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13H44 - vendredi 9 novembre 2018

Le graffeur Crey 132 honore le Bleuet de France et investit les Invalides pour commémorer le Centenaire de la Grande Guerre

 

Voici une initiative artistique qui rajeunit le Centenaire et l’itinérance mémorielle du 11 novembre : la décoration de la place des Invalides à Paris par une œuvre hommage du graffeur Crey 132, artiste issu du mouvement Grafitti, sur le Rond Point du bleuet de France (Invalides).

Qui sait parmi les milliers d’automobilistes et motards qui passent chaque jour sur ce Rond Point des Invalides qu’il porte le nom des Bleuets ? Car cette œuvre au sol est créée dans le cadre de la campagne de solidarité nationale du Bleuet de France.

 

Le Bleuet, couleur de France

Le Bleuet est la fleur du souvenir. Il est le symbole choisi pour illustrer la solidarité envers le monde combattant : il rappelle l’uniforme bleu horizon que les jeunes recrues, les « Bleuets », portaient en rejoignant leurs aînés, les « Poilus », sur les champs de bataille. Cette fleur poussait dans la boue des tranchées, seule note colorée dans un paysage dévasté avec le coquelicot. Enfin, le bleu est également une des couleurs de la Nation française, première couleur du drapeau tricolore.

L’histoire remonte précisément à 1925 lorsque Charlotte Malleterre, fille du commandant de l’Hôtel national des Invalides et Suzanne Leenhardt, infirmière major, créent un atelier à l’Institution nationale des Invalides (INI). Les pensionnaires y confectionnent des bleuets en tissu qu’ils vendent sur la voie publique, un moyen de leur fournir une occupation et une source de revenus.

Depuis, des campagnes d’appel aux dons ont lieu chaque 8 mai et 11 novembre en France, en Outre-mer, et à l’étranger. En 1991, l’association du Bleuet de France devient l’Œuvre nationale du Bleuet de France. L’ONACV (Office national des anciens combattants et victimes de guerre) la prend alors sous son aile et en assure depuis sa gestion et sa présidence. Cent ans après sa création, sa vocation perdure. Son champ d’intervention ne se limite plus aux soldats blessés lors des deux guerres mondiales mais prend en compte l’ensemble des conflits, des victimes de guerre aux pupilles de la Nation et aux victimes d’actes de terrorisme. Aujourd’hui, cette fleur incarne les valeurs de respect, de paix et de tolérance chères à l’ensemble de la communauté combattante.

 

La rencontre de personnes de cœur

Ce projet artistique est né de l’initiative conjointe de Rose-Marie Antoine, Directrice Générale de l’ONACV, de Geneviève Darrieussecq, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Armées, du Général Christophe de Saint Chamas, Gouverneur des Invalides et de Philippe Rosenpick associé du cabinet d’avocats Desfilis.

Pour la petite histoire (qui n’en a de petit que l’adjectif), le Général de Saint Chamas et Philippe Rosenpick se sont connus dans le cadre de leur engagement au sein de la Légion. Le Général de Saint Chamas a été commandant de la Légion étrangère et Philippe Rosenpick a effectué son service militaire au sein de la Légion en qualité d’officier, breveté au 2ème REP. Animés par les mêmes valeurs communes d’engagement, de solidarité, de partage et de fraternité, Philippe Rosenpick, au cours de son parcours professionnel et le Général, pendant qu’il commandait la Légion étrangère, ont organisé un certain nombre de conférences visant à rapprocher les univers civils et militaires autour de valeurs communes et des opérations de levée de fonds au profit des anciens de la Légion Etrangère.

L’art urbain, vecteur de jeunesse et de dynamisme, leur a paru à tous les deux comme le moyen d’expression idéal pour transmettre aux jeunes générations les valeurs représentées par le Bleuet de France, valeurs qu’ils partagent.

Les Légionnaires comme les street artists viennent de tous les horizons, représentent des dizaines de nationalités, tous sont engagés d’une manière ou d’une autre pour la cité. 

De gauche à droite, Crey 132, le Général de Saint Chamas et Maître Philippe Rosenpick.

C’est Philippe Rosenpick qui a suggéré le nom de Crey 132, graffeur reconnu de la scène française du graffiti. Talentueux, qualifié de « virtuose de la bombe » par l’avocat, il appartient à ce courant d’artistes dont les émotions s’expriment en interaction avec la cité, que ce soit pour l’embellir ou pour alerter sur ses dérives et ses dangers. Il a été lauréat du prix du graffiti co-organisé en 2017 par Philippe Rosenpick.

Crey 132 nous le confie : « avec cette création, j’ai voulu donner plus de vie au bleuet tout en me rapprochant de la fleur elle-même. De chaque côté, le bleu blanc rouge surgit en tache de peinture, comme si le drapeau français n’était pas totalement construit. A l’image de l’état de la société française car notre cité manque de cohésion et de valeurs. En même temps, j’espère avoir délivré un souffle d’espoir, notamment à tous ces anciens combattants, d’hier et d’aujourd’hui, qui ont souffert et souffrent dans leur chair, dans leur cœur et dans leur âme. »

Et l’artiste de conclure : « cette commémoration permet de remettre un peu d’ordre dans les choses en réunissant un général, un jeune, un avocat : oui, on peut faire des choses ensemble et c’est même de ces rencontres improbables et pourtant si normales que viendront les solutions pour bâtir le monde de demain ».

Belle œuvre d’un bleuet devenu tricolore à visiter absolument au cours du mois de novembre !

 

Michel Taube

 

Directeur de la publication

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