International
09H41 - dimanche 12 juillet 2020

Haïti sortira-t-elle de l’obscurité ? Un reportage sur la guerre de l’électricité à Port-au-Prince.

 

Retour sur les révélations du reportage « Haïti, de l’ombre à la lumière » diffusé sur la chaîne française Imineo, qui se penche sur des faits de corruption et de détournements du principal opérateur privé dans l’électricité, que le Président Jovenel Moïse a décidé de combattre.

Voilà un reportage qui sort des sentiers battus et apporte un éclairage nouveau sur les spoliations à répétition que subit Haïti, et qui condamnent le pays à la pauvreté, en plus d’être victime de catastrophes naturelles régulières et d’une instabilité politique chronique. « Haïti, de l’ombre à la lumière », qui a défrayé la chronique aux Caraïbes, se focalise notamment sur un fléau qui mine le pays et freine son développement : la pénurie d’électricité, qui prive les trois quarts de la population d’une ressource essentielle à l’activité économique et au développement.

 

Corruption et contrats léonins

En quinze minutes, ce reportage dissèque les rouages d’un scandale d’État découlant du contrat de sous-traitance de production d’électricité en mars 2005 et met en lumière les dérives d’acteurs privés, à commencer par la Sogener, le principal producteur d’électricité du pays, ayant mené à une explosion du coût de l’électricité sans pour autant percevoir une amélioration du taux d’électrification.

De ces abus, longtemps subis par les Haïtiens, est née la Commission de pilotage du secteur de l’énergie, avec comme mission principale de comprendre pourquoi l’État doit verser près de 200 millions de dollars de subventions annuelles à EDH pour des résultats aussi médiocres.

La Commission a permis de mettre à jour un vaste système de surfacturation ayant par exemple permis à la Sogener de n’investir que 30 millions de dollars en quinze ans. Une broutille, comparée aux 1,12 milliard de dollars de chiffre d’affaires réalisés sur la même période. Une injustice permise par des contrats aux clauses léonines signés par l’État, représenté par le Président de la République de l’époque et la Sogener, représentée, entre autres, par l’épouse de l’ex-Président René Préval.

 

La lutte de l’Etat contre les oligarques

Faute de pouvoir rompre ces contrats sans faramineuses contreparties, l’État haïtien a ainsi décidé de reprendre les centrales Varreux 1 et 2, exploitées par la Sogener. Mais la reprise en main d’un secteur aussi stratégique n’est pas sans risque. « Depuis 1986, tous ceux qui ont tenté de réformer l’économie ou parfois même seulement certains aspects de l’économie, comme le trafic, ont été victimes de coups d’État », assure Louis Naud Pierre, sociologue haïtien. Ce fut le cas des Présidents Leslie Manigat en 1988 et Prosper Avril, deux ans plus tard.

Avec le temps, les méthodes changent mais l’objectif reste le même : faire pression sur les décideurs publics pour conserver un statu quo très avantageux. Ce fut le cas peu après, avec l’épisode « pays lock » – ou pays « bloqué » en créole – lorsque l’opposition, opportunément soutenue par certains oligarques, a appelé la population à rester chez elle, entraînant la fermeture des écoles et, par ricochet, de nombreux commerces. Pendant trois mois, barricades et violences ont empêché la libre circulation des personnes et des biens à travers l’ensemble du pays, coupant ainsi les provinces de la capitale.

 

L’État haïtien mise sur le renouvelable

Changement de ton dans la seconde partie du reportage, consacrée aux principaux chantiers menés par le Président Jovenel Moïse, qui a érigé l’indépendance énergétique et la remise en état des routes en priorités de développement. L’occasion de rappeler que l’État haïtien mise désormais sur l’énergie solaire et hydraulique, qui devraient permettre au pays de retrouver la lumière et de contourner les compagnies d’électricité privées déficientes, alors que 80 % des communes sont dépourvues de réseau électrique.

La centrale solaire de Marchand-des-Salines, au nord de Port-au-Prince, ou le barrage hydraulique de la rivière Marion illustrent ces grands projets qui permettent de passer outre les entreprises épinglées par le rapport de la Commission de pilotage du secteur de l’énergie.

Au final, on retiendra le contrechamp nécessaire sur les dérives de certaines élites haïtiennes. Alors que l’affaire PetroCaribe défraie la chronique depuis deux ans, les accusations visant Jovenel Moïse en ont presque fait oublier les scandales de corruption et la mainmise de certains oligarques sur les affaires de l’État, privant les Haïtiens de ressources essentielles et bloquant la prise de décision au niveau parlementaire.

Le propos gagnerait à être élargi aux autres personnalités qui alimentent une stratégie de déstabilisation. À l’heure des comptes, il serait en effet intéressant de se pencher sur certains agissements dans les hautes sphères haïtiennes.

Des oligarques comme Dimitri Vorbe, vice-président de la compagnie Sogener, poursuivi par la justice haïtienne pour corruption sur son contrat d’opérateur électrique, et actuellement en fuite selon plusieurs sources, les frères Boulos, Reginald, homme d’affaires devenu candidat à la présidentielle, et son frère Rudolph, mènent une guerre déstabilisation du chef de l’Etat, et à travers lui de l’Etat, sur le dos des rares deniers publics.

 

Michel Taube

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