International
16H12 - mercredi 6 novembre 2019

En finir avec le travail des enfants dans la culture du cacao. Dominique Ouattara répond aux autorités américaines

 

La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao avec 40% du marché. Deux sénateurs américains ont demandé au département de la Sécurité intérieure d’enquêter sur le travail des enfants dans le secteur du cacao. Fin octobre, une équipe de douanes américaines s’est rendue en Côte d’Ivoire et une autre mission de ce genre pourrait intervenir d’ici la fin de l’année.

Madame Dominique Ouattara, Première Dame de Côte d’Ivoire, qui était la marraine du salon du chocolat de Paris la semaine dernière, a choisi Opinion Internationale pour s’exprimer sur cet enjeu stratégique tant en matière de droits humains que pour l’économie de ce pays. Tribune.

« La réussite, c’est un peu de savoir, un peu de savoir-faire et beaucoup de faire-savoir ». Cette citation de Jean Nohain, un des pionniers de la télévision française, a pris tout son sens ces derniers mois, durant lesquels j’ai appris à apprécier sa justesse. Du 16 au 20 septembre dernier, je me suis en effet rendue à Washington pour rencontrer les autorités américaines afin de présenter l’ensemble des progrès réalisés sur le terrain dans la lutte contre le travail des enfants en Côte d’Ivoire, et d’initier une collaboration active avec les Etats-Unis. De quoi couper court, aussi, aux informations erronées sur la situation de la culture du cacao dans notre pays.

 
Une progression considérable du taux de scolarisation des enfants en Côte d’Ivoire
 
Depuis 2011, le gouvernement, le Comité interministériel (CIM) et le Comité national de surveillance (CNS) des actions de lutte contre la traite, l’exploitation et le travail des enfants que je préside redoublent d’efforts, en coopération avec les acteurs locaux et globaux de l’industrie du cacao, pour intensifier la lutte contre le travail infantile dans les exploitations cacaotières. Ce fléau existe encore. Nous ne pouvons fermer les yeux sur le sort des enfants concernés.
 
Mais nous pouvons saluer les avancées considérables réalisées à ce jour. Depuis 2012, trois plans d’actions nationaux (PAN) ont permis d’obtenir des résultats concrets en matière de prévention, de remédiation et de répression contre le travail des enfants.

Parmi les mesures phares mises en œuvre, l’instauration d’une loi rendant l’école obligatoire a permis de passer d’un taux de scolarisation de 59 % en 2008 à un taux de 90 % en 2019. Sur cette période, plus de 30 000 salles de classes ont également été ouvertes dans les régions rurales de production de cacao. Et plus de 70 000 individus, dont de nombreux responsables d’exploitation, ont été sensibilisés à l’impact délétère du travail sur les enfants en termes d’éducation, de violence subie, de santé et de développement.
 
Des actions répressives ont aussi été menées avec les forces de l’ordre grâce à l’instauration de lois punissant le trafic et l’exploitation d’enfants. Pour l’heure, elles ont conduit à la condamnation de plus de 220 personnes. Plusieurs accords ont d’ailleurs été signés avec les pays frontaliers pour lutter contre les trafics de personnes.
 
Enfin, parce que la pauvreté est un facteur déterminant dans le travail des enfants, une réforme historique vient d’être adoptée cet été pour assurer un revenu fixe aux agriculteurs dès la récolte 2020/2021. Une mesure de soutien qui doit les inciter à renoncer à toute sollicitation d’enfants dans les cultures.


 
La Côte d’Ivoire, nation pionnière dans l’élimination du travail forcé
 
Toutes ces actions nous ont permis de mieux cerner les contours du travail des enfants aujourd’hui dans la culture du cacao en Côte d’Ivoire. Qui sont ces enfants ? D’où viennent-ils ? Vont-ils à l’école ? Autant de questions dont les réponses sont précieuses pour proposer des mesures adaptées à la réalité.
 
Sur l’ensemble des jeunes impliqués de près ou de loin dans la culture du cacao, il ressort que 85 % sont scolarisés et accompagnent occasionnellement leurs parents au travail le week-end ou après l’école. Ces travaux légers, dits « socialisants », sont autorisés par la loi. Ils n’hypothèquent pas les perspectives d’avenir de ces enfants. Les 15 % restants ne vont pas à l’école et vivent souvent loin de leurs parents. Ces enfants sont particulièrement à risque, et nécessitent toute notre attention. Parmi eux, 0,17 % travaillent de manière forcée, contraints par des personnes autres qu’un parent. Le travail de ces enfants est inacceptable. Aucun compromis ne doit être fait à ce sujet et nous sommes résolus à poursuivre notre action, forts des progrès déjà obtenus. 

Ces progrès tangibles n’ont pas échappé à l’Organisation internationale du travail, qui en mai dernier, a reconnu la Côte d’Ivoire comme nation pionnière dans l’élimination du travail forcé, de l’esclavage moderne, de la traite des êtres humains et du travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement. Une reconnaissance partagée par le Département d’État américain, qui a fait à plusieurs reprises l’éloge de nos initiatives, et classé notre pays parmi ceux ayant effectué des efforts significatifs pour l’éradication du travail infantile.


Le combat continue
 
Durant mon séjour outre-Atlantique, j’ai tenu à exposer ce bilan en personne aux sénateurs Ron Wyden et Sherrod Brown et à renouveler l’assurance de notre détermination indéfectible auprès des interlocuteurs que j’ai rencontrés.
 
Je ne peux que me réjouir de voir nos efforts unanimement reconnus et salués par nos interlocuteurs, qui se sont même déclarés prêts à apporter leur concours à notre action.

Le troisième plan d’action national pour 2019-2021, doté d’un budget de 127 millions de dollars, doit permettre de passer d’une approche sectorielle à une approche globale, en intégrant la lutte contre le travail des enfants dans les programmes sociaux du gouvernement.
 
Dès le mois de décembre, une délégation américaine, composée de représentants des douanes ainsi que des Départements d’État et du Travail, nous rendra visite à Abidjan pour poursuivre les échanges avec l’ensemble des acteurs de la filière. Je ne peux qu’encourager une telle collaboration : établir un partenariat solide et pérenne avec l’administration américaine, comme nous l’avons déjà fait avec des nombreux pays, ne pourra qu’accélérer l’éradication totale du travail des enfants, en Côte d’Ivoire et partout dans le monde.

 

Madame Dominique Ouattara

Première Dame de Côte d’Ivoire

 

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