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09H36 - jeudi 26 mars 2020

Sommes-nous vraiment en guerre ? Ou quand Martin Hirsch et l’AP-HP prêchent dans le désert… L’édito de Michel Taube

 

Le 16 mars, Emmanuel Macron s’adressait en chef de guerre à la nation, déclarant la guerre au coronavirus et appelant à la mobilisation générale. Mieux, à l’union sacrée, ce qu’il a rappelé hier en Alsace, après avoir visité le petit, le mini hôpital militaire mis en place à côté de l’hôpital de Mulhouse.

Mais la question se pose : sommes-nous vraiment en guerre ? Le sentiment qui s’est installé depuis un mois est que nos généraux sont plus en position de suiveurs que d’anticipateurs. Et que plutôt que de prévoir, d’anticiper, ils se contentent d’appliquer la même méthode fixée il y a quelques semaines (préparer l’hôpital à encaisser le choc du pic épidémique) et à s’adapter aux pressions de l’opinion publique.

Alors que l’Etat administratif a manifestement failli à préparer le pays à cette vague pandémique, alors que les ordres politiques (quand ils sont pertinents) tardent de toutes parts à être mis en œuvre, voilà que hier, le directeur général du plus grand regroupement hospitalier français, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) s’est vu déjuger par la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, et donc par le gouvernement. Le désaveu est étrangement passé inaperçu !

Martin Hirsch devait, j’imagine, penser que l’on est en guerre. Lorsqu’on entre en guerre, on mobilise les troupes ! On réquisitionne toutes les forces vives dont l’effort de guerre a besoin. Le patron de l’AP-HP a donc lancé un appel solennel sur France Info hier matin, demandant quatre assurances fortes : un aspirateur en face de chaque malade, du personnel en faisant appel à des volontaires ou à des réquisitions, la reconnaissance des personnels sous forme de primes, enfin les médicaments !

Or, en compte-rendu du conseil des ministres, Sibeth Ndiaye a recadré hier Martin Hirsch en refusant les réquisitions de personnels et en se contentant de dire que les appels de volontaires seraient suffisants.

Qui est volontaire pour faire la guerre ? C’est cela la politique de guerre de l’Etat, à quelques jours du pic épidémique qui va submerger le pays ?

Est-ce bien raisonnable de se contenter d’appeler aux volontaires pour renforcer le combat ? Certes, nous sommes des dizaines de milliers de citoyens à se porter volontaires pour aider à l’effort de guerre, dont vingt à trente mille dans la réserve sanitaire. Le chef de l’Etat remerciait hier les cent mille Français qui se sont portés volontaires sur le site de la réserve civique.

Mais lorsqu’on est en guerre, le chef définit les besoins et réquisitionne les ressources nécessaires sans plus attendre ! Il y a urgence vitale, non ?

Martin Hirsch n’aura donc pas ses réquisitions et dans trois jours, l’AP-HP sera submergée ! Dans trois jours, il sera donc trop tard et tout n’aura pas été fait, contrairement aux dires des pouvoirs publics, pour prévenir le pire !

Et le même plaidoyer pourrait être dupliqué sur la pénurie de masques, d’aspirateurs et de tests ! Trop tard !

Certes, Emmanuel Macron a repris une des idées de Martin Hirsch hier soir, annonçant qu’une prime serait décidée par le gouvernement pour les personnels soignants. Espérons que l’annonce sera faite aujourd’hui et le paiement immédiat car trop souvent les personnels de terrain se plaignent d’attendre des mois avant d’en voir les résultats. Espérons aussi que cette prime dépassera les 300 euros accordés pendant le mouvement de grève des soignants en 2019. 1.000 euros à chacun des 1,2 millions de personnels de soins en France, soit 1,2 milliards d’euros, serait un geste fort !

C’est avant le pic épidémique qu’une telle mesure aurait dû être prise et appliquée.

Franchement, ce soir à 20h, nous redoublerons d’applaudissements pour nos soignants. Mais nos encouragements n’iront pas vers les donneurs d’ordre de la maison Santé France.

Michel Taube

Directeur de la publication

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