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13H09 - mardi 26 juillet 2016

Petite géopolitique d’une passion terroriste

 

En 2016 nous aurons vu la montée des tueries les plus exotiques, car désormais le jihadisme a des petits concurrents. Un simple regard suffit d’éclairer la complexité, mais aussi l’inexorabilité, de cette tendance à tuer. Sans que la solution soit simple, il nous faut quand même admettre que le phénomène est désormais présent, et ne plus s’en étonner tous les jours. Les pensées et les efforts doivent se conjuguer. Voici un premier regard sur l’ère dans laquelle nous sommes entrés : l’ère de la passion barbare.

 

Massacre au Japon - Crédit photo : Carpkazu - Wikimedia Commons

Massacre au Japon – Crédit photo : Carpkazu – Wikimedia Commons

 

Les massacres terroristes sont nombreux : Afghanistan, Irak, Somalie, Allemagne, États-Unis, France, Japon. Il y en a surement d’autres plus petits, mais voilà où se déroulent les principaux massacres.

Dans le cas de l’Afghanistan (23 juillet 2016, 80 morts) et de l’Irak (11 mai 2016, 94 morts), en cette période de mai-juin-juillet, ce sont les chiites dans ces deux pays qui ont été visés par Daesh. 

En Somalie, les attaques sont jihadistes, mais généralement liées à la longue guerre civile et visent des cibles plus purement politiques et militaires. Passons sur une foule d’attentats qui ne s’arrêtent jamais au Pakistan et de plus en plus au Bangladesh. 

L’Allemagne est un cas plus surprenant : plusieurs attaques jihadistes à l’arme blanche ou à l’explosif, sur des personnes ordinaires et anonymes, puis l’attaque atypique par David Ali Sonboli. Ce dernier est un fils d’immigrés iraniens en Allemagne. Mais son esprit  n’est pas  du tout jihadiste, et j’oserai dire que nous sommes en présence d’un phénomène contraire. David Ali Sonboli était un adepte de Anders Breivik, le massacreur néo-nazi de 77 Norvégiens en 2011. A rapprocher peut-être d’une tradition iranienne d’attraction aux thèses nazies, car la mythologie de la supériorité aryenne a inspiré beaucoup de milieux intellectuels iraniens depuis les tout débuts du règne de la dynastie Pahlavi (1925-1979). Ces idées raciales ont également pénétré en Afghanistan, et même en Inde – partout où existe un courant «aryanisant». C’est un comble pour les Allemands qui, débarrassés du nazisme, voient un Iranien tirer sur des Allemands ordinaires au nom d’un Norvégien qui se r&clame du plus dangereux des Allemands (même si Hitler était Autrichien, mais le nazisme a également été une histoire autrichienne).

Aux États-Unis, les tueries jihadistes s’ajoutent à la tuerie de policiers par des noirs illuminés, et à la fréquente tuerie de jeunes noirs aux mains de la police. Pour l’heure, la paranoïa est diffuse, car les actes non-jihadistes sont presque aussi fréquents — quoique moins mortifères — que les actes jihadistes. On peut craindre une attaque néo-nazie, dont l’attentat d’Oklahoma City en 1995 serait le dernier avatar. 

 

Les Japonais connaissent bien le terrorisme

Le Japon est un cas à part, car le jihadisme n’y a pas fait son apparition, mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, les Japonais connaissent bien la violence aveugle. Certes, le tueur du 25 juillet n’avait aucune motivation politique, et il s’est lui-même rendu à la police après avoir discrètement assassiné au couteau quelques 19 handicapés mentaux dans le centre médical où il travaillait encore récemment. Le Japon a connu des actes individuels de massacres d’enfants ou d’innocents, sans but politique, sans discontinuer jusqu’à aujourd’hui. 

Si ce peuple insulaire connaît périodiquement des carnages absurdes, nul besoin de chercher loin pour trouver aussi le terrorisme politique : il s’agit de la secte Aum Shinrikyo de bouddhistes dévoyés apocalyptiques, tuant une vingtaine de personnes au moins dans des attentats dont le plus spectaculaire était le lâcher de gaz sarin dans le Métro de Tokyo en 1995. Cette secte comptait, et d’une certaine manière compte encore sous d’autres appellations et chapelles, 10 000 membres au Japon et facilement le double en Russie !

Avant eux, dans les années 70-80, il y avait l’Armée rouge japonaise qui mitrailla des passagers dans l’aéroport de Tel Aviv en 1972 (26 morts), pris d’assaut l’ambassade de France à la Haye en 1974 (sans morts), provoqua le crash d’un avion Vol 653 de la Malaysian Airlines tuant tous les passagers en 1977. En 1988, ils tuèrent 5 militaires américains dans la base de Naples. Le groupe était une pure structure terroriste, sans appui populaire. 

 

Une passion meurtrière du faible contre le fort va marquer ce siècle

 

Je n’ai pas parlé de la France, où en ce moment-même les actes jihadistes barbares se multiplient : chacun en sait suffisamment sur le déroulé factuel, qui évolue de jour en jour. Le meurtre de deux religieux catholiques près de Rouen endeuille à nouveau la France. Force est de constater que les mobiles pour massacrer sont désormais nombreux. Un virus, une passion, un idéal diabolique, se répand. Les psychologues et cliniciens auront leur mot à dire dans l’explication. Surtout, cela dure et pour le comprendre il faut saisir plusieurs choses : les jihadistes sont les plus avancés dans la pratique du meurtre nihiliste ; d’autres groupes l’ont pratiqué auparavant ; de nouveaux groupes vont s’y mettre. 

Notre civilisation est malade, et l’on peut guérir les maladies. Mais attention à ne pas trop se couvrir d’autoflagellation. La maladie n’est pas provoquée par chacun d’entre nous, ou alors à un degré si ténu qu’il ne sert à rien de culpabiliser. Il faut la regarder en face, et bloquer les possibilités d’agir des agents de la destruction qui sont désormais mobilisés : jihadistes, néo-nazis, d’autres bientôt. Leurs idées et leurs actes sont mauvais, dénaturés, pervers.

Puissent les nôtres être nobles, justes, efficaces et puissants.

 

Harold Hyman

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