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06H45 - lundi 27 janvier 2020

« Le fléau » de Stephen King : une autre histoire de coronavirus

 

On le sait. On l’a toujours su : un jour, un virus décimera une partie de l’humanité. D’autres virus l’ont déjà fait. Tant mieux peut-être. Que sera la vie sur une planète peuplée de dix ou quinze milliards d’homo sapiens destructeurs, cupides, agressifs, hostiles à leur environnement ? La régulation peut se faire autrement : la guerre, les cataclysmes climatiques, la pollution dans ses différentes formes, voire l’extinction de l’espèce, notre espèce, par le déclin de la fécondité. Cela a peut-être déjà commencé, le nombre de spermatozoïdes dans le sperme étant en chute constante et rapide.

Le sujet du moment, le péril du moment, qui a brutalement relégué au second plan la réforme des retraites, est ce fameux coronavirus venu d’un marché de Wuhan, en Chine. Drôle de marché, dirait un Occidental adepte du tout pasteurisé, tout aseptisé : A Wuhan (et pas seulement), tout animal peut s’acheter, vivant ou mort. Homme et animaux vivent dans la promiscuité et des conditions d’hygiène très éloignées de nos standards (lorsqu’ils sont respectés !). Une aubaine pour nos gentils petits virus. Chauves-souris, serpents, rats, civette, chats, chiens… En Chine, tout se mange et plus c’est exotique, plus ç’est chic. Le bien-être animal est un concept qui n’a pas voix au chapitre, mais ceci est une autre histoire.

La littérature et le cinéma se sont emparés des épidémies décimant le genre humain. Le célèbre roman d’Albert Camus, « La Peste », publié en 1947, a pour cadre Oran, dans une Algérie française sous quarantaine. Même si ce roman est bien plus que cela, il est aussi cela : l’arrivée de la maladie, par petites touches. D’abord quelques animaux, puis quelques hommes. Puis l’épidémie… Autre chef d’œuvre de la littérature française : le « Hussard sur le toit », de Jean Giono, publié en 1951, qui se déroule dans une Provence ravagée par le choléra.

Plus radical est le roman de Stephen King, « le Fléau », publié en 1978, puis en 1990 dans une seconde édition comprenant des passages initialement supprimés par l’éditeur. L’ouvrage débute par la dissémination accidentelle d’un virus à la suite d’un accident dans un laboratoire militaire américain. Avec une contagion estimée à 99,4% et une issue systématiquement fatale, il finira par anéantir presque toute l’humanité. Le second tome de l’ouvrage est fantasmagorique, spirituel, métaphysique. Le combat entre le bien et le mal, chacun incarné par son personnage aussi mystique qu’emblématique… Côté bien : Mère Abigaël, une Afro-Américaine de 108 ans. Coté mal : Randall Flagg, également dit l’homme noir, comme la magie dont il abuse. On se croirait parfois dans le film Mad Max.

Pourtant, à bien y réfléchir, le fantastique de « Fléau » n’est peut-être pas si irréaliste. Imaginez ce que serait une planète dont la population passerait en quelques mois de sept milliards à une quarantaine de millions d’habitants. Imaginez que vous soyez le seul survivant de votre quartier, de votre résidence, de votre village… Plus rien ne fonctionne, plus rien n’est distribué : aliment, eau, énergie… Inutile de continuer la liste. Il n’y a plus rien, sauf quelques humanoïdes complètement hagards et perdus, et quelques animaux. Retour à la case départ, à l’aube de l’humanité. D’abord, ces humains devront se regrouper pour survivre. Plus d’État, de ville, de nationalité, de religion, d’idéologie, de compétences, de société… 

Le coronavirus de Wuhan peut-il décimer l’humanité ? De 1347 à 1351, la peste noire avait terrassé environ 25 millions d’Européens, soit la moitié de la population du continent. Les sciences, l’informatique, la communication, les outils de détection, les moyens de confinement…, tout est aujourd’hui infiniment plus développé qu’au Moyen Âge. Tout, y compris la population qui grouille dans des villes surpeuplées, et des moyens de transport terrestre, maritime et aérien que les microscopiques bestioles peuvent emprunter sans payer leur billet, pour faire du tourisme sur la terre entière.

Il fallut un mois avant que la Chine sonne le tocsin, puis une semaine pour que la France organise (très superficiellement) l’accueil des passagers débarquant de Chine à l’aéroport de Roissy. Et pendant ce temps, à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on discute et on réfléchit !

La Chine annonce 2000 personnes infectées. Soit ce chiffre est très fortement minimisé (sur les réseaux sociaux, dont il faut évidemment se méfier, certains évoquent des dizaines de milliers de personnes contaminées, selon des sources locales), soit il explosera dans les prochaines semaines, sachant que la durée d’incubation est de deux à trois semaines. Les mesures prises (ou annoncées) par la Chine et le vent de panique qui semble y souffler ne correspondent pas à une petite épidémie presque maîtrisée. Depuis début décembre, d’innombrables personnes infectées ont voyagé en Chine et à travers le monde.

Nous n’en sommes ni à la peste noire ni au « fléau » de Stephen King.

Pas encore ?


Raymond Taube

Directeur de l'IDP - Institut de Droit Pratique

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