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06H00 - vendredi 26 juin 2020

Le bilan d’Anne Hidalgo (et de l’Etat) : la Seine Saint-Denis commence à Stalingrad.

 

Au cœur du 19ème arrondissement de Paris, les quelques kilomètres qui séparent la place de la bataille de Stalingrad du parc de la Villette, ainsi que le parc lui-même, pourraient être parmi les lieux les plus agréables de Paris. Aux beaux jours, le canal de l’Ourcq a un petit air de vacances, et même de station balnéaire lorsque s’y installe Paris-plage. Peut-être plus encore que les bords de la Seine, car on peut se baigner dans des bassins aménagés à même le canal. Sera-ce possible cette année en période de post-confinement ?

Le long des berges, des cafés et restaurants accueillent riverains et promeneurs, et le parc de la Villette est sans doute l’un des plus intéressants de la planète, conjuguant architecture originale, immenses pelouses, promenades au bord de l’eau ou ombragées, culture et même encore shopping.

Mais le centre commercial Vill’up, hébergé dans l’immense bâtisse de la Cité des sciences et de l’industrie, est bien trop chic pour ce qu’est devenu ce quartier, et donc voué à disparaître, faute de clients.

Car le canal n’est qu’un arbre qui cache une forêt lugubre : pour les riverains, la présence de plus en plus intrusive et parfois agressive de dealers, de drogués au crack, de migrants trop souvent dans un état pitoyable (les accros au crack, notamment), de mendiants, de SDF, de prostituées…, est source d’insécurité et d’insalubrité.

Les Parisiens qui n’habitent pas le quartier ne s’y rendent qu’en cas de nécessité extrême, comme l’illustre l’échec cuisant du 104, censé être à Paris ce que la Factory d’Andy Warhol fut à New York, un haut lieu culturel et de création artistique. En réalité, on a l’impression qu’il y a plus de salariés que de visiteurs dans cet espace pourtant singulier, mais entouré de cités ghettos dont il vaut mieux ne pas s’approcher, surtout une fois la nuit tombée.

Après l’évacuation des campements de migrants de la porte de la Chapelle, la porte d’Aubervilliers et ses abords sont devenus leur nouveau territoire d’errance. Un peu plus loin, les « Jardins d’Éole », un parc qui n’a de jardin que le nom, sont abandonnés aux migrants, aux dealers et aux drogués. Les riverains n’en peuvent plus. Ils sont à bout. Ils essayent de s’organiser en collectif, d’alerter les médias pour qu’ils relaient leur désarroi, mais rien n’y fait. La présence policière est insuffisante, intermittente ou sporadique.

Manifestement, ni la mairie de Paris ni la préfecture de police ne souhaitent remédier à cette situation, bien au contraire. Il n’y pas de vrai enjeu électoral dans ce quartier. Avec ses innombrables logements sociaux et sa forte population issue de l’immigration, la gauche y est toujours largement majoritaire. À l’Assemblée nationale, la circonscription est représentée par la mélenchoniste Danièle Obono, dont la proximité avec le mouvement racialiste Les Indigènes de la République est souvent évoquée. Le clientélisme du maire du 19ème arrondissement, François Dagnaud, parachève le tableau. Finalement, tout le monde semble se satisfaire de la concentration de cette misère et d’une certaine pègre sur ce périmètre.

S’agissant des migrants, les associations comme Utopia 56 ont leur part de responsabilité, les encourageant et les aidant à s’installer, même sur les bords du canal, méprisant totalement les riverains qu’elles considèrent sans doute comme des égoïstes riches et racistes. Se faisant, elles nuisent aux migrants qu’elles privent d’une véritable prise en charge sociale et sanitaire, préférant les inciter à résister aux « rafles » et à réclamer des papiers, alors que dans leur immense majorité, ces hommes jeunes et sans famille à leurs côtés n’ont rien du réfugié politique. Leur délaissement est une honte pour ce pays qui se prétend incarner les droits de l’homme et un acte de lâcheté à l’égard des habitants.

La municipalité et l’État feignent de se renvoyer la responsabilité pour que rien ne change. Ces quartiers de Paris et leurs habitants sont donc effectivement abandonnés et sacrifiés. Ceux qui en ont les moyens tentent de partir, de fuir. Peu à peu, la pauvreté gagne du terrain, et la zone Flandres-Villette finit par se confondre avec Aubervilliers ou la Courneuve, comme s’ils étaient déjà la banlieue. Les rues sont sales, les commerces très bas de gamme, les seuls bouchers sont halals, comme la plupart des boulangers, les parents qui ne peuvent quitter l’arrondissement mettent leurs enfants dans les écoles privées Le 19ème arrondissement, du moins cette partie si proche du « canal bobo », est de plus en plus laid, miséreux et dangereux. Appartient-il déjà aux territoires perdus de la République ? En tout cas, il s’en approche à grands pas.

Est-ce irrémédiable ? Hélas, on peut le craindre, puisque la situation ne cesse de se dégrader. La carte de Paris devrait être mise à jour : la banlieue commence place de la bataille de Stalingrad. Une bataille perdue pour les riverains.

Qu’en pense Anne Hidalgo ? Son bilan ne parle pas pour elle, mais comme perdre une bataille n’est pas perdre la guerre, la prochaine Maire de Paris aura peut-être à cœur de soigner cet abcès… ou pas.


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