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12H48 - mardi 19 septembre 2017

Alep, de l’enfer à la renaissance

 

Il fut un temps où il suffisait de prononcer le nom d’Alep pour déjà partir en voyage.

Désormais, lorsqu’on évoque la deuxième ville de Syrie, ce sont les images d’une ville détruite et meurtrie qui surgissent, après quatre ans et demi d’un calvaire imposée par l’occupation de la ville par Daesh et les rebelles syriens, puis sa longue bataille pour sa libération en décembre 2016.

Il est loin le temps où l‘on pouvait s’imaginer faire de longues balades au cœur de sa vieille ville légendaire à la recherche du non moins célèbre « savon d’Alep ».

Carrefour de plusieurs routes commerciales entre la Méditerranée et l’Inde, depuis le IIème millénaire Av. JC, Alep a successivement été sous l’influence des Hittites, des Assyriens, des Arabes, des Mongols, des Mamelouks et des Ottomans.

Alep, dont les fortifications ont été édifiées après la victoire de Saladin contre les croisés, possédait une magnifique Citadelle du XIIème siècle qui surplombait des souks  regorgeant de trésors architecturaux comme la Mosquée des Omeyyades, la Madrasa Halawiyé du XIIème siècle intégrant des vestiges de la cathédrale chrétienne d’Alep, des palais, des caravansérails et Hammams du XVIIème siècle. Cet ensemble donnait un caractère harmonieux et unique à cette vieille ville. Il renfermait des activités historiques et traditionnelles liées au commerce et à l’artisanat qui constituaient un élément essentiel au maintien de la vie urbaine traditionnelle de cette cité.

Mais que reste-t-il aujourd’hui de toutes ces splendeurs après que la guerre civile syrienne débutée en 2011 soit venue tout anéantir ?

Devant l’étendue de tels dégâts, l’UNESCO, (organisme des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, dont la création remonte à 1945 après la seconde guerre mondiale), a décidé de réagir.

Le 19 janvier 2017 avait lieu une première mission d’urgence à Alep. L’Unesco déplorait alors l’immensité des dégâts. Il sont autant matériels qu’immatériels, tant la ville a été ravagée par les combats et les bombardements et les affres d’un siège qui força plus de deux millions d’Aleppins à fuir la ville.

S’en est suivi, le 9 mars 2017, une réunion de coordination internationale pour le redressement d’Alep lors de laquelle a été élaborée une stratégie de reconstruction autour de quelques principaux sites dont la Citadelle, la Madrasa Al-Sutaniya, la Mosquée des Omeyyades, le grand Caravansérail, ainsi que le souk de la ville antique.

La conférence mondiale des sciences humaines, sous l’égide de l’Unesco, qui s’est tenue,  du 6 au 12 Août dernier, dans la ville de Liège en Belgique, est ainsi venue rappeler que le rôle et les responsabilités des sciences humaines dans la société contemporaine sont essentiels face aux défis de notre planète en transition.

Alors que les Nations Unies évoquent le chiffre de 300 milliards de dollars nécessaire à la reconstruction du pays, rares sont les initiatives visant à mobiliser les Etats pour la reconstruction de la ville symbole du martyr des Syriens.

Nous sommes toujours confrontés à de nombreux défis. Concernant, en effet, la liste des sites du patrimoine mondial, nos efforts doivent portés sur un meilleur équilibre entre les sites européens et ceux d’autres parties du monde.

Nous devons aussi encourager l’engagement de la société civile, les ONG et les citoyens dans le processus de sélection, de promotion et de protection des sites. Car il est essentiel de protéger les sites répertoriés.

Enfin, nous devons poursuivre les efforts déjà entrepris pour préserver davantage les biens communs et universels qui font notre Humanité.

Le monde a beaucoup changé depuis la création en 1945 de l’Unesco. Il a d’ailleurs peut-être changé d’une manière plus rapide encore depuis le début du XXIème siècle.

Les défis auxquels nous sommes confrontés sont colossaux. La période de transformation profonde que nous vivons n’est pas sans menaces sérieuses.

Nous pouvons aussi, si nous le voulons, nous ouvrir, créer d’énormes opportunités afin d’engager notre monde commun dans une plus grande collaboration entre les nations, leurs peuples et leurs décideurs. 

Emmanuel Macron, lors de son premier grand discours en matière de politique étrangère, prononcé le 29 aout dernier, devant les 170 ambassadeurs français en poste à travers le monde et au sein des organisations intergouvernementales où la France siège, est venu rappeler que les centres de décisions mondiaux changent et mettent en exergue un nouvel ordre mondial.  

La crise syrienne, qui cristallise de manière exemplaire, hélas, l’inaction de la « Communauté internationale » offre un cas d’école de cette bascule stratégique. 

Il est ainsi souvent plus facile d’appréhender de manière inclusive et globale, l’avenir syrien dans la « modernité » et la relative jeunesse diplomatique des pays émergents post-soviétiques (à l’instar du processus d’Astana, sous parrainage russe, turc et iranien) qu’à travers les palais baroques de Vienne et ceux onusiens de Genève…

Cette nouvelle approche « transcontinentale », fait des 5 BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et de ses partenaires d’émergence réunis sous le nouveau concept de « Brics + » et de « Brics ++ », faisant du « P5 » des Brics, une « alternative » crédible à celle « multilatérale » qui régule l’échiquier mondial depuis 1945 au niveau du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Cette évidence est apparue lors du récent 9ème Sommet des Brics, tenu à Xiamen, en Chine). Se joue ainsi désormais un redécoupage de l’influence mondiale, qui voit des pays représentants 40% de la population mondiale et 50% de la croissance planétaire, exiger d’être partie prenante de la « Communauté internationale », qui, par bien des aspects, du reste, a failli à assurer paix et stabilité planétaire.

 Cette image est d’autant plus forte, que les institutions (ONU, OTAN, système de Bretton Woods – Banque mondiale, FMI) nées à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, ont comme la Société des Nations, montré leurs limites, après plus de 70 ans d’existence et doivent désormais se réinventer pour ne pas disparaître. 

L’Union Européenne doit, quant à elle, encore prouver, 60 ans après sa création, sa légitimité et son efficacité. Rien n’est plus vrai, aussi pour l’ONU, dans le cadre de la reconstruction comme de la réconciliation, en Syrie, plus qu’ailleurs…

Professeur de géopolitique et Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE)
Journaliste indépendante

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