International
07H29 - lundi 1 octobre 2018

Le Sommet du G7 à Biarritz l’an prochain : pour une participation accrue des scientifiques. L’édito de Michel Taube

 

2019 ne sera pas que l’année des élections européennes. Sur le plan international, la France présidera le G7, Sommet des grandes puissances occidentales. Point d’orgue de l’année, Biarritz accueillera du 25 au 27 août un rendez-vous qui s’annonce comme l’un des grands moments du quinquennat d’Emmanuel Macron.

 

Le président de la République a annoncé la couleur dans son vibrant discours à l’Assemblée Générale des Nations Unies mardi 25 septembre. Appelant à la mobilisation générale pour sauver la planète et tenir les engagements de la COP21, Emmanuel Macron a clairement annoncé qu’il n’hésiterait pas à « chercher de nouvelles coalitions, de nouveaux formats » si certains (les Etats-Unis de Trump) s’obstinent dans leur aveuglement. Il a aussi précisé que le G7 de Biarritz sera plus particulièrement consacré à la lutte contre les inégalités.

Nous posions déjà la question en clôture du G7 au Canada en juin dernier : « Le G7 survivra-t-il aux nouvelles guerres froides qui secouent la planète ? » Avec une Russie exclue et les Etats-Unis qui n’hésitent pas à refuser de signer la Déclaration finale, on est en droit de se poser la question.

Des pistes sont ouvertes pour sauver la crédibilité de l’édifice. Le président Macron a commencé à en ébaucher les grandes lignes à New York.

Evoquons ici, avant d’aborder prochainement des solutions plus institutionnelles et géopolitiques, un premier axe : impliquer davantage les sociétés civiles et les associer à la gouvernance des enjeux de ce monde.

Cette gouvernance civile sera d’ailleurs le thème du Forum de Paris sur la paix qui se tiendra en marge du Centenaire de la Grande Guerre du 11 au 13 novembre dans la Grande Halle de la Villette.

Cet enjeu concerne aussi le G7 : les acteurs privés, que nous appelons souvent dans ces colonnes des « décideurs engagés » seront-ils davantage associés à Biarritz que simplement la réunion des chefs d’Etats autour d’une Déclaration finale qui souvent ressemble au mieux à une Charte de vœux pieux ?

Pourquoi ne pas y faire participer davantage les chefs d’entreprise ? Et, plus discrets mais non moins efficaces pour tracer le chemin et nous dire ce qu’il est possible d’envisager à moyen et long terme : les scientifiques ont toute leur place dans ces Sommets décisifs.

La résolution de défis planétaires comme le réchauffement climatique n’est-elle pas aussi une question de révolution technologique et de mobilisation des industriels et des acteurs privés et publics pour accélérer la mise en œuvre de ces sauts attendus ? Nous ne croyons pas que les changements de comportement individuels et collectifs suffiront à inverser la courbe des dérèglements climatiques. Il est malheureusement trop tard pour cela.

Nous pensons en revanche que des révolutions technologiques et industrielles majeures, paradigmatiques, énergétiques pour l’essentiel, sont possibles à moyen terme et pourraient seules changer la donne et entraîner enfin des changements de comportement des citoyens.

Mais cette révolution technologique qui est certes largement en marche mais qui avance à vue et sans vision suppose une meilleure fluidité entre les scientifiques, les entreprises et les politiques : souvent ils s’ignorent ou ne se comprennent pas.

Les présidents d’Académies des sciences à Ottawa en mai 2018. De Gauche à droite : Marina Koch-Krumrei (Allemagne), Kazuhiko Takeuchi (Japon), Giovanni Seminara (Italie), Kirsten Duncan (Canada, Ministre de la science), Chad Gaffield (Canada), Marcia McNutt (Etats-Unis), Sébastien Candel (France), Eric Wolff (Royaume-Uni).

 

En amont du G7, les Académies des sciences planchent chaque année sur des enjeux décisifs pour l’avenir mais l’on peut regretter que la plupart des Déclarations finales des précédents G7, par exemple celle du Sommet d’Ottawa, n’aient pas cité ces acteurs pourtant décisifs ni leurs contributions.

L’Académie des sciences, sous la conduite éclairée de son président Sébastien Candel, de son vice-président Pierre Corvol, ancien Administrateur du Collège de France et de Catherine Bréchignac, Secrétaire perpétuel de l’institution, a lancé les travaux préparatoires  à la réunion des Académies du G7 après avoir consulté  experts et entreprises sur les grands enjeux scientifiques et technologiques pour les faire remonter aux chefs de gouvernements sous forme de déclarations conjointes. Tant mieux.

Science participative, science hors les murs, science et confiance, intelligence artificielle seront quelques uns des thèmes sur lesquels les sept Académies des sciences plancheront donc dans les mois qui viennent.

Alors, comme à notre accoutumée, suggérons ceci : tout d’abord que la Déclaration finale s’appuie davantage sur les travaux préparatoires que mèneront d’ici août 2017 les Académies des sciences.

Proposons ensuite qu’à Biarritz Emmanuel Macron et ses homologues reçoivent en personne les Académies des sciences pour sceller un pacte d’engagement scientifique et politique dans la résolution des enjeux planétaires. Le président italien Sergio Mattarella avait reçu les Académies en 2017.

L’avenir de la planète mérite bien cette alliance et cette photo de famille élargie.

 

Michel Taube

 

 

Directeur de la publication

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