International
09H10 - vendredi 24 mai 2019

L’Europe a besoin de nous ! La chronique patriotique de Sébastien Ménard

 

Et si enfin nous nous distinguions un peu ce dimanche en congédiant les pamphlétaires de tous bords, à gauche comme à droite, et les thuriféraires inutiles qui, de tous les côtés nous parlent d’une Europe idéalisée, que les petits et les grands ne connaissent ou ne reconnaissent plus depuis au moins vingt ans. Je pense évidemment à ceux qui nous renvoient sine die la construction européenne dans les oubliettes de l’histoire moderne, mais aussi ceux qui nous racontent, tels des évangélistes transis, que tout va bien dans le meilleur des mondes européens. Evidemment, comme toujours la vérité est en tous points, nécessairement plus complexe.

Il suffit pour s’en convaincre d’ouvrir les yeux. Depuis nos villes et nos villages, nous remarquons le bon du moins bon de ce que l’Europe nous a ces vingt dernières années apporté. Et il ne me revient pas ici la responsabilité de dresser une liste, a fortiori non exhaustive, de ce qui fonctionne et de ce qui dysfonctionne. Les uns ne seront de toutes les façons jamais d’accord avec tous les autres et réciproquement. Et il faut bien admettre qu’un certain nombre de politiques, illustres et élus, ne se sont pas toujours illustrés pour servir l’Europe et le sentiment d’appartenance de nos concitoyens à la communauté européenne.

En exhumant quelques archives estudiantines très personnelles, je me suis souvenu que nous attribuions de sources sures le « Quand l’Europe ouvre la bouche, c’est pour bâiller » à François Mitterrand et le désormais très célèbre « L’Europe, ça m’en touche une, sans faire bouger l’autre » à Jacques Chirac. Souvenirs, souvenirs… Je me suis aussi rappelé qu’en 2009 déjà, Nicolas Sarkozy nous interpellait sur « L’Europe de l’impuissance », une Europe qui pour lui était « L’Europe qui ne veut rien, l’Europe qui renonce à peser dans les affaires du monde, qui renonce à défendre ses valeurs, à défendre ses intérêts, qui n’exprime aucune volonté, qui ne fait pas de politique et qui, par conséquent, sert de variable d’ajustement à toutes les politiques du monde. C’est l’Europe qui subit. » Pour tous les centristes assumés, les partisans de droite déchus ou les réformistes de gauche patentés, force est de constater que dix ans plus tard et trois présidents de la République française plus loin, rien n’a changé ou presque. 

Voilà pourquoi le scrutin de ce dimanche est important. Voilà pourquoi il est nécessaire d’aller voter et de ne pas rater ce grand rendez-vous. Voilà pourquoi il est impensable de laisser quelques partis opportunistes et souvent extrémistes confisquer cette consultation citoyenne à l’échelle européenne. 

Il est grand temps de se remettre au travail tous ensemble. Et de parler de tous les sujets. Mêmes ceux qui fâchent : identité européenne, souveraineté numérique, droit de la concurrence, fiscalité européenne, marché du travail, reconquête industrielle, politique agricole commune, bouclier sociale, immigration choisie, solidarité internationale, révolution énergétique, transition écologique…

Et pour paraphraser les publicistes politiques de l’année 2002, l’Europe en grand, l’Europe ensemble, c’est possible et plus que jamais à notre portée. Et il est grand temps de s’y mettre. A l’image des pères fondateurs de l’Europe, qui ont joué un rôle fondateur en œuvrant de façon déterminante à la mise en place de la CECA et de la CEE, institutions aux origines de l’actuelle Union européenne. Mais interrogeons-nous. Qui sont aujourd’hui les Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenauer, Paul-Henri Spaak, Joseph Bech, Johan Willem Beyen, Alcide De Gasperi ? Comme vous je les cherche, comme vous je scrute l’horizon… En vain. Et pourtant il va nous falloir avancer.

Alors oublions « les passions tristes » comme nous le proposait Emmanuel Macron en 2017 dans son discours prononcé à La Sorbonne. Et souvenons-nous dimanche que « quelles que soient nos difficultés, quels que soient les soubresauts, nous n’avons qu’une responsabilité, celle à laquelle notre jeunesse nous oblige, celle pour les générations qui viennent, celle de gagner leur gratitude sinon nous mériterons leur mépris. » Alors tous ensemble choisissons, et réveillons-nous !

Si nous avons besoin d’une Europe plus humaine, plus juste mais aussi plus courageuse et plus forte, Dimanche, l’Europe a besoin de nous !

 

Sébastien Ménard

Ancien conseiller ministériel, ancien auteur-concepteur et producteur d’œuvres audiovisuelles, ancien chargé d’enseignement universitaire, engagé politiquement depuis 2000, Sébastien Ménard est actuellement conseiller chargé de la stratégie au sein d’un moteur de recherche européen éthique et responsable.

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