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08H52 - vendredi 24 mai 2019

Pourquoi j’ai décidé de voter pour le parti animaliste aux prochaines élections européennes : la tribune de Catherine Ginzburg

 

La cause animale, comme toutes les autres, induit son cortège de fanatiques et de déviants, qui nuisent à une cause pourtant essentielle, tant sur le plan sanitaire qu’environnemental. Mais aussi, avant même de raisonner en termes économiques ou techniques, c’est la dignité de l’homme, roi des prédateurs, qui est en cause. Interdire toute production et importation agricole industrielles d’ici dix ans tout en confortant la situation des agriculteurs qui pourraient redevenir des paysans prospères est un challenge qu’aucun pays ne peut relever seul. Mais l’Union européenne a ce pouvoir. En aurait-elle la volonté ?

J’ai décidé de voter pour le parti animaliste aux prochaines élections européennes, sans savoir ce qu’il propose, ni même qui le dirige. Je ne suis ni végane ou antispéciste, ni même végétarienne. Ne leur en déplaise, l’homme, hominivore et donc carnivore, est au sommet de la chaîne alimentaire. La nature l’autorise à manger des animaux, lesquels se dévorent entre espèces, parfois au sein de la même espèce.

Certains véganes ou antispécistes extrémistes, vague excroissance d’un trotskisme dégénéré, s’en prennent aux bouchers. D’autres, comme le philosophe australien Peter Singer, prônent un égalitarisme absolu entre l’homme et l’animal, qui permettrait par exemple de remplacer l’expérimentation sur des animaux sains par celle sur des personnes comateuses, voire âgées ou handicapées. Jean-François Braunstein explique les dérives du raisonnement antispéciste dans son ouvrage « La philosophie devenue folle – Le genre, l’animal, la mort », paru chez Grasset en 2018. Comme toujours, ce sont les plus extrémistes qui nuisent à la cause qu’ils prétendent défendre.

Pourtant, l’élevage industriel est une torture et une honte pour l’esprit supérieur que serait celui de l’homme, bien qu’il ait largement démontré, depuis ses origines, ses immenses capacités de destruction, d’auto destruction, son savoir-faire en matière de massacre et de génocide. Le traitement qu’il réserve aux animaux relève de la plus abjecte des maltraitances. Si sa nature (et la nature) l’autorise à tuer pour se nourrir, et donc à manger de la viande, elle ne lui a jamais donné le droit et la légitimité de faire souffrir des êtres que l’on sait aujourd’hui doués d’intelligence et de sensibilité. On a même vu un chien, qui en retrouvant son maître, perdit connaissance sous le coup de l’émotion. Le sort réservé aux porcs est particulièrement innommable, car leurs capacités intellectuelles et cognitives sont équivalentes à celles des chiens et chats, au nombre d’une vingtaine de millions rien qu’en France. Accepterions-nous que l’on fasse à notre animal de compagnie ce que l’on fait aux porcs élevés en batterie ? Jamais ! L’association L214 dénonce avec raison l’ignominie des abattoirs. Mais c’est toute la chaîne de « production » (un terme qui en dit long sur la considération dont bénéficient les animaux) qui doit être refondue en profondeur.

Que ceux qui se fichent des conséquences écologiques de l’élevage industriel et de la maltraitance animale y réfléchissent à deux fois : la viande qui en résulte est infâme, gavée d’hormones et d’antibiotiques. Ceux qui ne veulent devenir végétariens ou véganes, et qui aiment manger de la viande, devraient d’abord militer pour qu’il soit mis fin à l’élevage industriel. La viande serait plus saine, mais aussi plus chère, et l’on en mangerait donc moins, au plus grand bénéfice de notre santé. Il n’y a pas un médecin pour prétendre le contraire.

Des installations aussi honteuses que la « ferme des milles vaches », qui n’a de ferme que le nom, devraient être remplacées par de petites exploitations permettant aux agriculteurs de vivre décemment de leur production véritablement bio, et respectueuses des animaux et de l’homme. Cela pose aussi la question de la tyrannie de la grande distribution et de ce scandale que sont ces agriculteurs qui ne peuvent vivre décemment de leur production dans un pays naguère décrit comme le grenier de l’Europe.

Nous pouvons ajouter les effets dévastateurs de l’agriculture industrielle sur l’environnement, ne serait-ce que pour nourrir le bétail. En 2013, Opinion internationale consacrait plusieurs articles au véritable fléau environnemental qu’est la consommation excessive de viande. On y lisait notamment « 7 kg de céréales sont nécessaires pour produire un kilo de bœuf, 4 pour 1 kg de porc, 2 pour 1 kg de poulet. On considère qu’en 2050, la moitié des céréales produites sur Terre servira à nourrir les animaux et non les êtres humains. Les animaux d’élevage dévorent les céréales avec à la clé un coût environnemental bien supérieur à ce qu’on imagine. La viande est tout sauf écolo… ».

Il en va de notre santé autant que de notre dignité de cesser définitivement la production, l’importation et la consommation de viande industrielle. Aucun pays ne peut s’attaquer seul à ce gigantesque chantier. L’échelle européenne est la seule permettant d’atteindre cet objectif, à condition toutefois d’imposer la transparence du lobbying, sur ce sujet comme sur tous les autres. L’Union européenne a su créer l’Euro, un pari extraordinaire dont les difficultés actuelles résident dans le pari perdu par ses initiateurs, Jacques Delors en tête, que la monnaie unique engendrerait la convergence financière et fiscale des pays de la zone euro.

Pourquoi ne pourrait-on pas décider que le 1er janvier 2030, l’élevage industriel et plus généralement l’agriculture intensive, seraient bannis du territoire de l’UE ? Cela laisserait au monde agricole le temps de la transition et serait un grand progrès pour tous les citoyens-consommateurs de l’Union, et aussi une leçon pour le monde.

Enfin, il conviendrait aussi d’interdire les pratiques barbares que sont la tauromachie, la chasse à courre et autres combats de coqs, sans invoquer la tradition, un argument indigent au titre duquel on n’aurait jamais aboli l’esclavage ni imaginé la moindre égalité entre les femmes et les hommes.

 

Catherine Ginzburg

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