International
12H59 - jeudi 7 juillet 2016

Le Sommet des Balkans à Paris : effort timide et vents contraires

 

Un sommet en début de semaine à Paris a réuni dix États (France, Allemagne, Autriche, Italie, Croatie, Slovénie, Bosnie, Monténégro, Albanie, Macédoine, Kosovo) autour d’un concept bien particulier: les Balkans occidentaux. La diplomatie française tente de naviguer au plus près contre le souffle d’anti-européanisme qui déferle en Europe, pour maintenir un peu d’enthousiasme européen dans cette zone. Les Balkaniques sont eux tous désireux d’entrer dans l’UE, qui elle n’a aucune envie de les recevoir tout de suite. Une quadrature du cercle, que François Hollande ne peut résoudre tout seul.

 

Sommet des Balkans, Paris 2016 © Présidence de la République - N. Bauer

Sommet des Balkans, Paris 2016 © Présidence de la République – N. Bauer

 

Le président de la République, qui était également le dirigeant hôte de ce somment, a vite rassuré tout le monde, en disant que les promesses faites aux Balkaniques seront préservées. Le projet européen est d’ailleurs, a-t-il rappelé, une entreprise visant à éviter les déchirements balkaniques, la guerre. Voilà pour la doxa: les Balkaniques restent aimés, et européens. 

 

Angela Merkel elle-même  était présente! Un grand honneur, et une marque d’intérêt flatteuse pour ce projet. En regardant les dirigeants balkaniques sortir de l’Élysée, délégation par délégation, on voyait un certain plaisir rayonner dans leur attitude: ils ont quand même  eu affaire aux vrais décideurs européens. Federica Mogherini, diplomate en chef de l’UE, est également venue. 

 

La jeunesse balkanique doit d’abord s’aimer 

Alors les réformes promises dans la déclaration finale, lue par François Hollande qui s’est dérobé à toute question de journaliste: état de droit, lutte contre le crime organisé, coopération régionale. Les États venus à Paris doivent y aboutir par leur propre volonté, les quatre États non-balkaniques de l’Union ne pourront le faire à leur place. Les quatre sont: France, Allemagne, Italie, Autriche. Pourquoi ceux-là? Parce que depuis deux ans, ce sont eux qui ont décidé de se pencher sur la question, aucun autre n’étant vraiment intéressé. 

 

Le sommet était l’occasion de signer la naissance de l’Office régional balkanique de coopération entre les jeunes (RYCO: Regional Youth Cooperation Organisation). Sur le modèle de l’OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse). Malheureusement, l’esprit balkanique ne sera jamais l’équivalent de l’esprit franco-allemand, les points de départ sont trop dissemblables: les Français et les Allemands ne voulaient plus d’une grande guerre, l’inimitié était soldée. Or entre Kosovars et Serbes, il n’y a rien de ce type. 

 

Dans les visions des puissances européennes — désormais cela désigne la France et l’Allemagne et parfois l’Italie quand elle veut — nous remarquerons ce tropisme qui consiste à favoriser le commerce et les infrastructures de transport afin de créer de la bonne volonté par-delà les frontières. L’on commerce ensemble, alors on ne peut plus se détester. Cette idée, sympathiquement désuète et si fréquemment contredite, est un simple mantra. Ainsi donc 450 millions d’euros iront à ces projets-là, dont un tiers viendra des fonds européens. Évidemment, en diplomatie intergouvernementale l’on trouve toujours des fonds. En national, c’est moins évident. 

 

Dans une belle suite d’idées, le président à parlé aussi d’un projet d’investissements verts, dans l’esprit de l’accord de Paris sur le Climat ! Les États balkaniques vont progresser vers un marché commun de l’énergie. Et l’œuvre française, c’est-à-dire les Accords de Paris sur le Climat de 2015, seront encore une fois mis à l’honneur. Toutes ces idées fonctionnent très bien sur le papier.

 

Là où la diplomatie aurait pu pousser vers l’avant, c’est sur le dossier entre la Serbie et le Kosovo. Les deux républiques ne se reconnaissent pas, le Kosovo ayant été détaché de la Serbie par la guerre de 1999-2000. La déclaration finale du Sommet ne mentionne pas ce différent. « Ce  n’est pas  le lieu idoine », dit un diplomate, ce qui repousse le problème au Conseil européen tout entier, et là l’Espagne ne veut pas reconnaître la République du Kosovo, donc rien ne sera fait pour que les deux États ennemis se rabibochent. 

 

Les migrants : pas un phénomène des Balkans occidentaux

Enfin, « les questions les plus difficiles » comme dit François Hollande : les migrations. Les États des Balkans ont beaucoup supporté les flux, nous les en remercions. Mais il nous faut des règles communes et claires. Agir ensemble contre les trafiquants. Le président est donc aimable, mais ni lui ni un autre gouvernant ne dira pourquoi la migration est la faute à ces sombres passeurs, criminels destructeurs d’humains. Les gens qui embarquent ne sont pas sans ignorer les dangers. Puisque l’aventure de la migration est illégale, les complices ne peuvent être que des criminels. La solution serait d’ôter aux migrants en devenir l’envie de migrer. Les Balkans n’étant pas spécialement une région d’immigration, je ne vois pas ce qu’ils ont à faire dans cette logique. 

 

Le  terrorisme, toujours lui

Le président à parlé de deuxième défi: la lutte contre le terrorisme. Il exhorte ces homologues à la Coopération opérationnelle dans ce domaine, car « si un pays fait défaut c’est l’ensemble qui est mis en difficulté ». Mais qu’est-ce que cela signifie? Lutter contre la radicalisation, et le départ des combattants. Or cela était déjà en train! Rien de neuf à signaler sur ce dossier.

 

En fait, le sommet de Paris est un « remake » du sommet de l’année dernière, à Vienne, les textes sont remarquablement semblables et vagues. « Il faut » ceci, « il faut » cela. Le président de conclure: la paix et l’Europe, la paix par l’Europe. Valeurs européennes de liberté, de justice, de tolérance, de droits de l’homme. Je suis d’accord, mais je reste sur ma faim.

 

Conclusion présidentielle: stabilité et sécurité dans les pays des Balkans, et que le processus continue. C’est sans doute ce qui compte le plus: la sécurité. Que les migrants soient captés dans les Balkans, que les Balkaniques restent chez eux (à l’exception des Croates et Slovènes qui sont déjà dans l’UE), et que l’on pourchasse les jihadistes. L’adhésion à l’UE, elle, devra attendre de longues années. 

 

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