International
11H10 - mardi 18 juin 2019

La science sera-t-elle au cœur du G7 de Biarritz ?

 

Du 25 au 27 août prochains se tiendra à Biarritz la 45e édition du sommet du G7. Les académies des sciences des pays membres (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume Uni) viennent de remettre à leurs gouvernements respectifs trois déclarations conjointes pour les alerter sur les enjeux scientifiques qu’elles ont jugés prioritaires.

La science envahit le quotidien des citoyens et bouleverse la gouvernance des sociétés : plus que jamais, elle change le monde et rend l’avenir aussi prometteur que vertigineux. L’homme conservera-t-il la maîtrise de son destin ? Les grands de ce monde en débattront-ils à Biarritz ?

Si le Président de la République a souhaité que la lutte contre les inégalités dans le monde soit un des enjeux clés du G7, d’autres sujets, travaillés depuis des années par les G7 successifs, seront aussi abordés, notamment la contribution des sciences à la gestion des grands enjeux de demain.

Ainsi, les académies des sciences des pays membres viennent de publier trois déclarations conjointes pour alerter les chefs d’Etats et de gouvernements (et les opinions publiques) sur les enjeux scientifiques qu’elles jugent prioritaires : « Science et confiance », « Intelligence artificielle et société », et « Science citoyenne à l’âge de l’Internet ».

« Le choix de ces trois sujets témoigne de la préoccupation partagée des sept académies à réassoir le rôle de la science au sein de la société, souligne Pierre Corvol, président de l’Académie des sciences (France). Les trois thématiques interrogent en toile de fond sur la manière dont, pour pouvoir bénéficier à tous, la science et les technologies qui l’accompagnent doivent actuellement être mieux enseignées, mieux comprises, mieux perçues et mieux diffusées. Du citoyen au décideur, chacun doit pouvoir mesurer la portée de ces enjeux, et en particulier les jeunes générations, amenées à vivre avec ces développements technologiques et à en concevoir l’évolution ».


Science et confiance

Les changements technologiques et les besoins d’innovation croissants de notre époque exigent une confiance sans faille de la société envers la science, plus particulièrement dans un contexte où l’espace public voit l’expression de sources d’information à la fiabilité contestable. Cultiver le dialogue de confiance entre le public, la classe politique et la sphère scientifique apparaît essentiel pour permettre à la science de remplir son rôle auprès de tous : conseiller, alerter et guider les choix de chacun comme les décisions politiques sur les sujets à fort contenu scientifique. Les académies recommandent dans ce domaine de promouvoir dès le plus jeune âge un enseignement des sciences apte à conférer aux élèves un esprit critique, la capacité de conduire un raisonnement, de mener des expériences scientifiques et de comprendre les bénéfices de la science et le monde qui les entoure. La déclaration des académies met en avant la nécessité, pour la communauté scientifique, de garantir à la recherche l’application de ses principes fondamentaux en matière d’éthique, d’intégrité et de responsabilité. 

 

Intelligence artificielle et société

Les progrès de l’intelligence artificielle (IA) ont déjà conduit à des résultats remarquables – reconnaissance vocale, classification d’images, véhicules autonomes, systèmes d’aide à la décision…- qui ont bénéficié à nos sociétés dans de nombreux domaines. Cette évolution fulgurante en fait aujourd’hui une technologie susceptible de transformer en profondeur notre vie quotidienne. Les sept académies soulignent les potentiels avantages économiques de l’IA, et relèvent à cet égard la nécessité, afin de faire partager ses bénéfices à l’ensemble de la société, de mener une gestion prudente et de se préparer aux transformations qu’elle va engendrer, notamment dans le secteur de l’emploi. Elles insistent sur le fait que les systèmes et les données de l’IA doivent être fiables, sûrs et sécurisés. Ainsi les données personnelles ne doivent pas être mises à la disposition de tiers sans autorisation. Un ensemble de mesures sont nécessaires pour mettre au point des systèmes d’IA explicables, familiariser les jeunes générations à l’IA, concevoir et développer des recherches interdisciplinaires afin de tirer le maximum des bénéfices sociétaux de l’IA. Les académies recommandent par ailleurs un débat de politique publique sur l’application de l’IA aux armes létales autonomes qui pourrait être selon elles examinée par les organes compétents de l’ONU.

 

Science citoyenne à l’âge de l’Internet 

La science citoyenne désigne « la recherche menée par des citoyens qui ne sont pas des scientifiques professionnels ». Elle regroupe deux composantes : la recherche participative et la science hors les murs. La première repose sur la contribution de personnes sans formation scientifique initiale poussée, qui prennent part, en tant qu’amateurs, à des projets de recherche, notamment à travers la collecte de données de terrain. La seconde implique des personnes de solide formation scientifique, qui exercent leur activité en dehors des murs des systèmes de recherche professionnels. A la faveur de l’avènement des nouvelles technologies de communication et de la démocratisation du savoir, la science citoyenne connait actuellement un fort dynamisme. Les sept académies encouragent ces deux types de recherche, qu’elles estiment devoir être soutenues par des financements spécifiques. Elles recommandent de promouvoir le co-développement de la science citoyenne et de la recherche menée en laboratoire et soulignent la nécessité de valider les résultats obtenus et de s’assurer que les critères indispensables d’honnêteté, de fiabilité, et d’éthique leur soient bien appliqués. Elles insistent sur l’effort majeur à conduire dans le domaine de l’éducation et de la formation, pour amener les jeunes générations à prendre part dans les meilleures conditions à d’éventuelles activités scientifiques, dans un cadre professionnel ou citoyen. Elles incitent à mettre en place des mesures pour s’assurer que la science citoyenne ne déroge pas aux règles éthiques ou de sécurité.

Intervention de Cédric Villani, député, médaille Field lors du rendu des trois Déclarations par l’Académie des sciences devant ses partenaires le 18 juin 2019

Paradoxalement, l’omniprésence de la science va de pair avec un fossé croissant entre celle-ci et le monde des décideurs. En attendant que plus de Cédric Villani entrent en politique, ces Déclarations à lire ci-dessous inspireront peut-être les travaux des chefs d’Etats du G7 car elles offrent de véritables pistes pour l’action.

 

 

 

 

 

 

Michel Taube

 

Lire la Déclaration « Science et confiance » :

https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/Science_and_trust_G7_2019_FR.pdf

 

Lire la Déclaration « Intelligence artificielle et société » :

https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/AI_G7_2019_FR.pdf

 

Lire la Déclaration « La science citoyenne à l’heure de l’Internet » :

https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/Citizen_G7_2019_FR.pdf

Directeur de la publication

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