Opinion Sport
14H49 - lundi 4 avril 2016

Sidney Broutinovski : « On est la référence en terme de formation d’agents »

 

L’École des agents de joueurs de football vient de monter une cinquième antenne en France à Nantes après Paris, Marseille, Lyon et Lille.

Entretien avec Sidney Broutinovski, son fondateur.

 

Sidney Broutinovski - Fondateur et Directeur Général EAJF - Crédit photo : EAJF (c)

Sidney Broutinovski – Fondateur et Directeur Général EAJF – Crédit photo : EAJF (c)

 

Pourquoi avoir décidé, il y a sept ans, de créer une école d’agents de joueurs ? La profession n’était-elle pas assez réglementée ou répondiez-vous là à une forte demande ?

La profession a toujours été réglementée en France, mais les joueurs et les familles demandaient plus de traçabilité au niveau de l’agent. Nous avons établi un constat simple : les personnes qui ont envie de devenir agent doivent être formées. On ne peut pas gérer des vies humaines sans avoir réellement suivi de formation et sans connaître « l’écosystème » de la profession. Pour devenir un jour Mino Raiola ou Jorge Mendes, il faut comprendre l’univers dans lequel on va évoluer et aussi du temps.

L’EAJF prépare au concours national de la Fédération française de football : le taux de réussite à ce concours (moins de 20 %) est-il plus élevé pour les élèves qui sont passés par votre structure ?

C’est une évidence, quand on est formés on a plus de chances. Beaucoup de gens font l’amalgame entre connaître le football et passer l’examen. Certains de nos étudiants ne prennent pas conscience de la difficulté de la formation. Ils imaginent gagner un ticket d’Euromillions…

Quel est le profil des élèves qui passent par l’EAJF ? Y-a-t-il d’anciens footballeurs ?

Oui, mais aussi des fils d’entraîneurs, des frères de joueurs, des chefs d’entreprise, et de plus en plus de femmes. C’est l’aspect entrepreneurial : on monte son entreprise et on la fait évoluer.

Le métier a longtemps été considéré comme un « miroir aux alouettes » : la traçabilité récente à laquelle vous faites référence est-elle appliquée dans d’autres pays ?

Aujourd’hui, on assiste à une dérèglementation de la profession à travers la monde, à cause d’une circulaire de la Fédération internationale de Football signée par une personne inculpée par la justice (Ndr : Jérôme Valcke, l’ex-numéro 2 de la Fifa). Seule la France a mis en place un examen pour obtenir la licence. Dans les autres pays, il faut s’enregistrer auprès de sa fédération. C’est un système hypocrite, les nouveaux intermédiaires ne travailleront sans doute jamais, simplement parce qu’ils n’ont pas eu leur licence sous « l’ancien régime ». En prenant cette décision, la Fifa a voulu se délester d’un poids administratif.

Vous dites que certains footballeurs âgés de douze ans ont déjà un agent, en Espagne par exemple : est-ce légal ?

Oui, on peut même représenter un joueur de dix ans : les tuteurs légaux doivent signer, et une clause stipule la non-rémunération. C’est un mandat de 24 mois sans reconduction tacite. Mais on n’est jamais à l’abri de joueurs non protégés, même si c’est de plus en plus compliqué de tricher. Il y a plus de traçabilité grâce au système Tracfin sur le paiement des commissions des agents. Mais je rappelle que c’est aux instances de faire la police, pas aux agents.

Le droit est certainement la matière la plus enseignée pour devenir agent de joueurs, mais l’art de la négociation (avec les clubs) n’est pas à négliger : est-ce à dire qu’il faut être à la fois un bon avocat et un bon commercial ?

L’examen comporte deux parties dont le droit ; si on n’obtient pas la note de 10 à la première, on ne peut pas passer la deuxième partie. Aucun agent ne se prétend avocat mais il peut comprendre un contrat. On gère des vies humaines, pas des produits marketing, en revanche on ne peut nier que la profession a forcément un but commercial.

Après Paris, Marseille, Lyon et Lille, vous venez d’ouvrir une école à Nantes, d’autres ouvertures sont-elles prévues, y compris en dehors de l’hexagone ?

On a été sollicités par l’Italie. Ils souhaitent créer un encadrement avec formation obligatoire. On veut donc les accompagner sur un programme pédagogique, mais cela prend du temps. Sur la France, il nous manque Bordeaux pour quadriller le territoire mais on n’est pas pressés, on agit en fonction des demandes. Nous en avons reçu de beaucoup d’étudiants de « la région bretonne », et c’est naturellement qu’on a ouvert à Nantes.

Comment expliquer l’excellente réputation de votre établissement ?

On a une exposition médiatique importante, moi-même j’interviens sur différents plateaux télé, le relais médiatique prend. On parle souvent de nous en bien, on est la référence en terme de formation d’agents. L’enseignement a lieu dans les stades, les professeurs sont des professionnels du monde du football (je pense notamment à Badou Sambagué qui représente le joueur rennais Ousmane Dembelé), et il s’agit plus d’une transmission de connaissance que de cours magistraux. Être agent, ce n’est plus faire partie d’une profession marginale, c’est intégrer un métier indispensable au développement du foot business. Les clubs aussi ont pris conscience de l’importance de traiter avec des agents mieux organisés et plus pointus au niveau juridique. Et avoir de bonnes relations avec les agents, c’est aussi garder un œil sur son vestiaire…

 

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