Nous avions salué le discours pragmatique et décentralisé de Jean Castex à son entrée à Matignon, tout comme la détermination d’Olivier Véran de terrasser la bureaucratie sanitaire pour mieux terrasser le coronavirus. Aujourd’hui, l’attitude de l’exécutif face au vaccin est vraiment désespérante. 

On pouvait s’attendre à ce que l’extrême droite et ses supporters plus ou moins avoués, quand ils ne véhiculent pas des thèses complotistes, s’érigent en pseudo défenseurs du droit de ne pas se vacciner, prétendument au nom du principe de précaution, des libertés individuelles (quel comble venant de crypto-fascistes) ou du défaut d’explications sur les risques de la vaccination. Mais on aurait pu espérer que tout le gouvernement se fasse publiquement vacciner, en commençant par le Premier ministre et celui de la Santé (le Président, récemment contaminé, est probablement immunisé). Ils osent laisser entendre que cela serait interprété comme un passe-droit, et que comme les autres Français, ils attendraient leur tour pour être vacciner. Bien sûr qu’ils attendent aussi au feu rouge, quand ils sont en voiture ! Quelle hypocrisie ! 

Revenons au vaccin… Nous avons cru comprendre que les autorisations de mise sur le marché et les livraisons de vaccins étaient organisées à l’échelle européenne. Pourquoi la France accuse-t-elle, une fois encore, un tel retard ? Parce qu’il faut que 25 petits sous-chefs de chaque administration, de chaque EHPAD, de chaque hôpital, de chaque service apposent leur signature en bas de l’autorisation de vacciner ? A moins que la France soit, d’une certaine manière, en avance, car les vaccins déjà livrés ne trouvent pas preneurs dans les EHPAD, où les soignants donnent eux-mêmes le très mauvais exemple en refusant majoritairement de se faire vacciner ? Cela mériterait d’être qualifié de faute professionnelle grave. Mais alors ils pourraient se mettre en grève !

Près de cinq millions de personnes ont déjà été vaccinées dans le monde, dont plusieurs chefs d’Etat, y compris le président américain élu Joe Biden et la vice-présidence élue Kamala Harris. Les quelques réactions allergiques, au demeurant sans gravité, qui ont été répertoriées, démontrent que ce vaccin n’est pas plus dangereux que ceux que l’on administre obligatoirement à chaque nouveau-né en France. A quand une manif de bébés pour crier à cette atteinte aux libertés ?

60.000 morts, des centaines de milliers de chômeurs, un tiers des cafés et restaurants en passe de déposer leur bilan, des secteurs entiers sinistrés, un troisième confinement attendu. Ceux qui comme Opinion Internationale effectuaient des projections en février dernier, laissant entrevoir que le cap des 100.000 morts serait probablement dépassé, et que la crise pourrait nous valoir des millions de nouveaux chômeurs et un appauvrissement général de la France est des Français, étaient au mieux traité d’oiseaux de mauvais augure. 

Combien de morts, combien de faillites, combien de licenciements, combien de dépressions, de suicides faudra-t-il pour les responsables publiques mettent toutes leurs forces dans cette guerre (n’est-ce-pas Monsieur le Président) alors que nous avons enfin les moyens de la gagner avec les vaccins ? Qui sont donc ces imbéciles, ces abrutis, ces démagogues, qui osent affirmer que le vaccin n’est pas la panacée, qu’il n’est qu’un outil parmi d’autres. Quels autres ? Le confinement ? Le couvre-feu ? Ce n’est plus de l’irresponsabilité. C’est de la folie. 

Le fait qu’il ne soit à ce jour pas démontré qu’une personne vaccinée ne peut transmettre le virus renforce la nécessité d’une vaccination prompte et massive. Il faut que l’on sorte de ce film d’horreur qu’est devenue le Covid-19. Quitte à passer par une obligation de se vacciner, lorsque le vaccin sera disponible en quantités suffisantes. En attendant, messieurs Castex et Véran, et tout le gouvernement, les chefs de services de réanimation et les élus qui réclament des confinements à répétition, donnez l’exemple : faites-vous vacciner en public au côté des publics vulnérables !

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

Directeur de la publication