International
17H16 - jeudi 14 avril 2016

Le Kenya, partenaire zélé de la Chine contre Taïwan

 

Ces derniers jours, une affaire a ébranlé les relations entre trois pays : Chine populaire, Kenya, Taïwan. Plusieurs Taïwanais qui résidaient illégalement sur le territoire kenyan ont été arbitrairement extradés vers la Chine. Cette action qui pourrait être interprétée comme un geste « commercial » des autorités kenyanes en direction de la Chine risque d’envenimer les relations déjà tendues entre cette dernière et Taiwan.

Taiwan, il convient de le rappeler, officiellement République de Chine à Taiwan, est l’héritière de la Chine nationaliste qui a perdu la guerre civile contre les communistes de Mao Tsé-toung. Ces derniers ont pour leur part fondé la République populaire de Chine qui seule aujourd’hui bénéficie d’une reconnaissance diplomatique et siège comme membre permanent de l’Onu. Ni le Kenya ni la France n’accordent à Taiwan le statut d’État souverain.

Le Premier ministre chinois Li Keqiang et le président kenyan Uhuru Kenyatta : Crédit photo : AP

Le Premier ministre chinois Li Keqiang et le président kenyan Uhuru Kenyatta : Crédit photo : AP

En décembre 2014, on apprenait que 77 travailleurs illégaux d’origine chinoise, taïwanaise et thaïlandaise, avaient été arrêtés au Kenya. Tandis qu’ils prétendaient y être venus pour travailler dans le bâtiment, la police kenyane avait découvert dans leurs dortoirs une quantité importante de matériel électronique. Les autorités avaient donc soupçonné qu’il s’agissait d’un centre d’appel illégal ou même, pourquoi pas, d’espionnage. Après un an d’incarcération, les 77 travailleurs ont été acquittés. Mais avant même que la diplomatie de leurs pays respectifs puisse s’occuper de leur retour, 8 Taïwanais parmi eux étaient extradés vers la Chine populaire, où ils seront jugés.

En effet, si le Kenya a abandonné les charges contre eux, la Chine, elle, compte bien les juger. Et les accusations sont graves : ils se seraient prétendus agents des forces de l’ordre afin d’extorquer de l’argent à des familles dans neuf provinces chinoises. Les autorités chinoises affirment même que certaines victimes de cette escroquerie se seraient donné la mort suite à de lourdes pertes financières. Mais les Taïwanais nient en bloc ces accusations. L’enquête kenyane avait d’ailleurs abouti sur un non-lieu. Car si le groupe était lourdement équipé en matériel de télécommunications (ordinateurs portables, téléphones cellulaires,etc.), ils ne disposaient d’aucune connexion Internet, et la fouille des données saisies n’avaient apporté aucun élément de preuve quant à une escroquerie.

Quoi qu’il en soit, et même si ces ressortissants chinois, taïwanais et thaïlandais, résidaient illégalement sur le sol kenyan, cette opération relève clairement de l’excès de zèle. Le porte-parole des Affaires étrangères chinoises a d’ailleurs remercié le Kenya pour son respect du principe de la « Chine unique » (One-China Policy), qui nie toute existence formelle à l’État taïwanais sur la scène internationale. Depuis plusieurs années, de nombreuses entreprises chinoises sont présentes au Kenya pour construire, entre autres à Nairobi, la capitale, de nombreuses infrastructures : autoroutes, stade, gratte-ciels parmi les plus hauts d’Afrique… Et le Kenya n’est pas le premier pays africain à se montrer aussi coopératif avec le gouvernement chinois. La Chine populaire, contrairement à certains États occidentaux, n’impose aucune contrepartie en matière de respect des droits de l’homme lors des accords commerciaux.

Ainsi est-elle une partenaire privilégiée de plusieurs pays d’Afrique. En 2008, elle était suspectée d’avoir fourni en armes le régime du dictateur du Zimbabwe, Robert Mugabe. Elle aurait également aidé militairement le gouvernement soudanais lors de la crise du Darfour. Quant à l’Afrique du Sud, autre allié économique majeur de la Chine, elle avait en 2011 interdit une visite du Dalaï-Lama.

Cet épisode complique encore les relations entre Taiwan et la Chine. Il contredit d’ailleurs un accord de coopération judiciaire passé en 2009 entre les deux pays, qui avait fait ses preuves jusqu’ici. Il s’agissait justement dans ce genre de situations que chacun restitue à l’autre ses citoyens respectifs. Les relations entre les frères ennemis semblaient pourtant s’améliorer depuis que la Chine populaire avait annoncé en juin dernier vouloir alléger les conditions de déplacement entre Taiwan et le continent, permettant aux nombreux Taïwanais travaillant en Chine continentale de circuler plus librement.

 

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