International
15H07 - mercredi 6 juillet 2016

Annegret Kramp-Karrenbauer, l’Europe et le couple franco-allemand vus de la Sarre et de sa présidente

 
Crédit photo : Thomas Appert

Annegret Kramp-Karenbauer et Frédéric Sicard à la Maison du Barreau de Paris le 29 juin 2016 – Crédit photo : Thomas Appert

Invitée par le Bâtonnier de Paris, Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre – présidente du Land de Sarre, région voisine de la Lorraine, a répondu aux questions d’Opinion Internationale. Brexit, relation franco-allemande ou encore multiculturalisme, la patronne de la Sarre est une Européenne convaincue et ne s’en cache pas.

Si les résultats du vote britannique s’imposent en obstacle, Annegret Kramp-Karrenbauer estime que parfaire la construction de l’Europe est une nécessité. Dans un land ou près de 60% des élèves apprennent le français, la visite de Mme Kramp-Karrenbauer à Paris est un geste fort.

Ainsi qu’elle l’a indiqué lors de l’entretien accordé à Opinion Internationale, la réalité européenne prend une dimension très concrète dans les régions frontalières. L’Europe s’y vit plus qu’elle ne s’y commente, généralement pour la plus grande satisfaction des citoyens.

Cette femme politique allemande est également une des leaders de la CDU d’Angla Merkel et, comme la Chancelière, elle gouverne la Sarre dans le cadre d’une coalition avec le SPD dont seuls les Allemands ont le secret.

Les propos de AKK, comme on la surnomme, suscitent une réflexion politique : si la libre circulation des personnes en constitue le socle, des coopérations transrégionales plus approfondies contribuent à renforcer le sentiment européen mis à mal par le Brexit et d’autres initiatives portant atteinte à la libre circulation à l’intérieur des frontières de l’Union Européenne, sur fond de crise migratoire et/ou de lutte contre le terrorisme.

Le rétablissement des frontières internes sonnerait le glas d’une citoyenneté européenne balbutiante alors que le bon sens, le pragmatisme et la recherche de l’efficacité commanderaient de consolider les frontières externes de l’Union en mutualisant les moyens sur fonds communs. Mais les partisans d’une prétendue Europe des peuples – en réalité des nationalistes xénophobes aussi nombreux à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite – crieraient au fédéralisme, comme s’il s’agissait du pire des fléaux, alors qu’appliqué rationnellement et ponctuellement, comme savent si bien le faire nos amis allemands, il serait la solution à nombre de nos problèmes.

Certes, l’Union européenne est trop bureaucratique et abstraite. Certes, son fonctionnement démocratique laisse à désirer, les chefs d’état et de gouvernement étant de facto à l’origine des textes européens, comme s’ils se comportaient en législateur. Certes, les lobbies ont une influence détestable sur les organes de l’Union, en particulier dans des domaines touchant à la santé publique (les pesticides, les OGM…). Certes l’Union européenne n’a su lutter contre l’accroissement des inégalités et l’accaparement de fruits de la mondialisation par une petite minorité… Mais que serions-nous sans l’Union européenne, et peut-être sans l’Euro ? L’Union a inspiré de nombreux textes qui ont renforcé la protection des droits individuels, ceux du citoyen, du consommateur et du travailleur. Par exemple, tout le volet que notre droit du travail consacre à la discrimination n’est autre que la transposition dans le Code du travail d’une directive européenne. La première faute de l’Europe n’a-t-elle pas été, n’est-elle pas une mauvaise communication ?

La France et l’Allemagne ont toujours été le moteur de l’Europe. A priori, aucun Européen ne peut se réjouir du Brexit, en particulier les Britanniques en passe de regretter leur choix. Mais il renforce le rôle et la responsabilité des deux pays, désormais en charge de consolider l’Union et peut-être l’idée européenne, avant de s’atteler à son développement. Cet objectif passera assurément par une intense coopération transfrontalière qui pourrait aller jusqu’à la création de régions communes, dotées de compétences et d’un budget autonomes.

Directeur de l'IDP - Institut de Droit Pratique
Directeur de la publication

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