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10H21 - mercredi 8 juin 2016

Jérusalem, une sacrée ville

 

Tous les ans, le 28 iyar du calendrier hébraïque – dimanche 5 juin, cette année –, Israël fête Jérusalem. Jérusalem où les Juifs ont 2000 ans durant aspiré à se retrouver. Jérusalem, pierre d’achoppement de tous les processus de paix.

Crédit photo : Ron Almog, Wikimedia Commons

Crédit photo : Ron Almog, Wikimedia Commons

En février 1947, après vingt-sept années de présence en Palestine, le Royaume-Uni reconnaît avoir échoué dans sa mission de créer les conditions d’établissement d’un État juif et rend son mandat à l’Onu. L’UNSCOP, Commission spéciale des Nations unies pour la Palestine, est constituée en avril. Chargée d’élaborer une solution au conflit qui oppose depuis des années (déjà !) Juifs et Arabes dans la région, elle propose finalement la partition du territoire en deux États indépendants : un juif et un palestinien ; Jérusalem demeurant sous contrôle international. Après deux mois de discussions, son « plan de partage » est approuvé par les Nations unies. Mais les nations arabes rejetant cette résolution, la guerre éclate le lendemain pour s’amplifier encore, après la naissance proclamée de l’État d’Israël, le 14 mai 1948, par David Ben Gourion.

Au terme de la première de ces trop nombreuses guerres qui ont endeuillé la région, des accords d’armistice israélo-arabes sont signés en 1949. La ville de Jérusalem est alors coupée en deux : l’Ouest en Israël, et l’Est en Jordanie. Une autre guerre plus tard, celle dite des Six Jours, la ville est réunifiée sous contrôle israélien. Depuis cette unité ne cesse d’être disputée. Et même les accords d’Oslo, de 1993, n’ont su venir à bout de la question de son statut.

Ce n’est pas seulement cette Jérusalem, célèbre épine dans le pied de la paix internationale, qu’a fêtée dimanche Israël, mais aussi celle qui se réveille le matin, engourdie – comme toutes les villes du monde – sous les nuages ou le soleil. Parfois même sous la neige. Cette Jérusalem où travaillent, étudient, s’aiment, se quittent, se marient, dorment, veillent, jeûnent ou prient 870 000 âmes – âmes, oui : le mot est choisi. Musulmans, chrétiens, juifs, hommes, femmes – ou « entregenres » – blancs, noirs – ou entre aussi –, ultrareligieux ou impies. Cette Jérusalem antique, de plus de 4 000 ans, berceau des civilisations, et jeune de tous ses enfants, puisque 50 % de sa population ont moins de dix-huit ans. Cette Jérusalem qui l’an dernier a accueilli 23 320 bébés, humains tout court, car les bébés sont au-dessus de la notion de nation. La Jérusalem de la vie.

Dimanche dernier Jérusalem a donc été fêtée partout en Israël. Parmi les manifestations annuelles officielles, la marche des drapeaux, d’ouest en est à travers la ville jusqu’au mur des Lamentations, n’est pas consensuelle, peu s’en faut. En 2014, elle a même donné lieu à des rixes entre nationalistes israéliens et palestiniens. Aussi, en 2015, et à nouveau cette année, l’ONG israélienne Ir Amim (ville des peuples), dont l’objectif est « de rendre Jérusalem plus juste pour les Israéliens et les Palestiniens », a déposé une pétition auprès de la Cour suprême afin que le cortège contourne le quartier musulman. Les deux fois, la requête a été rejetée. Ils étaient finalement des milliers à participer dimanche au défilé sans qu’aucun incident violent n’ait été déploré.

Autre célébration marquante de cette journée, la commémoration annuelle des 4 000 Juifs éthiopiens morts de faim ou de maladie dans le désert du Soudan, entre novembre 1984 et janvier 1985, pendant l’opération Moses. Dans cette action coordonnée, le Mossad et la CIA avaient extrait 8 000 Juifs vers Israël via Bruxelles.  Mais d’autres avaient péri tentant de faire la route à pied ou juste en attendant leur tour. Cette année de jeunes Juifs issus de cette communauté ont marché en leur souvenir trente kilomètres de nuit jusqu’au mur des lamentations.

Mais comme Jérusalem est aussi, je l’ai évoqué, lieu et sujet de conflits, en marge de ces célébrations se sont tenus une multitude d’ateliers, discussions, prières interreligieuses, jam sessions ou spectacles autour de Jérusalem, l’acceptation d’autrui et la coexistence. Citons, parce qu’il faut bien choisir, la « rencontre amicale » entre un député du Likoud, fervent militant en faveur du droit des Juifs à prier sur l’Esplanade des mosquées, rabbi Yehuda Glick, et Yariv Openheimer, directeur général de la célèbre ONG israélienne Shalom Hachshav (La Paix maintenant), premier mouvement à promouvoir « la solution à deux États » au conflit israélo-palestinien. Des centaines de jeunes et moins jeunes étaient là pour les écouter débattre de la question brûlante : « Les Juifs ont-il le droit d’aller sur le mont du Temple (autre appellation de l’Esplanade des mosquées) ? » Parce que réfléchir ensemble est sans doute le meilleur moyen d’aboutir à la paix. Et que le combat pour la paix, nul ne veut, nul ne doit, l’abandonner jamais.

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