Edito
08H36 - jeudi 10 octobre 2019

Ce que nous promet Hadama Traoré ! L’édito de Michel Taube

 

BFMTV révélait hier soir que Hadama Traoré qui voulait organiser une manifestation de soutien à Mickaël Harpon, jeudi 9 octobre à Gonesse (Val-d’Oise), a été placé en garde à vue mercredi en Seine-Saint-Denis où il réside pour « menaces et actes d’intimidation sur une personne exerçant une fonction publique ou d’utilité collective, menaces de crime contre les personnes et outrage ». La sûreté est saisie et une perquisition est en cours à son domicile, précisent plusieurs sources. Le préfet du Val-d’Oise a, de son côté, publié un arrêté interdisant cette manifestation prévue à Gonesse aujourd’hui.

 

Les faits s’entrechoquent depuis une semaine : un fonctionnaire de police qui assassine quatre de ses confrères des services de renseignement après avoir basculé dans une radicalisation islamiste à la fois lente et subitement hallucinatoire, l’épouse d’un terroriste dont un procureur nous dit un samedi qu’elle a échangé 33 sms avec son mari et qui est libéré deux jours après par un juge, un président de la République qui souligne que 59 attentats terroristes ont été déjoués depuis six ans (combien de centaines de victimes innocentes épargnées ?) et qui appelle les Français à la vigilance de tous les instants.

En face, un Traoré qui appelle à manifester à la mémoire d’un criminel, et sur les réseaux sociaux, aux comptoirs des cafés et dans de nombreuses conversations de quartier, des Français qui s’insurgent qu’un handicapé martiniquais discriminé par ses collègues a juste pété les plombs et, bref, dénient toute réalité terroriste et encore moins islamiste à son crime, ces mêmes personnes souvent qui ont entendu dans les propos du chef de l’Etat un appel à la délation.

Entre les deux un débat à l’Assemblée nationale puis au Sénat sur l’immigration, le procès qui continue dans l’indifférence presque générale de ces converties qui voulaient faire sauter des bonbonnes de gaz près de Notre-Dame.

On se croirait revenus aux lendemains des attentats du 11 septembre 2001, de Charlie Hebdo ou du Bataclan.

Hadama Traoré et consorts ont beau jeu de capter l’attention et la haine de dizaines de milliers de jeunes en mal de reconnaissance (il faut dire que tant que leur avenir se limitera à conduire une berline Uber, rien ne bougera !). Car Traoré est un leader qui n’a pas fini de nuire.

 

Que dit Traoré ?

Il faut prendre la peine (au sens propre) de l’entendre et de le lire. Dans sa vidéo, visonnée plus de 50 000 fois, dans laquelle il n’a aucun mot pour les victimes de l’attentat de la préfecture, dans ses écrits sur les réseaux sociaux ou pendant sa campagne électorale aux élections européennes de juin 2019, Hadama Traoré se révèle comme un cocktail explosif à lui tout seul. Car il concentre les facteurs de la radicalisation d’une partie de la société française.

Tout d’abord la victimisation érigée en doctrine politique. Hadama Traoré parle au nom des opprimés : « toutes les minorités et communautés persécutées, on va faire la guerre ensemble aux politiques et aux médias. Et on commence aujourd’hui ». Il se veut le leader du nouveau prolétariat, ces jeunes musulmans de banlieue, les nouveaux « damnés de la terre ». Traoré avait créé le mouvement LREEM et le redit dans sa vidéo « La Révolution Est En Marche ».

Traoré confie au Figaro, s’agissant de l’assassin de la préfecture : « il était discriminé parce qu’il était sourd. Ce contexte explique pourquoi il a craqué. Tous les faits que (les médias) donnent pour justifier son côté extrémiste auraient pu concerner les dix millions de Français de confession musulmane ». Ainsi Traoré effectue un glissement et un amalgame redoutables de la condition de la personne sourde à celle du musulman, réintroduisant l’idée de ces « damnés de la terre » qui seraient victimes en tant que telles d’un monde injuste et hostile.

Le parti de Traoré, ce sont les victimes, les musulmans en premier.

La haine des « flics » ensuite. Traoré est en lien direct avec tous les collectifs créés autour des victimes d’exactions avec la police : Adama Traoré, Théodore Luhaka (l’affaire Théo). Ils sont morts (paix à leur âme) et leurs familles réclament justice. C’est leur droit, c’est notre devoir. Mais leur politisation se fait sur la haine des flics, des pompiers, de la société française. C’est cette phrase terrible (« Beaucoup de personnes étaient contentes de savoir que quatre policiers ont été tués par un policier ») qui lui vaut peut-être aujourd’hui sa garde à vue.

Plusieurs sources nous indiquent que Traoré est connu à Aulnay-sous-Bois pour véhiculer un discours complotiste : les flics, les médias, les politiques, les Français sont ses cibles permanentes. Il nourrit la scission de la France que craignait Emmanuel Macron dans sa conférence de presse du 25 avril 2019 et dont il désignait le coupable : l’islam politique. Nous y reviendrons demain.

Enfin, les banlieues. Traoré a monté une liste aux élections européennes de juin 2019 et rassemblé 3 084 voix (soit 0,01% des électeurs) sur un programme de réveil politique des banlieues. On comprend que dans le Val-d’Oise, les élus de Gonesse et les parlementaires de la circonscription, Zivka Park et Rachid Temal, se soient réjouis de l’interdiction de la manifestation que voulait tenir Traoré.

Victimisation, haine des flics, complotisme, banlieues… C’est tout cela Traoré.

Si toutes les victimes de discriminations ou de sentiments de discrimination, endoctrinées par les propos communautaristes et pseudo religieux de Traoré, passaient demain à l’acte via une radicalisation à la fois lente et subitement hallucinatoire comme Mickaël Harpon, l’assassin devenu terroriste le 3 octobre, la France vivrait des journées noires !

Est-ce ce que souhaite Hadama Traoré ?

Et c’est ce les Français, à commencer par la grande majorité des musulmans de France, se doivent de refuser en bloc.

 

Michel Taube

 

Directeur de la publication